Jacques Pierre Michel Chasles ( 34 ) : maire de Nogent-le-Rotrou, conventionel, Montagnard, prêtre défroqué...
Chasles aux Invalides ( 1795 – printemps 1796 ).
Libéré, Chasles fut admis aux Invalides avec le grade de chef de brigade ( soit colonel ). Le médecin des Invalides confirmait, le 12 frimaire an IV ( 3 décembre 1795 ), que la jambe de Chasles était définitivement perdue.
Il était toujours soumis à une surveillance attentive de la police, le 26 frimaire an IV ( 17 décembre 1795 ) un rapport de police prétendait même qu’il était toujours le rédacteur de l’Ami du peuple[1]. On ne prête qu’aux riches dit le dicton, ce qui lui arriva encore en ventôse an IV ( mars 1796 ), on le soupçonnait alors d’être le rédacteur anonyme du journal L’éclaireur. Le 26 de ce mois ( 16 mars 1796 ), un juge de paix perquisitionnait chez lui, en vain[2]. Il resta en résidence surveillée quelques jours cependant. On retrouve de échos de ces rumeurs dans le pamphlet de E. B. Courtois Réponse aux détracteur du 9 thermidor, l’an II déjà évoqué :
« En attendant l’émigration, qui sera notre dernière ressource, essayons, a dit Babeuf, si nous ne pourrions pas produire encore quelque petit soulèvement. » L’ardent Antonelle, aussi ferme que le sacristain Boisrude, a fait chorus sur ce propos, et Châles l’éclaireur leur a vite offert sa lanterne pour chercher des hommes. « Adressons-nous aux morts », a repris Babeuf. « Oui, a dit Antonelle : j’ai, pour ma part, trop bien mérité d’eux pour que, tout morts qu’ils sont, ils me refusent quelque chose. De toutes les figures, la prosopopée est la plus sûre pour l’effet ; faisons donc parler les morts ». – « Je me charge de l’invocation », dit l’éclaireur.- « Moi, de l’évocation », dit le tribun. Et, sur ce, Robespierre est évoqué des enfers….. »[3]
En germinal, le directoire lui proposa un poste de commandant dans la Gironde et un poste de général de brigade qu’il refusa[4]. Par fidélité à ses principes, sans doute aussi parce qu’il s’apprêtait à se marier.
[1] Paris pendant la réaction thermidorienne, vol.2, pp.519.
[2] A N, F7. 7114, dos. B. 7587.
[3] E.- B. Courtois, Réponse aux détracteurs du 9 thermidor de l'an II,Paris, ( floréal ) an IV, p. 7.
[4] PICHOIS, DAUTRY. Le conventionnel Chasles et ses idées démocratiques. Aix-en-Provence : éditions Ophrys, 1958. P. 99-100.