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La Révolution Française à Nogent le Rotrou

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La Révolution Française à Nogent le Rotrou
  • Nogent-le-Rotrou et son district durant la Révolution française avec des incursions dans les zones voisines ( Sarthe, Orne, Loir-et-Cher voire Loiret ). L'angle d'attaque des études privilégie les mouvements sociaux et les archives locales et départemental
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1 mars 2016

Jacques Pierre Michel Chasles ( 9 ) : maire de Nogent-le-Rotrou, conventionnel, montagnard, prêtre défroqué...

Chasles et la Société populaire à l’assaut de la municipalité.

A Nogent-le-Rotrou, à travers le problème religieux toutes les oppositions politiques se cristallisèrent. Chasles le comprit fort bien et il sut profiter de la mobilisation populaire qui s’amorçait au début de l’automne 1791 pour consolider la position des patriotes révolutionnaires. Les nogentais se mobilisèrent contre les réfractaires et leurs « agissements » mais peut – être plus encore contre les membres du bureau d’administration de l’Hôtel – Dieu. Les membres de ce bureau étaient responsables pour une bonne part  de la répression des mouvements  frumentaires de l’automne 1790. 

5 Séance de Société populaire

Au début de l’automne 1791, Chasles était à la tête d’une nouvelle société à Nogent, la Société patriotique, Il est probable que cette dernière société ne fut en fait que la Société des Amis de la constitution délestée de ses membres les plus modérés qui avaient quitté la Société suite à la fuite du roi. S’appuyant sur cette Société, il fut élu administrateur du district le 6 novembre, place dont il fut destitué par le département le 17 du même mois par une manœuvre des « aristocrates » de Nogent. Le procureur syndic du district, Dugué – le – Jeune, ayant  dénoncé son élection au poste d’administrateur du district comme illégale le 10 novembre sous un prétexte plus que tiré par les cheveux :  l’assemblée primaire qui venait d’élire Chasles n’avait pas été convoquée à cet effet mais seulement pour pourvoir à des cures vacantes.

Le 13 novembre de la même année, Chasles était élu maire de Nogent – le –Rotrou.

Au début de l’année 1792, ayant réduit ses adversaires, il put se consacrer à ses fonctions de maire sur lesquelles nous ne sommes que peu renseignés du fait de la « disparition »[1]  du registre des délibérations.

Nous savons cependant que le 14 juillet 1792, il baptisait deux jumeaux sur l’autel de la Fédération à Nogent : Pierre – Fédéré et Nicolas – Fédéré. Il se disait toujours prêtre, mais sa pensée il l’exprima le 23 juillet 1792 comme suit : « Si le peuple fût si longtemps esclave et malheureux c’est qu’aveuglé par la superstition et trompé par les prêtres, il ignora longtemps ses droits et sa force »[2].

Il occupa ce poste de maire de Nogent jusqu’à son élection à la Convention, par l’assemblée électorale du département, en Septembre 1792. L’assemblée électorale eut lieu à Dreux du 4 au 7 septembre 1792. Le jour de l’ouverture de l’assemblée électorale du département d’Eure-et-Loir, trente-deux prêtres réfractaires chartrains contraints, aux termes de la loi, de quitter le territoire français faisaient étapes dans la ville. Parmi le réfractaires figurait  Pierre-Claude[3], au milieu de la foule menaçante, Pierre- Jacques-Michel, électeur de Nogent-le-Rotrou. Selon l’abbé Louis  Perdreau, curé réfractaire d’Illiers, le maire de Nogent refusa d’accorder un entretien à son frère : « […] L’électeur s’endurcit contre tout ce que doit lui inspirer le sang et l’humanité. Il reste ferme à son prétendu poste ; il ne craint point d’abandonner son frère à toutes les réflexions écrasantes dont une conduite aussi dénaturée va remplir son esprit. Juste ciel ! Quel homme et quel prêtre la Révolution a rendu M. Châles et l’électeur. »[4] Certes ce récit est propre à émouvoir, le futur conventionnel apparaît comme particulièrement dur de cœur, mais il émane d’une part d’un prêtre réfractaire dontt il nous semble raisonnable de ne pas prendre au pied de la lettre un récit manifestement orienté et d’autre part pour le futur conventionnel faire un geste vis-à-vis du « petit frère » c’était sans aucun doute  compromettre son éventuelle élection à la Convention, ces adversaires politiques qui furent prompte à dénoncer sa dureté de cœur auraient sans aucun doute sauté sur l’occasion pour le vilipender une attitude peu « patriotique ».

Au moment où se déroulait cette scène, Jean-François Delacroix, ami de Danton, fut élu en premier[5]. Les 5 et 6 septembre furent nommés Brissot de Warville, Pétion, Giroust[6], Lesage[7], Loiseau[8], Bourgeois[9]. Le 7  septembre, Chasles fut élu en huitième position au troisième tour de scrutin avec 196 voix sur 359 exprimées. Enfin Frémanger[10] fut élu le même jour  en neuvième position. L’Eure-et-Loir envoya à la convention, quatre députés girondins, quatre députés  montagnards et un député de ce qui fut nommé la plaine, ou plus péjorativement la marais, Bourgeois de Châteaudun.



[1]  Voir sur ce blog le tout premier article de la biographie de Pierre Jacques Michel Chasles :  « Maire de Nogent-le-Rotrou, Conventionnel, montagnard, prêtre défroqué,… »

[2] P. BRUYANT. Un collège à travers les âges. Nogent – le –Rotrou, 1906. In – 8°. Page 53.

Personnellement au cours de nos recherches en archives nous n’avons pas trouvé trace de ce fait ni dans les délibération du district ni dans celles de la municipalité de Nogent.

[3] Il fut le seul de la famille à se positionner en opposition à la révolution en cours, le père et le frère cadet du conventionnel connurent la même évolution «  à gauche » que ce dernier durant l’été 1791.

[4] Abbé Reinert. La voix de Notre-Dame, n° du 9 septembre 1893, p. 447-448.

[5] Jean-François Delacroix, procureur général syndic du département d’Eure-et-Loir en 1789, il fut nommé juge suppléant au tribunal de cassation du même département. Il fut élu député d’Eure-et-Loir à la législative le 28 août 1791 ; affilié au club des Jacobins, il se montra un adversaire ferme de la cour et de l’Ancien Régime. Député Montagnard à la Convention, proche de Danton, il fit partie du premier Comité de Salut public dominé par ce dernier au printemps 1793. il fut condamné à mort le 16 germinal an II ( 5 avril 1794 )  en même temps que Danton, et fut remplacé par Deronzière le 22 fructidor an II ( 8 septembre 1794 ).

[6] Voir sa biographie succincte sur ce blog : http://www.nogentrev.fr/archives/2016/02/14/33368142.html

[7] Denis-Toussain Lesage, président  du tribunal de Chartes. Député Girondin d’Eure-et-Loir à la Convention, exclu de celle-ci suite au 31 mai 1793, rappelé à la Convention le 18 frimaire an III ( 8 décembre ).

[8] Loiseau (Jean-François), juge de paix de Châteauneuf-en-Thymerais, député montagnard

[9] Bourgeois (Nicolas), médecin à Châteaudun.

[10] Frémanger (Jacques), procureur syndic du district de Dreux, député montagnard.

 

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