Nouveauté : les brigands et la Révolution.
Valérie SOTTOCASA, Les brigands et la Révolution. Violences politiques et criminalité dans le Midi (1789-1802).Editions Champ Vallon. Coll. Époques, 2016, 400 pages.
Présentation de l'éditeur
Cruel et valeureux, avide et idéaliste, assassin et héros : telle est l’image ambivalente du brigand. Au moment où éclate la Révolution, il emprunte les traits de l’aristocrate, ennemi de la patrie, revenu à la tête de hordes étrangères après la prise de la Bastille, provoquant la « Grande Peur ».
Entrés dans l’histoire de la Révolution au cours de cet été 1789, les brigands, réels ou imaginaires, ne vont plus la quitter. Endossant tantôt les habits de la Contre-Révolution, tantôt ceux d’un patriotisme radical, ils défraient les chroniques, ravagent les campagnes, suscitent des sentiments d’effroi ou d’admiration : depuis Cartouche et surtout Mandrin, le contrebandier du Dauphiné qui, durant de longs mois,défia l’administration fiscale de Louis XV et ses armées, l’image du brigand est ambiguë, entre fascination et répulsion.
Qui sont donc ces « brigands » que dénoncent inlassablement les rapports des gendarmes, les juges de paix, les représentants de l’État dans les départements et les députés à l’Assemblée nationale ? Pourquoi ont-ils provoqué tant de débats passionnés, tant de lois répressives ? Pourquoi le brigandage a-t-il connu une telle recrudescence sous le Directoire ?
Pour le comprendre, cette enquête minutieuse, fondée sur des archives inédites, porte sur les départements méridionaux, plus particulièrement sur la Provence, là où les conflits politiques furent précoces et intenses tout au long de la Révolution. Ce livre participe au renouvellement des travaux historiques sur la Révolution et sur la part de violences extrêmes qu’elle a comportées.
Valérie Sottocasa est professeur des universités à Toulouse-2 Jean-Jaurès. Elle enseigne l’histoire politique et religieuse de la France moderne et est spécialiste de la Révolution française. Elle a notamment publié Mémoires affrontées. Protestants et catholiques face à la Révolution dans les montagnes du Languedoc (PUR) et participé à plusieurs ouvrages collectifs dont le Dictionnaire de la contre-révolution sous la direction de Jean-Clément Martin (Perrin).
Biographie de l'auteur
Valérie Sottocasa est professeur des universités à Toulouse-2 Jean-Jaurès. Elle enseigne l’histoire politique et religieuse de la France moderne et est spécialiste de la Révolution française. Elle a notamment publié Mémoires affrontées. Protestants et catholiques face à la Révolution dans les montagnes du Languedoc (PUR) et participé à plusieurs ouvrages collectifs dont le Dictionnaire de la contre-révolution sous la direction de Jean-Clément Martin (Perrin).
Table des matières
INTRODUCTION
Première partie. Le brigande révolutionnaire dans le Midi de la France (1789-1802)
Chapitre I. Les premiers brigands de la Révolution : entre héritage et rupture
Guerres civiles, désordres et brigandages dans le Midi sous l’Ancien régime
Le temps des guerres de religion
Au temps de Cartouche et de Mandrin : une héroïsation des brigands ?
Des larmes, du sang et de la peur
Les brigands de la Grande Peur
Premiers échos des brigandages à l’Assemblée nationale
Jacquerie ou brigandage ? Les troubles antiseigneuriaux de la fin de 1789 au printemps 1790
Chapitre II. Violences méridionales : Entre guerre civile et brigandages dans le Comtat-Venaissin (1790-1791)
Les premiers échos de la Révolution en Provence
Les troubles provençaux
Les spécificités comtadines et avignonnaises
Les enjeux nationaux des dissensions comtadines
Guerre civile et brigandages
Les premiers affrontements dans le Comtat
L’armée des « Braves Brigands » d’Avignon
L’héroïsation des brigands patriotes
La légitimité de la violence politique en débat
Les limites de l’activisme politique
Chapitre III. La place des massacres dans le processus révolutionnaire
Massacres et usages politiques de la violence : l’exemple du Midi
Les massacres de Montauban et de Nîmes (1790) et l’ombre des guerres de Religion
La crainte d’une Contre-Révolution naissante
Les massacres d’Avignon
Le brigandage comme instrument de conquête du pouvoir
Les brigands massacreurs ou les bornes du tolérable
Lectures pour un massacre
Chapitre IV. Des brigands patriotes aux brigands royaux
La montée de la violence populaire
Poids et diversité du brigandage
La dynamique patriote en 1792
Le basculement du brigandage du côté de la Contre-Révolution
Une contre-révolution méridionale avortée
Les échos de la guerre de Vendée et la crise fédéraliste en Provence
Le crime de Bédoin
Chapitre V. Terreurs Blanches et brigandages
Désordre, insécurité et terreur de l’an III à l’an V
Une « réaction » ?
L’État assassiné
La menace de guerre civile
Les insurrections de la fin de l’an V
La recrudescence des désordres en l’an VI et VII
Le Midi livré aux fureurs du brigandage (an VII et an VIII)
Seconde partie. La mort de l’ennemi : violences criminelles et violences d’État sous la Révolution
Chapitre VI. Rebelles et voyous : les pratiques de la violence au temps de la Révolution
Mots et faits de brigandage
Usages des mots
Modes opératoires
Usages du jour et de la nuit
Manifestes, discours et rituels
Brutalités et cruautés
Les victimes, des cibles choisies
L’insécurité sur les routes
Les percepteurs
Les forces de l’ordre
Le corps de l’ennemi
Brigands assassins
Viols, tortures et cruautés
Chapitre VII. Chefs de bandes
Des destins entre mythe et réalité : le curé Sans-Peur et le baron de Saint-Christol
Jean-Louis Solier dit « Sans-Peur »
Le baron de Saint-Christol
Les grandes figures du brigandage méridional
Dominique Allier
Le réseau méridional : Lamothe, Surville et autres chevaliers
La fin de Dominique Allier
Une rhétorique de la cruauté
Chapitre VIII. Bandes armées, guérilla et terreur
L’identité des brigands
Esquisse de profil sociologique
Conscrits réfractaires et déserteurs dans le brigandage méridional
Les bandes armées et le développement d’une guérilla dans le Midi
Le phénomène des bandes
Une guérilla ?
Des armes et de leurs usages
Chapitre IX. Sécurité et insécurité : le brigandage au cœur des missions de l’État
Le droit et l’esprit de la loi contre le brigandage
Loi martiale et liberté : les débats à l’Assemblée nationale
Le code pénal de 1791
La stigmatisation de l’ennemi sous la Législative et la Convention
La stigmatisation de l’émigré et du prêtre
L’exclusion des ennemis politiques
Le tournant répressif du Directoire
Les impératifs de sécurité et de démocratie
La loi de nivôse an VI contre le brigandage et « la loi des otages »
Le Consulat et le brigandage
Chapitre X. Punir, pardonner, normaliser : la fin du brigandage révolutionnaire
L’ambition de la sécurité
La connaissance des faits
Le brigand face à ses juges
Les forces de l’ordre contre les brigands
Pardonner : les voies difficiles de l’amnistie et de la réconciliation
L’opinion publique, clé de la politique de maintien de l’ordre
Pardon et autorité : la restauration de la confiance publique
CONCLUSION