Le 5 mars 1789 à Vibraye : plaintes , doléances et remontrances.
« Cahier des plaintes, doléances et remontrances de la ville et paroisse de Vibraye, dressé dans l'assemblée générale des habitans de la dite paroisse, suivant le procès-verbal dressé devant Monsieur le Bailly du Marquisat du dit Vibraye, de ce jour.
Article ler.
Sa Majesté sera très-humblement supliée de mettre la province du Maine, dont cette paroisse fait partie, en pays d'états particuliers.
Art. 2.
Que le clerger et la noblesse soient compris à toutes les impositions, à raison de leurs facultés et possessions, ainsy que ceux du tiers état.
Art. .3.
De suprimer les aydes et gabelles comme étant très onnéreuses aux peuples, le sel étant un objet de seconde nécessittée dont plusieurs se trouvent privée, par le prix exorbitant auquel il se vent, se vendant sur le pied de quatorze sols la livre.
Art. 4.
Qu'il ne puisse estre étably aucuns nouveaux impos sans le concours des états généraux.
Art. 5.
De ménager laditte paroisse dans la répartition des impos, vu la mauvaise qualitté du terrain, dont la majeure partie ne produits que du sègle et en très petite quantité.
Art. 6.
Qu'il soit ordonné à tous les seigneurs de faire détruire la trop grande quantité de gibier qui si trouvent et fait un tort considérable aux différentes productions et particulièrement dans cette paroisse, sinon que chaques particuliers soit autorisé à le faire détruire sur son terrain.
Art. 7.
Que toutes les justices d'ecception soient suprimées, ainsi qu'elles l’ont été par un arrest du Conseil du mois de May dernier, et que les pouvoirs des juges ordinaires soient étendus, tant pour juger au souvrin que par provision, afin de diminuer les degrès de jurisdiction et les frais que leur multiplicitée occasionnent.
Art. 8.
Qu'à l'égard des travaux sur les grandes routtes, comme il s'y glisse des abus considérables, les devis et adjudications n'étant toujours que très infidellement exécutés, il serait à propos que les réceptions des dits ouvrages ne pussent estre faites qu'en présence du procureur sindic et des membres de la municipalité de chaque paroisse, et qu'à cet effet ils soient avertis par l'ingénieur ou sous ingénieur, au moins huitaine avant le jour de la Réception.
Art. 9.
Que cette paroisse étant remplie de pauvres et journaliers, il seroit nécessaire qu'il y eut une manufacture de bonnetterie ou autres ouvrages de lainerie. Mais, comme il n'y a aucun citoyens assée fortunnée pour former cette établissement, on demandroit des secours de l'Etat pour y subvenir.
Art. 10.
Que se tenant à Vibraye six foires par an et un marché toutes les semaines, il seroit nécessaire, et même pour toute la province et celles y adjacentes, de refaire et rétablir l'ancien grand chemin connu sous le nom du chemin de Cézar et qui entretenoit anciennement la correspondance et communication du Maine avec l'Orléanais ; que la chose seroit d'autempt plus possible à faire avec peu de dépence, qu'il n'y auroit de chemin à refaire que depuis Connairay où le dit chemin feroit embranchement avec celuy du Mans à Paris jusqu'en cette ville et de cette ville jusqu'à Courtalain, la grande routte d'Orléans à Châteaudun étant continuée jusqu'à Courtalain, ce qui ne feroit qu'une distance de dix à onze lieues et que l'ancien perrage qui existe encort en parties diminurêt beaucoup la dépence de ce chemin.
Art. 11.
Que Vibraye étant à la distance de douze lieues du Château du Loir où est étably le bureau de recette des tailles, il en couste des frais et dépences considérables, tant en Voyages pour la confection des rolles que pour le port de l'argent, il seroit intéressant que le Bureau de recette, tant pour cette paroisse que pour les paroisses voisines fut étably dans le lieu de l'assemblée du district.
Art. 12.
Que les franfiefs qui se persoivent sur les roturriers possesseurs de biens homagés, empeschent les mutations de ces sortes du biens et les tirrent en quelques sortes du commerce. Il seroit très nécessaire qu'ils fussent supprimés, ou du moins que le payement n'en fut exigible quà l'expiration des vingt années de jouissances, au lieu de les faire payer par avance comme il se pratique.
Art. 13.
Qu'il seroit très intéressant pour le bien public que la bannalittée des fours et moulins fussent supprimée dans toutes les provinces où elle est établie, et sur cela laisser au peuple la liberté afin d'éviter aux abus qui en résultent.
Art. 14.
On demandroit que l'exemption au tirage de la milice, quant aux domestiques, fut limittée aux seuls domestiques des seigneurs et gentilhommes étant au service de Sa Majesté, et que ceux des eclésiastiques et gentilleshommes non servant y fussent assujettis.
Art. 15.
Que l’établissement des jurés priseurs étant très à charges au public par les frais énormes qu'ils occasionnent, il seroit un bien public que cet établissement fut supprimé.
Art. I6.
On demandroit que les abbayes et prieuré commandataire fussent suprimées et que les revenus de ses bénéfices fussent employé à augmenter ceux des curés qui ne sont qu'à portion congrue et les porter au moins à une somme de douze cents livres ; à former des bureaux de charité et à augmenter les revenus des hôpitaux et à établir des écoles de charitéé
Fait et arresté dans la ditte assemblée généralle des dits habitans de la paroisse de Vibraye, qui avons signé, fort ceux qui ont déclaré ne scavoir signer, ce jourd'huy cinq mars mil sept cent quatre vingt neuf.
Signé : Leroyer, Hamard, Loyson, syndic, Jacque Leroux, Louis Filleul, J. Fournier, Perrinet, Pierre Haton, Nicolas Manceau, R. Lhomme, F. Angeneau, Gervais Gremy, Etienne Lavallée, René Chauveau, P. Gasnier, Monguillon, Gabriel Chartrain, Louis Garnier, G. Bellanger, Cottereau, J. Desvaux, L. Piard, J. Dessome, J. Herpin, Jean Loyson, Rigault, F. Bret, René Montarou, F. Bret, Thomas Lefaivre, René Mousset, Claude Philippe, J. Fontaine, Julien Lecoconier, Martin Declausel. »