Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Révolution Française à Nogent le Rotrou

2 auteur portrait

La Révolution Française à Nogent le Rotrou
  • Nogent-le-Rotrou et son district durant la Révolution française avec des incursions dans les zones voisines ( Sarthe, Orne, Loir-et-Cher voire Loiret ). L'angle d'attaque des études privilégie les mouvements sociaux et les archives locales et départemental
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog

Le Pére Gérard

Le blog généraliste du
Voir le blog généraliste du "Père Gérard" : le Percheron Kibul.
Archives
28 mars 2016

Coudrecieux, 7 mars 1789 : cahier de doléances.

Coudrecieux

Les fidèles sujets composant le Tiers Etat du Bourg et paroisse de Coudrecieux, penetrés de Reconnaissance des Bontés paternelles de Sa Majesté, animés du zèle le plus vif pour son service et pour le bien general de l’Etat, se sont occupés dans l’assemblée  generale de leur paroisse tenue ce jour sept de mars Mil Sept Cent quatre vingt neuf, de la Redaction du Cahier de leurs doléances, plaintes et remontrances comme il suit.

Le present cahier contiendra sept articles.

Le premier des impôts.

Le second de l’administration de la justice.

Le troisième du Sel.

Le quatrième des Routes et travaux de Charité.

Le Cinquième de la Chasse.

Le sixième de l’amelioration des terres.

Le septième des pailles de dixmes.

Article 1er.

Des impôts

Tout sujet doit les impôts, se refuser aux justes contributions dues au Souverain et a la Patrie seroit aussy denaturé que de refuser du pain a un père dans le besoin,  le cœur françois ne doit point attendre les contraintes de l’autorité : le sentiments patriotique doit seul le remuer. nulle Biens, nulle profession en France ne doivent être exempt des impôts, tout est citoyen. mais qu’il soit permis de suplier Sa Majesté de simplifier la perception, de la rendre plus utile au thrésor de l’Etat et moins  onereuse aux contribuables. que la repartition  soit confiée aux administrations provinciales. que le produit soit versé plus directement a la Caisse Royalle ; qu’on reduisse s’il se peut les impôts a un seul justement reparti ; que les paroisses et communautés ne soient plus chargées de quatre a cinq rolles de contributions, cequi ne peut que jetter de l’embaras dans la perception, Enfin que l’on fasse une juste estimation des Biens pretendus exempts et qu’on les soumettes a l’imposition.

Article 2e.

De l’administration de la justice

Cette partie est Essentielle, elle merite tout l’attention du gouvernement et la sagesse du Roi la déjà prise en consideration pour un interrêt assé mince, une somme modique, le retrait d’une bicoque de cent Ecus, on plaide a un tribunal subalterne : on y mange cent francs. appel au Baillage Royal, on y mange vingt pistoles. l’entêtement des parties, l’avidité des procureurs trainent cette misere au parlement : l’affaire y devient de consequence, et bientost le plaideur opiniâtre a depensé deux cent Ecus pour la mutualité d’un sauvageon qui vaut quinze sols. les suppliants demandent donc qu’on remedie par une Bonne reforme a ces Enormes abus. qu’on donne plus d’Extension aux Tribunaux de province, qu’on suprime ou du moins qu’on diminue le nombre des offices de procureur qui ne servent le plus souvent qu’a Entêter les plaideurs Et Eterniser les chicannes, Ce qui est si vrai qu’on connoît tel siege ou il y a quinze ans on ne plaidé pas douze causes par semaine, au lieu que depuis l’érection des procureurs on en plaide douze par semaine. L’Etablissement des huissiers priseurs est encore un objet de juste reclamation, par les Entraves qu’elle met ala liberté des Citoyens qu’elle Ruinne par les injustices et les frais qu’elle Cause. une sage reforme dans l’administration de la justice tant civile que criminellle, Est le vœu du Tiers Etat de la paroisse de Coudrecieux, et comme l’on croit celui de tout le Royaume.

Article 3e.

Le Sel

Le Tiers Etat de la paroisse de Coudrecieux n’a rien a ajouter au vœu de l’assemblée des trois provinces de la généralité de Tours Enoncé dans la seance du 27. 9bre 1787.

Il reconnait avec Elle que la forme du Regime de la gabelle est plus onereuse dans le Maine, la Touraine, Et l’Anjou que dans Tout le Reste du Royaume. il demande par consequent, Et supplie Sa Majesté d’aviser dans sa sagesse aux moyens les plus surs de supprimer tous vestiges de Gabelle, sans que le tresor public en souffre, Et dans la forme la moins onereuse pour le peuple. le peuple paie le sel au grenier 64 L 13 s 9 d le minot, le minot doit peser cent livres ; mais pris par quarts comme les deux tiers du peuple le prennent, il ne pese que quatre vingt douze livres. dans les regrats le sel se vend quatorze sols la livre : cette Cherté si Excessive d’une denrée si necessaire apauvrise les peuples sans tourner à l’avantage du Souverain. la Gabelle fait des infracteurs de la loi, des desolations de familles, des pertes de l’Etat : Elle fait les Enormes fortunes des traitants ; Elle enrichit les officiers de grenier, Et le malheureux journallier avec sa femme et quatre enfants n’a pas le moyen de manger de la soupe deux fois la semaine. En rendant libre le commerce du  sel ou en Etablissant une forme de distribution qui en diminuroit le prix, peut-être seroit-il possible d’ameliorer Cette Branche des revenus du Roi, Et de soulager le peuple.

Article 4e.

Les Routes et travaux de Charité.

De la Commodité des grandes Routes depend la sureté des voyageurs, la facilité des transports, l’activité du Commerce. on ne peut assé Benir les vues du gouvernement dans l’ouverture des Routes de Communication, mais il est triste de toujours payer Et ne rien voir fini, malgré les precautions que le gouvernement semble prendre pour mettre a fin des ouvrages si utiles. il faut qu’il y ait quelques ressors secrets interressés a En prolonger la durée au detriment du peuple, ne pouroit on pas trouver un Moyen d’avancer les grandes routes En Etablissant un meilleur Regime dans cette partye ? Et les Braves troupes françoises seroient-elles deshonorées si on les assimiloit aux legions Romaines !

Si par un moyen quelconque le peuple etoit déchargé des grandes Routes, alors les paroisses aidées des Secours de Charité que le Roi veut bien donner chaque année s’occuperoient des Chemins de Communication de Bourg a Bourg : objet de toutte necessité puisque les Chemins de traverse, surtout dans cette partie de la province sont absolument ruinés. le Tiers Etat de la paroisse de Coudrecieux voit avec douleur, Et Represente avec la Confiance due aux vues Bienfaisantes de Sa Majesté, que depuis onze ans on a ouvert un Embranchement de la Route d’Orleans au Mans par Saint Calais vis-à-vis Ecorpain au lieu nommé la houssaye pour rendre a Coudrecieux. Cet ouvrage Etoit extremement utile, parce que Saint Calais est le principal marché pour la paroisse de Coudrecieux, on y a depensé 1 800 l, il ne s’agit que d’une lieue, Et il n’y en a pas la moitié de tracé, sous le nom de l’embranchement de Coudrecieux. on En a fait un a Montaillé : sous le même nom, on En fait actuellement un sur le luart et Dollon ; Et touttes les arrivées de Coudrecieux surtout vers Saint Calais et Saint Michel de Chavaigne sont tellement ruinées, qu’on ne plus Rien faire Entrer ny sortir qu’a force travail et depenses. le tiers Etat de Coudrecieux le repete ; il n’y a peut être pas de Route de traverse plus utile que Cellecy Et moins dispendieuse. Elle a son ouverture sur la grande Route d’Orléans dela a Coudrecieux une lieue. on la conduiroit de Coudrecieux a Saint Michel de Chavaigne, une lieue, dela a Connêré. Elle est faitte a très peu de Chosse près, il ne s’agist donc que de deux lieues pour joindre les deux Routes d’Orleans au Mans par Saint Calais Et du Mans a Paris par la ferté. la paroisse de Coudrecieux supplie qu’on perfectionne cette Route de traverse.

Si l’on Continuoit Cette route de Connêré a Ballon par la Chapelle Saint Remy Loué etc. on trouveroit une faitte de Ballon a Beaumont Et on rejoindroit a Sillé le Guillaume, la Route de Bretagne, les avantages qu’en retireroient le Bas maine, le Vendomois, le Blesois, l’Orleanois seroient inappreciables. mais ceci n’Etant point directement de l’objet du tiers Etat de Coudrecieux, il se contente de les indiquer. il observe qu’en confiant aus paroisses le retablissement des Chemins de traverse on pouroit Eviter les frais de ces gens du Bas ordre, qu’on nomme Conducteurs ou piqueurs, qui absorbent la meilleure partie des fonds de Charité, qui de Rien font En peû de tems des fortunes considerables qui par la même excitent les justes murmures du peuple, Et laissent des doutes sur leur probité.

Article 5e

Les Chasses

Le Tiers Etat de la paroisse de Coudrecieux Est bien Eloigné de disputer aux nobles Et seigneurs les justes droits acquis par des Services Rendus a l’Etat. mais qu’il luy soit permis d’invoquer la justice du Souverain, la sagesse du gouvernement Contre l’abus de Ces droits. les Seigneurs ont droit de Chasse. mais n’est-il pas triste pour le Cultivateur de voir en touttes Saisons des Gardes avec trois ou quatre Chiens parcourir les Ensemancés, Ecraser des Bleds tendres, les Casser et Briser quand ils sont plus forts ? declorre continuellement les Champs, faire des passages sur touttes les hayes ? le Colon en a apeine fermé deux qu’il s’En rouvre quatre, de la des rixes et des querelles continuelles Entre les Cultivateurs. les Bestiaux de l’un passent dans le Champs de l’autre. source Eternelle de procèz Entre des Voisins. il faut que le Cultivateur paye la ferme, il faut qu’il souffre le gibier qui devaste ses Champs. il faut qu’il souffre le garde qui les declôt, Et l’on decrete le malheureux Colon s’il tue le lapin Et le lievre qui viennent  ravager jusqu’à son jardin.

Les Seigneurs ont droit de fuye, mais n’est-il pas desolant de voir une volée de cinq à six Cent pigeons fondre sur les ensemencés et les reduire au tiers, tout auplus a moitié, obliger le Cultivateur a faire une Garde Exacte autour de ses Champs pour sauver le fruit de son travail et l’Esperance de sa vie. n’est-il pas cruel de revoit au tems de Maturité Cette même volée achevé de devaster des moisons pretes a tomber sous la faucille.

Dans le voisinage des Bois, qu’elle servitude mais d’une autre Espece ! il faut vers le tems de la moisson que le malheureux Colon s’arme de Tambours et autres intrumens Bruiants, fasse toutes les nuits des rondes continuelles autour de ses Champs pour En Ecarter des troupeaux de Cerfs, de Sangliers Et de Chevreuils qui ravagent les Recoltes.

Sa Majesté Est donc instanment supplié de Renouveller les anciennes loix Et d’En porter de nouvelles pour reprimer ses abus.

Article 6e.

Amelioration des terres

C’Est la premiere ressource de l’Empire, l’objet le plus interressant pour le Tiers Etat. dans les pays d’Emulation, La Griculture a Receû un degré de perfection qu’il n’Est gueres possible d’augmenter. ici Elle languit Et même deperit. au milieu de ses ressources. on a ici mille moyens de se procurer des engrais. les ajoncs, la Bruière, les feuillages qu’on laisse perdre dans les Chemins, les fossés, dans les espaces vuides des Bois ou l’on pouroit les Recueillir sans Blesser personne. on a de la marne ; mais, ou les Cultivateurs n’ontpas assé d’activité pour le Chercher ; ou les propriétaires sont trop apathiques pour s’En occuper. il faudroit donc forcer le peuple a devenir heureux. il faudroit renouveller les foix qui deffendent aux fermiers de Changer l’ordre des Saisons ou Cottaisons de leurs terres. a Ce moien ils ne ruineroient plus les Bonnes terres par les trop Ensemencer, Et ne laisseroient plus tomber les mediocres En Bruières, En landes, Et broussailles faute de les cultiver.

Il fauderoit porter une loi qui obligeat les propriétaires a s’Engager dans les Baux qu’ils passent a faire tirer de la marne ou on en pourroit trouver. Et le fermier a la Conduire dans les terres. Bien entendu ; que les Baux auroient une longueur suffisante pour que le fermier pût jouir du fruit de ses travaux.

Article 7e.

Des pailles de dixme

L’Article de l’amelioration des terres amene tout naturellement Celui des pailles de dixme. leur Rapport necessaire avec lagriculture merite l’attention du gouvernement, Et fixe En particulier Celle du Tiers Etat de la paroisse de Coudrecieux. il Est naturel que les pailles, produit de la paroisse s’y consument Et non ailleurs. S’il Est parmi les decimateurs des hommes assés Equitables pour vendre a un prix moderé la paille a leurs paroissiens ; il En Est beaucoup, surtout parmi les fermiers des dixmes qui la vendent a un prix arbitraire Et Exorbitant. plusieurs procès ont eté intentés sur Cet article, plusieurs sentences Rendues sur Cet objet. mais des sentences particulieres des localités ne font point une Regle.

Le tiersEtat de la paroisse de Coudrecieux demande et supplie qu’on fasse un Reglement qui fixe les pailles a un prix mitoien ; sçavoir les pailles de seigle, meteil et froment ou grosses pailles a trois sols la gerbe, quinze francs le Cent. les pailles d’orge, d’avoine ou menues pailles a deux sols la gerbe, dix francs le Cent, que par le même reglement les Cultivateurs soient tenus de faire dans le courant de novembre au decimateur la demande de la quantité de paille dont il aura Besoin, Et que le decimateur, suivant les anciennes ordonnances ne puisse vendre les pailles de dixmes a aucun Etrangers, qu’au prealable la paroisse n’En soit approvisionnée.

Telles sont les Remontrances, plaintes Et doléances, que les habitants formants le Tiers Etat de la paroisse de Coudrecieux presentent a l’assemblée des Etats generaux suivant la liberté qui leurs En est donnée.

Du Reste ils s’En referent ala Sagesse de Sa Majesté, luy protestent de leur devouement a sa personne, de leur Zêle Et fidelité pour le Bien de son service, de leur obeissance parfaite a ses volontes Et de leur Entiere confiance en ses Bontés paternelles.

 

Commentaires