Le lundi 27 juillet 1795 à Nogent-le-Républicain : tentative de libérer un « anarchiste ».
Le lundi 27 juillet 1795 à Nogent-le-Républicain : tentative de libérer un « anarchiste ».
Le lundi 27 juillet 1795, soit le 9 thermidor an III, jour de la mûre selon le calendrier révolutionnaire, la municipalité de Nogent-le-Républicain/Rotrou tenait une seule délibération.
- Le conseil général prenait connaissance d’une pétition des frères Bassière adressée à l’administration du district. Cette dernière demandait à la municipalité de donner son avis sur la demande formulée dans ladite réclamation. Cette dernière visait à obtenir la libération d’un de leur frère emprisonné sous prétexte de s’occuper de la succession de leur père commun. La commune rejetait la requête avançant que le prisonnier en question pouvait fort bien s’employer à régler la succession du défunt depuis la maison d’arrêt de Nogent en usant de fondé de pouvoirs mais elle déclarait également qu’elle n’avait aucune connaissance des causes ayant pu déterminer l’emprisonnement dudit citoyen. La demande des frères Bassière n’était peut-être qu’un faux prétexte visant à faire libérer leur parent incarcéré comme « anarchiste » le 16 avril 1795[1] en fonction d’un arrêté du représentant en mission Bernier[2] (voir la séance du 27 germinal an III/16 avril 1795 ici) cependant son emprisonnement ne semblait pas fondé si l’on suit les conclusions du bureau de sûreté et de la municipalité.
«aujourd’hui neuf P.[ ?][3]thermidor troisieme année delaRépublique Francaise une Ɛt indivisible
Ɛn l’aSsemblée Permanentedu conseil généraldela commune de Nogent lerotrou tenüe Publiquement
leProcureur dela commune a donné lecture d`unePétition Faite Par lescitoyens Bassiere ainé Ɛtjeune habitans de cette cité, aux administrateurs de cedistrict Ɛt Par icelle renvoyée au Conseilgeneral de cettecommune Pour donner Son avis, laquelle Pétition éxpositive que l’elargissement Provisoir deleur Frere detenú en la maison d arret de cette commune Pour concourir avecƐux au Reglement dela Succession de leur pèrecommun[4]&c &c Réquerant ledit Procureur dela Commune l’avis du conseil Sur icelle demande audesir deladministration dedistrict
leconseilgenéral aPres l’ecture Prise 1.° dela Petition desdits
[En marge feuillet 55 recto : ]
BaSsiere lej.e
rèponse aSa pétition ]
BaSsiere : 2.° du Certificat dela Commission etablie en cette Commune Par arreté du Representant du peuple Bernier du trente Floreal dernier[5]attestant qu’il ne lui est parvenú aucune dénonciation contreledit BaSsiere 3.° del’arretédu district du Sept du courant[6] Portant que leconseil genéral delacommune donnera Ses obServations Sur l’objet deladittePétition, Sur l’avis du Bureau de Surete Ɛt FeraPaSser en outre toust les documens quilpeut avoir Sur les motifs de detention du Citoyen BaSsiere.
Ɛstime que lecitoyen BaSsiere Pouvant concourir au Réglêment delaSuccession desonPere Par le ministere Fondé dePouvoirs, il n’est Point indispensable delui accorder Sa liberté Provisoire.
Ɛt déclare quil n’a aucune obServation a Faire Sur l’avis du Bureaude SuretéƐtqu il n’a aucune Connoissance des CausesƐt motifsqui ont déterminé le citoyenBernierReprésentantdu Peuple á arreter quele citoyen BaSsiere Fut mis en Ɛtat d’arrestation.
Arrete qu’expedition du Présent repondú Sera joint aladittepetition Ɛt adressé al’administration de district pour etre ensuite Statué cequil aPPartiendra : dont acte.
Marcheppe Fergon Chevrel
maire
// Goislard
mauvrance[7] ferèBacle Desnoyer Noblet
Courtin L ferré
Le Boucq DeshaỷeS Bisson
Prudent Dennemontigny Boisard Lainé
Renéfrançoisgoust»[8]
[1]Il devait s’agir de Francois Joseph Bassiere le jeune marchand « fayancier » qui apparaissait sur liste des citoyens à désarmer en cinquième position.
[2] Remarquons que l’arrêté du représentant en mission parlait de désarmement et non d’emprisonnement. Du coup on peut penser que la répression contre les tenants du « régime de l’an II » avait été plus sévère que ce que nous pensions jusqu’à présent. D’autant que le certificat de la commission établie afin de poursuivre les abus affirmait (voir second document cité dans la délibération municipale) qu’aucune dénonciation ne lui était parvenue concernant le prisonnier dont il s’agissait dans la pétition.
[3] Abréviation qui semble incongrue :
[5] Il s’agit du bureau dont la mise en place avait été enregistrée par la municipalité lors de sa séance du 9 juin 1795 en conséquence d’un arrêté du représentant en mission Bernier en date du 19 mai précédent et en application d’une loi du 10 mai 1795. Ce bureau, ou commission comme il est dit ici, était composé de 5 citoyens dont le maire de Nogent, le citoyen Fergon, Gabriel Salmon officier municipal, Bisson, notable, et Pierre Lequette procureur de la commune, le dernier membre étant le juge de paix du canton Emmanuel René Pinceloup (voir la séance du 9 juin 1795 ici).
[6] 7 thermidor an III, soit le samedi 25 juillet 1795.
[7] Lecture peu assurée d’autant que ce nom ne figure pas dans la liste des membres désignés de la nouvelle municipalité. Peut-être s’agit-il du citoyen Maugrange autrement-dit Malgrange, notaire.
[8] Archives municipales de Nogent-le-Rotrou, 1 D3.