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La Révolution Française à Nogent le Rotrou

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La Révolution Française à Nogent le Rotrou
  • Nogent-le-Rotrou et son district durant la Révolution française avec des incursions dans les zones voisines ( Sarthe, Orne, Loir-et-Cher voire Loiret ). L'angle d'attaque des études privilégie les mouvements sociaux et les archives locales et départemental
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23 février 2016

Jacques Pierre Michel Chasles ( 13 ) : maire de Nogent-le-Rotrou, conventionel, Montagnard, prêtre défroqué...

Chasles : interventions à propos de la surveillance des suspects.

Comme tous les conventionnels, quelques fussent leurs options politiques, un des soucis les plus constants de Chasles portait sur la surveillance des suspects. En effet, bien avant le renversement du roi en août 1792, est ressentie vivement, tant dans les assemblées que parmi la population, le besoin de  déjouer la réaction[1]. D’ailleurs cette préoccupation  de surveiller les opposants perdurera au-delà de thermidor an II[2].  Si la définition légale du concept de suspect fut établie le 17 septembre 1793, dans un rapport présenté au nom du Comité de législation par Merlin de Douai, cette notion s’insérait dans un ensemble de mesures législatives préexistantes, elle ne constituait en aucun cas une rupture, à tel point que ce rapport ne provoqua aucune réaction au sein de la convention. Il y eut cependant bien  mutation d’une lutte contre des adversaires déclarés au cours des événements à celle contre des opposants présupposés.

Pour Chasles qui se réclamait ouvertement de Marat, ce souci fut  sans doute une de ses  préoccupations constantes.

1. Le 29 avril 1793, au cours du débat, à la Convention, sur l’organisation du tribunal révolutionnaire[3].

6 Suspects image 1

 

Ce jour-là, Chasles s’opposait à un membre de ce tribunal qui se  présenta pour rappeler à l’assemblée que l’actuel tribunal devait être renouvelé le 1er  [ avril ], et comme les nouveaux jurés envoyés par les départements ne pouvaient être à Paris avant cette date, il demandait que le tribunal fut autorisé à continuer ses fonctions et demanda que le comité de législation présentât le mode d’après lequel les départements pourraient  concourir à la formation de ce tribunal :

" Châles. Le tribunal extraordinaire sur lequel on n’élève des soupçons que parce qu’il poursuit avec vigueur les aristocrates de tous les genres, s’occupe d’objets de sûreté publique ; ainsi, ce n’est pas au comité de législation qu’il faut renvoyer les propositions qui vous sont faites, mais au comité de Salut public. Je m’oppose d’ailleurs à ce que le comité de législation soit chargé du complément de loi que vous a proposé Buzot, parce que ce comité n’a point rempli jusqu’à présent le vœu des patriotes. »[4]

Buzot avait proposé que la Convention nommât de nouveaux jurés.  A travers Buzot, Chasles s’inscrivait dans la lutte qui opposait de plus en plus vivement les montagnards aux girondins dont Buzot était un des principaux représentants. La discussion qui s’ensuivit fut extrêmement animée. Finalement la Convention rejeta la proposition de Buzot et adopta celle de Thuriot : maintenir le tribunal jusqu’à l’arrivée des jurés désignés par les départements. 

Le même jour, Chasles revenait sur cette séance à la Société des jacobins : « Hier, par un pressentiment très particulier, nous disions : « La séance de demain sera très orageuse ; nous ne savons pas ce qui se passera, mais il y aura du bruit. » Je me présentai à dix heures précises ; la porte était fermée ; la sentinelle me dit que la séance n’était pas commencée ; j’ouvris la porte et je fus convaincu du contraire. Louvet, Buzot et Barbaroux étaient déjà à leur poste. Buzot fit une jérémiade sur le Tribunal révolutionnaire ; il s’apitoya sur le sort des sans-culottes que ce Tribunal avait condamnés à mort. On lui répondit, et nos réponses ne parurent pas satisfaisantes au côté droit, qui était en force. Heureusement Thuriot arriva, et la victoire se déclara pour nous. Cette séance est une des plus belles qui aient encore lieu, car les scélérats sont démasqués de manière à ne pouvoir plus tromper les départements.[…] »[5]

2. Quelques jours auparavant, 28 avril  1793, Chasles prit brièvement la parole dans un débat portant sur les déserteurs étrangers.

Rühl était intervenu pour signaler la présence de déserteurs prussiens et autrichiens qui faisaient de la propagande contre la révolution dans les départements de langue allemande. Il demanda que l’on «  se saisisse de ces prétendus déserteurs ». Thirion monta à la tribune ensuite pour dénoncer également ces « déserteurs ». Chasles prit la parole dans le même sens et demanda « le rapport du décret sur les gratification du déserteur. »[6]

Après un débat bref la Convention adopta la proposition du président, Lasource,  que, sous les deux jours, le comité de la guerre fût chargé de proposer les moyens d’utiliser utilement et sans danger ces déserteurs.

3. La méfiance de Chasles vis-à-vis des militaires et notamment à l’encontre des gradés s’exprima à plusieurs reprises bien avant sa grande mission à l’armée du Nord à partir d’août 1793.

3.1. Ainsi dès le 1er décembre 1792, alors que Manuel[7] demandait que la convention envoyât une adresse de félicitation au général Dumouriez[8], Chasles intervint  pour que la convention rédigeât non pas une adresse de félicitation au général Dumouriez mais à toutes les armées, adresse intitulée : « La Convention nationale aux armées françaises. » Proposition que l’assemblée adopta[9]. Il s’agissait pour Chasles, démocrate sourcilleux,  de pointer que les généraux n’étaient pas plus à glorifier que les hommes de troupes.

Le  13 mars 1793, il  intervint, à la Convention, contre le général d’Harambure. Ce jour-là, Isnard, secrétaire, lut une lettre de  Couturier, Dentzel et Ferry, commissaires de la Convention dans les départements de la Meurthe, de la Moselle et du Bas-Rhin dans laquelle ils annonçaient qu’ils avaient destitué le général d’Harambure. Dans leur arrêté, ils accusaient ce dernier d’avoir envoyé à la municipalité de Neuf – Brisach une lettre de Monsieur[10], se disant régent de France, pour y être inséré dans le registre de cette commune. Thuriot demanda que le général fut décrété d’accusation. Chasles prit la parole pour soutenir sa proposition : « Je connais beaucoup d’Hambure, et je sais qu’en 1789 il était intimement lié avec les contre-révolutionnaires, et qu’il entretient encore une correspondance avec le ci-devant évêque d’Arras. Je demande donc le décret d’accusation. »[11] La Convention prononça un décret d’accusation contre le général d’Hambure[12].

3.2. Le 24 avril 1793, tout juste revenu de sa mission dans les départements de Seine-et-Oise et d’Eure-et- Loir pour l’organisation du recrutement des 300 00 hommes, il monta à la tribune de la Convention pour prendre la défense du bataillon d’Eure-et-Loir envoyé combattre les insurgés « vendéens », bataillon mis en cause par  l’administration du département du Maine-et-Loire, ce qui lui permit d’accuser à son tour le général Berruyer.

Berruyer image 2Mellinet, secrétaire, fit la  lecture d’un lettre des administrateurs du Maine – et – Loire dans laquelle ils donnaient quelques renseignements sur la situation militaire dans leur département et dans laquelle ils déploraient les désordres auxquels se livraient les troupes mobilisées pour lutter contre les insurgés : « Une partie de l’armée, disent – ils, se livrent au pillage, au viol, à l’incendie. »  Un bref débat s’en suivit au cours duquel intervinrent d’abord Carrat puis Chasles :

  « La lettre des administrateurs de Mayenne – et- Loire ne contient rien dont je ne sois instruit ; je sais que nos généraux, surtout ceux qui commandent dans l’intérieur de la République, ont besoins de la plus grande confiance ; mais il n’y a rien de si atroce que de déclamer dans une lettre officielle contre des bataillons qui, d’un mouvement spontané, se sont portés à la défense de leurs frères. J’atteste qu’en moins de 36 heures, le département d’Eure – et – Loir a rassemblé un bataillon, de la cavalerie et de l’artillerie. Arrivé à Angers, ce bataillon a reçu des habitants de cette ville, je le dis avec douleur, l’accueil le plus froid. Les administrateurs ont refusé pendant plusieurs jours de communiquer avec le procureur – syndic du département d’Eure – et – Loir, qui voulait savoir où il fallait aller. Quant au général Berruyer, jamais général n’a affiché un luxe aussi insolent, et l’on n’apparaissait devant lui qu’en pliant le genou. Je suis surpris que nos deux collègues, Choudieu et Richard, qui étaient auprès de lui, n’aient pas su le rappeler à la modestie. Le bataillon d’Eure – et  - Loir ayant attendu plusieurs jours sans pouvoir obtenir de réponse, ni du général, ni des administrateurs ; fatigué de se voir ainsi repousser, occasionna dans la ville un léger mouvement. Alors un de nos collègues a fait une proclamation assez insignifiante, portant que les volontaires du bataillons d’Eure – et – Loir devaient compter qu’ils n’étaient en ce pays que pour quelques jours. Mais ce qui a les plus découragé nos braves volontaires, ce fut de voir auprès du général Berruyer un ci-devant baron Menou, à qui il a échappé de dire que nous n’aurions jamais de succès, tant que les officiers ne seraient pas choisis par les chefs supérieurs. Je demande le renvoi au comité de sûreté général, de la lettre des administrateurs du département de Mayenne – et – Loire, dont la conduite doit être sévèrement examinée. »[13]

La Convention  décida de renvoyer la lettre au comité de Salut public, qu’elle chargea de présenter le lendemain les mesures prises pour rétablir la paix dans les départements qu’occupaient les révoltés.

Deux jours plus tard, le 26 avril 1793, Chasles évoquait cette affaire à la tribune du Club des Jacobins : , il y « […] accuse les généraux qui dirigent les forces de la République contre les vendéens. Le ci-devant baron Menou a dit qu’il désespérait du salut de la République, parce que les officiers étaient nommés par les soldats. Berruyer ne songe qu’à boire, à manger et à s’amuser. »[14]

Cette affaire rebondit, à la Convention, le 1er mai suivant. Goupilleau, à qui la Convention avait ordonné de rejoindre le Maine – et – Loire, depuis le département d’Indre – et – Loire où il était en mission, pour seconder Choudieu et Richard dans leur mission, demandait à la Convention de ne prêter foi aux « calomnies » proférées par Chasles contre le général Berruyer et Menou.  Chasles se justifia assez longuement. A la fin de son intervention il ajoutait : « Je n’ai que quelques mots à ajouter. Le procureur général syndic du département d’Eure – et – Loire [ sic ]  s’appelle Barras[15]; comme ce nom offre une espèce de consonnance [ sic ] avec Marat, on n’a point voulu communiquer avec les volontaires du bataillon d’Eure – et – Loire [ sic ]  qu’on soupçonnait d’être des maratistes, parce que le procureur général syndic Barras était leur chef. »[16]

La Convention renvoya toutes ces explications au comité de Salut public. Ce dernier avait rappelé Berruyer à Paris pour rendre compte de sa conduite par un arrêté du  28 avril [17] et l’entendit le 1er mai 1793 (Voir la transcription de la séance de la Convention en annexe à la fin de cet article. ) sans donner  suite à cette affaire[18] .  Cependant Chasles ne s’avouait pas vaincu et contre-attaquait à la tribune des jacobins, le 6 mai 1793, il dénonçait les risques dans l’ouest de la France d’une insurrection fédéraliste renforcée par le royalisme : « Châles rappelle qu’il a le premier dénoncé les complots contre-révolutionnaires. Il déclare qu’il craint qu’on ne tombe «  au fédéralisme et ensuite au royalisme ». Il affirme que les départements de la ci-devant Normandie sont coalisés, et que la ci-devant Bretagne  va se réunir à la ci-devant Normandie pour organiser une armée, sous prétexte de repousser les Anglais. Il propose que le Comité de correspondance demande des explications au général Berruyer. Adopté. »[19]

Le 8 mai, toujours à la Société des jacobins, «  Le général Berruyer répond aux accusations de Châles et de Maras[20], procureur général syndic du département d’Eure-et-Loir, tous deux présents à la séance : 1° s’il n’a pas  correspondu avec les corps administratifs,  c’est qu’il voulait que les mesures prises par lui fussent tenues secrètes ; 2° il n’a jamais eu trois voitures et quatorze adjudants, comme on le lui reproche ; «  trois chevaux, un palefrenier, un seul domestique, tel a été le luxe du général. […]»[21] Prieur de la Marne favorable à Berruyer et Thuriot le défendirent disant, entre autres choses : « […] Soyons en garde contre Maras ; il était l’ami de Petion. D’ailleurs tous les fait qu’il a articulés sont étrangers au général Berruyer , et je vais le prouver. » L’orateur est interrompu par le tumulte, qui étouffe sa voix pendant près d’une demi-heure ; cependant il parvient à réfuter les reproches dirigés contre Berruyer, malgré les interruptions fréquentes de Châles, qui s’élance à la tribune et déclare être muni d’une lettre qui lui paraît prouver la trahison de Berruyer. Thuriot lui reproche de n’avoir pas déposé cette pièce au Comité de sûreté générale. Châles, sans répondre à ce reproche, dit qu’il est à la suite d’une grande conspiration, et que le projet des traîtres est de faire aller la révolte jusqu’à Tours ; et alors, au moyen d’un mouvement qu’ils exciteraient à Paris, une partie de la Convention se rendrait à Tours, et les insurgés formeraient sa garde départementale. Châles finit par convenir que la lettre qui lui fait pressentir ce complot, et qui lui est adressée par une personne qu’il ne connaît pas, ne contient aucun fait personnel à Berruyer.  « On m’a reproché, ajoute-t-il, d’être prêtre ; je m’applaudis d’avoir été prêtre, parce qu’en vivant avec eux, c’est-à-dire avec tout ce qu’il y a de plus corrompu dans l’univers, j’ai appris à mépriser et à combattre les scélérats qu’on nomme prêtres. »[22] Ceci ne l’empêcha pas de protester contre l’emploi de l’expression de « justification de Berruyer » à la lecture du procès-verbal de cette séance le lendemain : « Si ce général n’est pas coupable, dit-il, il est au moins un imbécile. » La Société nomma des commissaires pour examiner les chefs d’accusation intentés contre Berruyer. Thuriot, Châles, Marat[23] et deux autres membres furent choisis. Marat ajoutant : «. – Berruyer aura dans Thuriot un défenseur, mais il trouvera en moi un antagoniste incorruptible. Je demande d’abord en vertu de quels ordres Berruyer est à Paris et a quitté son poste. Les généraux de la Vendée sont très coupables ; ils ont abandonné aux ennemis les magasins de vivres et de fourrages. »[24] En fait, comme nous l’avons signalé précédemment,  le général avait été rappelé à Paris pour rendre compte de sa conduite par un arrêté du Comité de salut public, le 28 avril 1793.

3.3.

Le 4 mai 1793, la Convention, après avoir entendu le rapport fait par les représentants du peuple envoyés à Orléans, décrétait «  […] de prendre des renseignements sur la formation de la légion germanique, sur sa composition et sur les hommes des différentes nations qui la compose, tant les officiers que les soldats ; […] » .Couthon monta à la tribune pour  dénoncer les agissements de la légion Kellermann et demander sa suppression  et celle des légions étrangères. Chasles, à son tour,  dénonça la légion Rosenthal, suivit de Marat qui accusa « […] l’état-major des Hussards braconniers comme contre-révolutionnaire. » La Convention rendit le décret suivant :

« Le comité de Salut public est chargé de recueillir sur–le-champ, soit auprès des représentants aux armées, soit autrement, et de transmettre tout de suite à la Convention nationale tous les renseignements possibles sur l’état et les dispositions des légions étrangères qui existent dans la République, afin que la Convention puisse, sur le rapport de son comité, prendre, relativement à ces corps et aux individus qui les composent, les mesures de sûreté qu’exigent les circonstances. »[25]

3.4.

Le 9 mai, à la Société des jacobins, «  […] Châles propose des mesures de salut public : il faut arrêter les ministres, les généraux, les fonctionnaires suspects, « rendre impératives toutes les dispositions du département de l’Hérault [26] et mettre en état  de réquisition la personne et la fortune de tous les citoyens. ».»[27] 

Toujours au Club des Jacobins, le 24 juillet 1793, en début de séance, Desfieux demandait que la société invitât le Comité de salut public à presser le jugement de Custine. Nivelle, aide-de-camp du général La Valette, vint défendre ce général contre les accusations du général  La Marlière. Portallier s’écria alors : « Plus de nobles ! ». Chasles intervint pour le soutenir : « - Châles l’approuve et se plaint que la Convention ait passé à l’ordre du jour sur la proposition qu’il avait faite de destituer tous les  fonctionnaires et tous les officiers nobles. » Robespierre prit la parole en défense de la Marlière et défendit La Valette comme patriote quoi qu’il fut noble. Un débat s’ensuivit sur le ministre de la marine et les officiers nobles, Hébert intervint et demanda que la société se rendît en masse à la Convention pour demander impérativement la destitution des nobles aux emplois civils et militaires. Cette proposition mise aux voix fut adoptée malgré l’opposition de Robespierre[28]. Le débat sur la destitution des nobles des emplois civils et militaires repris au sein du Club des Jacobins le 26 du même mois.

Le 28 juillet 1793, en fin de séance à la Société des Jacobins, une lettre de Cambrai fut lue annonçant qu’un général avait fait arrêter des citoyens qui « lui parlaient un langage patriotique. » Sur la proposition de Chasles, la Société envoya une lettre  au Comité de salut public[29].

3.5. Cependant, Chasles n’hésitait pas à faire l’éloge des bataillons dignes de la République.

Ainsi le 3 juillet 1793, la section de la Réunion se déplaçait en masse pour remettre à la Convention le procès-verbal d’acceptation de la constitution. La Convention décréta la mention civique et l’insertion au Bulletin. Les membres de la section défilèrent dans la salle au applaudissement de l’Assemblée et aux cris unanimes de « Vive la République ». Chasles fit alors une brève intervention pour rendre hommage au patriotisme de Paris et plus particulièrement des sections de la Réunion et du Muséum :

« Châles. Je saisis cette occasion pour rendre un éclatant témoignage au patriotisme de Paris et de la section de la Réunion en particulier.

Le bataillon de cette section passant à Cloye, département d’Eure – et – Loir, aperçoit sur le seuil de la porte d’une église une femme éplorée : quelques citoyens soldats s’approchent pour lui demander le sujet de sa douleur ; elle pleurait son mari et voyait arriver la misère : ils la quittent et font, parmi leurs camarade, une collecte si abondante qu’elle la met à l’abri du besoin pour plusieurs années.

Le bataillon de la section du Muséum, traversant la même ville quelques jours après, se pique d’une noble émulation et fait une nouvelle collecte plus abondante que la première.

( Applaudissements. )

J’attends avec impatience le moment où je pourrai lui payer le juste tribut d’éloges que sa conduite mérite.

(La Convention applaudit avec transport à ses traits de vertu et de générosité, et en ordonne l’insertion au Bulletin.[30]

3.6.

Parmi les suspects, les émigrés figuraient au premier rang et ce dès les débuts de la révolution, leurs biens avaient été confisqués et vendus comme bien nationaux de seconde origine[31]. Le 18 janvier 1793, Delacroix, au nom du Comité d’aliénation,  fit une proposition de décret visant à contraindre un adjudicataire des Chartreux de Paris, nommé Perrier, à payer les intérêts de son adjudication, décret que la Convention adopta. Sur ce, Chasles, animé d’un esprit anti aristocratique, prit la parole pour proposer que « […] tous les ci – devants châteaux formant partie des biens nationaux soient incessamment vendus pour être démolis, les matériaux en provenant vendus à l’enchère aux citoyens des campagnes, dans les arrondissements respectifs desdits châteaux.

( La Convention renvoie cette proposition à son comité d’aliénations. ) »[32]

3.7. Les ministres et membres des administrations locales étaient également considérés comme des personnages à surveiller de près par les pouvoirs qu’ils concentraient entre leur mains. Dans ces années d’ébullition politique, la défiance vis-à-vis des pouvoirs constitués, et particulièrement de ceux qui relevaient de l’exécutif était une attitude largement partagée par l’ensemble des forces révolutionnaires qui n’acceptaient pas de n’être que des électeurs entre deux mandats. Durant le débat sur la guerre de l’hiver 1791-1792, Robespierre, farouchement opposée à la guerre contre la majorité de l’assemblée législatives, des Jacobins et de l’opinion publique, ne déclarait –il pas  : «  La défiance, quoi que vous puissiez dire, est la gardienne des droit du peuple ; elle est au sentiment profond de la liberté ce que la jalousie est à l’amour »[33].

Ainsi, le 31 juillet 1793, Au cours de la séance du club des Jacobins, Escudier réitérait  ses accusations contre  Dalbarade, ministre de la marine, pour n’avoir nommé aux postes de son ministère que des contre-révolutionnaires. Bentabole demanda que la Société envoyât au ministère de la marine une commission pour l’inviter à faire une enquête sur les mesures prises  pour la défense dans les ports de Brest et de Toulon. «  Châles veut qu’on étende cette enquête à la conduite de tous les administrateurs du Var. Les deux propositions sont chaudement appuyées. ] »[34] 

 

6 Laya image 33. 8. Son souci permanent de s’opposer à tout ce qui pouvait remettre en cause la Révolution, amena Chasles à être également très attentif, voire soupçonneux, vis-à-vis de la presse mais aussi des spectacles et plus particulièrement des pièces jouées. Le 10 janvier 1793, en plein procès contre Louis XVI, il intervint à la tribune pour dénoncer une pièce de Laya, l’Ami des lois[35],  qu’il juge contre-révolutionnaire, il faut dire qu’à cette époque le titre de la pièce sonnait comme une critique à peine déguisée au titre du journal de Marat l’Ami du peuple[36].
Manuel, secrétaire, lut une lettre de Laya et demanda que  L’ami des lois  fut envoyée au comité d’instruction publique. Plusieurs membres du centre demandèrent la mention honorable pour cette pièce, s’ensuivit un débat, la montagne refusa la mention honorable et demanda le renvoi au comité d’instruction public. Rouyer[37] intervint, soutenu par Chasles, pour attester que cette pièce développait des principes contre – révolutionnaires. Le président consulta l’assemble, il sembla qu’une majorité fut pour la mention honorable (on vota par « assis/debouts » ), « l’extrême gauche » protesta vivement, Chasles prit alors la parole ainsi que Prieur et David :

« Châles. Il est impossible que l’Assemblée décrète la mention honorable d’une pièce ouvertement contre – révolutionnaire… ( Murmures ) Je dis que c’est un ouvrage détestable…Il est important d’en faire connaître les détails et les motifs… (Murmures prolongés. )[38]

Plusieurs membres ( du centre ) : Vous parlez comme maratiste et montagnard.

Châles. Pas du tout : je parle ainsi parce que cette pièce est calomnieuse pour la majeure partie de la nation française. Quant à l’épithète de montagnard qu’on me donne, c’est vrai, je suis de la Montagne et je m’en honore. Je ne suis pas sous les drapeaux de Marat, je suis sous les miens. (Rires ironiques ) On peut être patriote sans être maratiste. (Nouveaux rires au centre ). »[39]  La Convention renvoya toutes les propositions faites au Comité d’instruction publique.

 


 

Annexe : Retranscription d’une partie de la séance de la Convention du 1er mai 1793 .

Présidence Lasource[40].

«  […]

Goupilleau ( de Montaigu ). J’étais dans le département d’Indre-et-Loire et sur le point de terminer ma mission, lorsqu’éclatèrent les premiers troubles de Vendée. Vous m’ordonnâtes alors de rejoindre nos collègues Richard et Chaudieu [ erreur de transcription, il s’agit de Choudieu ] et de les aider pour la mission que vous leur aviez confiée dans le département de Maine-et-Loire. J’ai obéi à vos ordres ; j’ai toujours été avec eux depuis cette  époque. Dimanche dernier ils ont jugé à propos de m’envoyer avec le général Berruyer auprès du comité de Salut public, et c’est ce qui explique ma présence au milieu de vous.

Je n’entrerai pas ici dans des détails qui ne doivent pas être divulgués ; je me contenterai d’un simple mot ; je prie la Convention, au nom de mes collègues et au mien, de ne pas ajouter foi aux dénonciations qui ont été faites contre Berruyer et Menou. Ces dénonciations ne sont fondées que sur des faits faux ; il serait fâcheux pour la chose publique que, par suite de mensonges ou d’erreurs, on enlevât la confiance des hommes qui doivent l’avoir.

C’est ainsi que Châles, qui était à Chartres, à 50 lieues du théâtre de la guerre, est venu ici nous entretenir de faits qu’il ne connaissait pas contre Berruyer et contre les commissaires. C’est ainsi qu’il vous a abusé sur le compte de ce général, ainsi que sur celui de Menou.

Citoyens, je suis venu ici, non pour repousser ces calomnies, parce que les calomnies retombent d’elles-mêmes sur les calomniateurs, mais pour démontrer que Châles s’en est rapporté à un homme qu’il ne connaissait peut-être pas et qu’il a eu tort de vous présenter, sur son témoignage, de faux rapports. Je démontrerai que vos commissaires n’ont pas démérité de l’Assemblée et sont toujours dignes de la confiance que l’armée leur accorde ; je prouverai au comité de Salut public, par les détails les plus précis et les récits les plus circonstanciés, que vos généraux et vos commissaires ont fait leur devoir ; je montrerai enfin que ceux qui ont parlé ici sont des calomniateurs, et si Châles, qui a tant débité contre les ci-devants, eût bien voulu se replier sur lui-même, il aurait dû sentir que si l’on n’aimait pas les nobles, on  aimait encore moins les prêtres, car ils ont fait encore plus de mal. ( Rires ironiques sur un grand nombre de bancs. )

Châles vous a dit que les généraux affectaient le luxe de l’ancien régime. J’aurais voulu que Châles fût venu avec nous, qu’il nous eût vus à cheval pendant dix-huit heures, couchés sur le foin, ne mangeant que du pain de soldat, que nous trouvions fort bon car nous n’en avions point d’autre, et ne buvant que de l’eau. Je lui demanderais alors si c’est là le luxe insolent de l’ancien régime ; dans ce cas, je conviens qu’on aurait bien tort de se battre pour le rétablir. ( Rires et applaudissements. )

Je demande que la Convention, lorsqu’on lui fera de pareilles dénonciations, veuille bien ne rien préjuger, sans, au moins, consulter auparavant les commissaires qu’elle a envoyés près des armées. Je demande, en outre, que tous les membres du comité de Salut public s’assemblent à une heure indiquée, en présence du ministre de la guerre, pour entendre le rapport que j’ai à leur faire. J’apprends qu’il est venu deux administrateurs du département de Maine-et-Loire vous dénoncer Berruyer, parce qu’il n’a pas voulu communiquer avec eux…

Phillipeaux. Oui, et ils ont eu raison ; car Berruyer est la cause de tous les ravages de ce département. Il y a 40 villes qui sont saccagées, dans ce moment, par sa faute.

Goupilleau ( de Montaigu ). Président, je déclare que je n’ai jamais connu Berruyer avant d’être allé, sur vos ordres, à l’armée de réserve, je ne le défends donc que parce que je crois dire la vérité. S’il s’est rendu coupable, à mon insu, d’actes répréhensibles, tant pis pour lui ; mais je demande avant tout que ceux qui ont des faits à dénoncer, les signent.

On parle de pillage ; oui, il y en a eu ; et j’en ai été témoin moi-même ; mais j’affirme qu’il a été impossible de les empêcher. Chaudieu et moi nous avant fait tout ce que nous avons pu et Berruyer, de son côté, a usé de tous les moyens qui étaient en son pouvoir. Lorsque 3 à 4,000 individus pénètrent, par la violence, dans les maisons, aucune force ne peut réprimer de pareils excès. Le mieux est de reconnaître la vérité tout entière, et je reproche à notre collègue Carra de n’avoir parlé ici que du pillage de quelques ballots de toile, alors qu’on a emporté tout ce que l’on a trouvé sous la main.

Nous avons engagé les administrations à prendre un arrêté à ce sujet ; et, une fois l’orage passé, nous avons fait remettre en magasin tout ce qui nous a été possible de sauver de la ruine. On tâchera d’indemniser les propriétaires dans la mesure du possible.

La Convention me pardonnera de ne pas rentrer dans plus de détails parce que je craindrais d’en trop dire. J’invite les membres du comité de Salut public à vouloir bien se transporter dans leur salle de délibérations ; je leur rendrai un compte exact et fidèle ; je défie bien qu’on y contredise.

Châles. Je demande la parole pour répondre aux inculpations qui me sont faites. Il y a quelques jours des députés extraordinaires du Maine-et-Loire vinrent vous faire une pétition, dans laquelle ils me traitèrent de calomniateur ; je demandais la parole pour me disculper, mais la Convention ne crut pas devoir se détourner de son grand ordre du jour pour m’entendre. Depuis ce temps-là, je n’ai pas voulu l’interrompre. Aujourd’hui, un de mes collègues vient insinuer, à l’appui des réclamations de ces administrateurs, que j’avais été trompé.

Citoyens, je dois d’abord établir ici la vérité des faits. J’ai su, avant même de descendre de la tribune que des journalistes, la plupart infidèles pour ne pas dire inciviques, en tout cas mal intentionnés, se préparaient à empoisonner ce que je venais de dire et à dénaturer les faits que je rapportais sur ce qui se passait dans les départements révoltés ( Interruptions et murmures sur un certain nombre de bancs.)

Oui, je l’ai su, car un de mes collègues m’a dit : « le Moniteur rendra bon compte de ce que tu viens de dire contre les commissaires de la Convention, contre les citoyens d’Anger, contre Berruyer, contre les administrateurs du département d’Eure-et-Loir ».  A ce j’ai répondu : «  Je n’ai rien dit contre nos collègues qu’un seul fait, c’est qu’ils avaient été les témoins muets du faste oriental de Berruyer » ( Nouvelles interruptions sur les mêmes bancs.)

Goupilleau ( de Montaigu ). Cela est faux.

Châles. Veuillez bien ne pas m’interrompre. S’il est vrai que je n’ai articulé que ce seul fait contre nos collègues, je n’ai d’autre justification à alléguer, que d’établir d’abord la preuve du luxe oriental de Berruyer, en second lieu la présence muette de nos commissaires en face de ce luxe. J’observe, en passant, que lorsque j’ai parlé des commissaires j’ignorais complètement que Goupilleau était avec eux.( Murmures.)

Plusieurs membres : Ah ! Ah !

Châles.Je n’entendais parler que de Richard et Choudieu.

Goupilleau ( de Montaigu ). C’est eux aussi que je viens disculper.

Châles.  Les preuves de ce que j’ai dit sont consignées dans la pétition même des députés extraordinaires du Maine-et-Loire. L’un de ces députés est le frère de La Révellière-Lépaux[41], et s’appelle comme lui ; l’autre est un nommé Kélibre, chef de légion dans le département de Maine-et-Loire. Tous ont écrit à la barre que Berruyer avait refusé toute espèce de communication avec les corps administratifs et les municipalités.

Ainsi, voilà une première preuve ; je vais en donner une seconde, je prie qu’on ne m’interrompe pas.

Plusieurs membres de la députations sont venus me trouver le lendemain du jour où j’ai parlé  à cette tribune, et ils m’ont dit : «  Châles, tu avais bien raison ; il y a des faits très graves sur Berruyer et son faste est la moindre faute qu’on ait à lui reprocher. »

Goupilleau, sans doute, a pu être trompé. A cela, je réponds que non ; car, outre l’attestation du bataillon d’Eure-et-Loire [sic], j’ai cru le témoignage d’un homme qui en vaut bien un autre, je veux parler du procureur général syndic de ce département. ( Murmures prolongés.)

Un grand nombre de membres : La clôture, la clôture !

Goupilleau ( de Montaigu ). Je demande que Châles soit entendu jusqu’au bout.

Châles. Je n’ai que quelques mots à ajouter. Le procureur général syndic du département d’Eure-et-Loire [ sic ] s’appelles Baras [ Maras en fait ] ; comme ce nom offre une espèce de consonnance [ sic ] avec Marat, on n’a point voulu communiquer avec les volontaires du bataillon d’Eure-et-Loire [ sic ] qu’on soupçonnait être maratistes, parce que le procureur général syndic Barras était leur chef.

( Un membre demande le renvoi de toutes ces explications au comité de Salut public. ) 

[…] »[42]

 


[1] Dès 1789, des mesures furent prises contre les étrangers, « personnes non connues, non avouées », celles contre les émigrés et les prêtres réfractaires  précédèrent largement 1793.  La loi du 21 mars 1793, avant la chute des girondins, met en place la surveillance des étrangers, devenus « naturellement » suspects depuis les débuts de la guerre. Enfin, n’oublions pas, que ces mesures s’inscrivaient également dans une tradition juridique remontant à l’ancien régime qui, dans sa volonté de contrôle social, n’hésitait pas à emprisonner sur simple  suspicion, délit de «  faciès » dirions aujourd’hui si nous ne craignions pas l’anachronisme.

[2] Dès messidor an II ( juin – juillet 1794 ), à Paris, les libérations excédaient les arrestation.  Le phénomène s’accrut en Thermidor, fructidor et vendémiaire an III ( soit de fin juillet à octobre 1794), mais les libérations suite à thermidor an II furent échelonnées tout au long de l’an III, ce qui montre,  que les conventionnels thermidoriens étaient également convaincus qu’il y avait nécessité d’emprisonner les opposants potentiels, seulement ceux-ci n’étaient plus les mêmes politiquement parlant.

[3] La crise de subsistance de mars 1793, fit considérer la mansuétude des tribunaux ordinaires comme funeste pour la République. Le 9 mars, sur proposition de Levasseur de la Sarthe, la convention décréta la mise en place à Paris d’un tribunal extraordinaire, sans appel ni recours, pour le jugement de tous les traître, conspirateurs et contre-révolutionnaires. Le 10 son organisation fut discutée et il fut officiellement institué le 29 mars. Il ne fut appelé officiellement tribunal révolutionnaire que le 30 octobre 1793.Il fut maintenu après thermidor mais réorganisé, il ne fut supprimé que le 12 prairial an III ( 31 mai 1795 ) à la suite du procès et de la condamnation de Fouquier-Tinville.  Cependant les thermidoriens ne renoncèrent pas à la répression politique et adoptèrent la formule plus souple et discrète des commissions militaires, commissions qui se multiplièrent sous le Directoire.

[4] Archives Parlementaires, LXIII – 763.

[5] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 169-170.

[6] Archives Parlementaires, LXIII – 404.

[7] Député girondin de la seine, considéré comme le bras droit de Pétion.

[8] Dumouriez, qui commandait alors l’armée du Nord, venait de remporter la victoire de Jemmapes le 3 novembre 1792 ce qui lui permit de conquérir la Belgique.

[9] Archives Parlementaires, LIV – 5.

[10] Il s’agissait du titre porté par le Frère cadet du roi. A l’époque, il s’agissait du comte de Provence, futur Louis XVIII, émigré depuis le 20 juin 1791 et réfugié à Coblence.

[11] Archives Parlementaires, LX – 157.

[12] Le baron d’Harambure, député de la noblesse du baillage de Tours aux Etats-généraux se rallia au côté droit de la Constituante. Il s’opposa aux décrets qui prononçaient la suppression de la noblesse et des différents ordres de chevalerie lors des séances du 19 juin 1790 et du 30 août 1791. A la fin de son mandat, il reprit son grade de maréchal de camp et fut envoyé à l’armée du Rhin où il fut nommé lieutenant général le 20 mars 1792. Il approuva la journée du 10 août 1792 et fut chargé du commandement de l’armée du Rhin. Ayant reçu, en mars 1793, une déclaration relative à la mort de Louis XVI et des lettres patentes du frère du roi, il fit un courrier aux commissaires de la Convention qui faillit lui devenir funeste et fit consigner le tout sur le registre de la municipalité de Neuf-Brisach accompagné de la lettre suivante : «  Comme je désire être toujours environné de la confiance dont j’ai besoin, je vous envoie deux lettres que j’ai reçues d’Allemagne, et que je vous prie de consigner sur le registre de la municipalité ». La Convention prononça sa destitution, sa mise en accusation et il fut arrêté. Le 22 avril 1793, le tribunal révolutionnaire l’acquitta solennellement à l’unanimité en rendant hommage à ses intention.

[13] Archives Parlementaires, LXIII – 216.

[14] Dans la séance du 1er mai 1793, des jacobins, il est signalé que les administrateurs du département d’Indre-et-Loire demandent que le général Berruyer soit traduit au Tribunal révolutionnaire, à cause de sa négligence dans la guerre de Vendée.

[15] En fait son vrais non était Claude-Julien Maras, Chasles ne pouvait l’ignorer. La transcription en Barras est sans conteste une erreur des secrétaires de la séance.

[16] Cette remarque finale est à mettre bien entendu en relation avec la proximité politique de Chasles avec Marat.

[17] Recueil des actes du Comités de salut public, Tome III, p. 509.  Présents : Guyton, Cambon, Lindet, Barère, Delmas, Delacroix et Bréard.

[18] Recueil des actes du Comités de salut public, Tome III, p. 553.  Présents : Guyton, Barère, Cambon, Lindet,  Delmas, Danton, Delacroix.

Goupilleau de Montaigu et Choudieu étaient des députés Montagnards. Le Comité de salut public préféra sans doute suivre leur avis que celui de Chasles, dont la réputation de « maratiste » devait susciter chez eux une certaine méfiance. A ce moment-là, il s’agissait du CSP «  Danton ». D’autant que Choudieu adressa à la Convention une lettre dans laquelle il faisait justice de l’attaque dont Berruyer avait été l’objet :

 « Berruyer a des formes trop républicaines pour des hommes qui ne sont pas encore nés à la liberté ; il professe des principes trop austères pour des hommes qui ne se doutent pas qu'on puisse aimer et servir la patrie pour elle-même [...]. Celui qui s'est élevé constamment contre les désorganisateurs, celui qui poursuit avec sévérité tous les genres de brigandages, celui qui veut que le soldat lui obéisse et se batte, doit compter autant d'ennemis qu'il y a de traîtres et de lâches : voilà les crimes de Berruyer et des généraux qui sont sous ses ordres ; nous en avons été les témoins ; et, s'ils sont coupables, nous sommes leurs complices. »

[19] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 177.

[20] Sur  Claude-Julien Maras, qui plus tard siégea à la Convention, voir Recueil des actes du Comité de salut public. Tome VIII, p. 644.

[21] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 181 - 182.

[22] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 181 - 182.

[23] Il s’agit bien de l’ « Ami du peuple » et non  du procureur-syndic du département d’Eure-et-Loir. Cette « commission » commune de Chasles et de Marat est le seul indice tangible d’une éventuelle amitié entre les deux hommes.

[24] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 182 - 183.

[25] Archives Parlementaires, LXIV – 66.

[26] Ce département avait arrêté un plan de recrutement, que le Comité de salut public recommanda aux autres départements et qui fut appliqué à Paris. Voir Recueil des actes du Comité de salut public. Tome III, pages 482, 509, 520, 521, 554, 598, 603.

[27] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 183.

[28] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 311 - 313.

[29] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 323.

[30] Archives Parlementaires, LXVIII – 149.

[31] Les biens nationaux de première origine étant les bien de l’Eglise.

[32] Archives Parlementaires, LXIX – 148.

[33] ROBESPIERRE. «  Sur le parti que l’Assemblée nationale doit prendre relativement à la proposition de guerre annoncée par le pouvoir exécutif », 18 décembre 1791.  Cité dans ROBESPIERRE. Textes choisis I. Paris : Editions sociales, 1974, page111.

[34] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 324. La demande de Chasles visant les administrateurs du département du Var est à mettre en relation avec la crise fédéraliste de l’été 1793 : Toulon passa aux mains des Girondins puis des royalistes ;  dans la seconde moitié du mois de juillet, puis livrée aux forces britannique, espagnole, napolitaine et piémontaise au mois d’août. Les siège de la ville dura de septembre à décembre et permit au jeune Bonaparte de se faire remarquer.

[35] Jean-Louis Laya ( 4 décembre 1761 à Paris- 25 août 1833 à Meudon ) est connu pour cette pièce, L’Ami des lois, jouée au Théâtre Français ( alors théâtre des Nations ), dix-neuf jours avant l’exécution de Louis XVI. Le héros de cette comédie est un ci-devant qui soutient la Révolution tout en en condamnant les excès. Laya y dépeint Robespierre ( Nomophage ) et Marat ( Duricrane  ) comme des Tartuffe dénués de scrupules et assoifés de pouvoir. La pièce suscita d’intenses confrontations dans le public. Elle fut interdite par la Commune de Paris, dix jours après sa première représentation. L’ouvrage est consultable sur Gallica en cliquant ici.

[36] Ironie de l’histoire… sous la restauration en 1828, Jean-Louis Laya membre du comité de censure rendait un rapport favorable, le  19 décembre, permettant à la pièce de  Victor Ducange, Sept heures ou Charlotte Corday d’être jouée en public à Paris aux prix de quelques aménagements. Information tirée de  Guillaume MAZEAU. Le bain de l’histoire, Charlotte Corday et l’attentat contre Marat 1793-2009. Paris : Champ Vallon, 2009. Pages 275-276.

[37] Député de l’Hérault, ne faisait pas partie de la Montagne.

[38] Dans sa pièce, Laya lançait des attaques virulentes contre la Montagne, faisant dire à son personnage principal dès la première réplique de la première scène :

 «  [M. de Versac ]

Elle [ sa fille Sophie ] n’écoute pas les discours emphatiques

De ces nains transformés en géans politiques. »

Dans la même scène, le même personnage avoue à son interlocuteur l’espoir qu’il met dans l’action des émigrés, même si l’auteur prend bien soin d’expliquer en préambule que son objectif est de montrer l’évolution politique de son personnage. Il lui fait dire : 

«La France, antique monarchie,

République ! vrai monstre ! enfantement impie

Qui ne se vit jamais ! »

Réplique pour le moins provocatrice même dans la bouche d’un personnage de fiction à cette époque, on comprend pourquoi Chasles parlait de pièce contre-révolutionnaire.

Les attaques personnelles étaient à peines voilées, visant plus directement  Duricrane ( facilement assimilable à Marat ), Plaude et Nomophage ( le premier peut être rapproché de Robespierre, le second figurant le même Robespierre ou Danton ) :

« Vous connaissez les autres : c’est d’abord

Duricrane, de Plaude audacieux support,

Journaliste effronté, qu’aucun respect n’arrête.

Je ne sais que son cœur de plus dur que sa tête.

[…]

Pour monsieur Nomophage, oh ! passe encor : voilà

Ce que j’appelle un homme ! un héros ! l’Attila

Des pouvoirs et des loix ! Grand fourbe politique,

De popularité semant sa route oblique,

C’est un chef de parti…»

[39] Archives Parlementaires, LVI – 722 -723.

[40] Député du Tarn, proche des Montagnard au début de la Convention, il se rapprocha vite des Girondins. A la suite de l’insurrection des 31 mai- 2 juin 1793, il fut décrété d’arrestation. Condamné par le tribunal révolutionnaire, il fut exécuté le 10 brumaire an II ( 31 octobre 1793 ).

[41] Député Girondin du département du Maine-et-Loire. Il passa dans la clandestinité après le 2 juin 1793 ; donna sa démission de la Convention le 13 août 1793 et ne fut pas remplacé. Il revint au sein de  la Convention thermidorienne le 8 mars 1795 ( 18 ventôse an III ) et contribua à la rédaction de la Constitution de 1795.

[42] Archives Parlementaires, LXIII,  673-675.

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