Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Révolution Française à Nogent le Rotrou

2 auteur portrait

La Révolution Française à Nogent le Rotrou
  • Nogent-le-Rotrou et son district durant la Révolution française avec des incursions dans les zones voisines ( Sarthe, Orne, Loir-et-Cher voire Loiret ). L'angle d'attaque des études privilégie les mouvements sociaux et les archives locales et départemental
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog

Le Pére Gérard

Le blog généraliste du
Voir le blog généraliste du "Père Gérard" : le Percheron Kibul.
Archives
24 novembre 2023

Le 24 novembre 1792 à Nogent-le-Rotrou émeutte taxatrice.

Novembre 1792Le samedi 24 novembre 1792, la municipalité de Nogent-le-Rotrou commençait ses délibérations par l’enregistrement de 3 lois[1]. Le reste de la séance, fort mouvementée, fut entièrement consacré à la « gestion » d’une émeute taxatrice qui venait d’éclater sur le marché de la ville. En fait, ce ne fut pas la municipalité qui s’adressa aux émeutiers mais le procureur syndic du district, le citoyen Dugué-le-jeune[2]. La municipalité, quant à elle, céda bien vite sous la pression de la foule. A la fin de l’émeute le procureur de la commune, tout en déplorant les événements survenus, réclamait haut et fort une loi qui y mît fin, façon détournée, peut-être, de demander la taxation des denrées de première nécessité. 92_11_24___Nogent

 

92-11-24 Disette

 

« Ensuite un membre a observé que deuX particuliers demandoient à être Introduits en la Salle pour préSenter une pétitioN.

Le conSeil général a unanimement consenti Leur IntroductioN.

Lorsque les dits citoYens ont été admis à la Séance, un membre leur a demandé en vertu de quel pouvoir Ils se présentoient, ils ont répondus qu’ils étoient envoYés par leurs concitoyens.

Comme aucun titre ne Justiffioit Leur miSsion, l’assemblée les a priés de Se retirer.

aussitôt un nombre infini d’hommes armés d’Instruments Tant offensifs que défensifs, réunis [ à partir de cette page l’écriture semble changée et  non assurée  ] et  auX deuX cents volontaires en quartier d’hYver à la ferté Bernard  tous uniformément armes et equipés sur le pied de Guerre sont entrés et ont dit que dans plusieurs villes & bourgs telles que Mondoubleau, autHon, La Bazoche, & autres endroits Ils avoient fait taxer les Grains, et qu’ils requieroient la mup. de procéder sur le cHamp à cette FixatioN.

alors le Conseil Général pénétré de l’illegalité et de l’irrégularité de cette pétition, a repondu par l’organe du citoyen procureur Syndic du district alors intervenu, que la loi defendait Imperieusement de troubler la Liberté qui doit accompagner la vente des Grains ; en Conséquence qu’ils ne pouvoient obtemperer à la préSente petition.

cette multitude Composée de Citoyens des villes et Bourgs environnants et dont le nombre s’accroissoit prodigieusement à chaque Instant a elevé vivement la voix contre ce refus et a annoncé quils taxeroient eux-mêmes cette denrée de premiere nécéSsité, & quil n’eXistoit point de loi qui prescrive auX magistrats de laisser périr les citoyens par l’eXhaussement du prix des grains. Le procureur Syndic a a linStant eXposé avec l’energie et la fermeté qui conviennent à l’adminiStrateur  impaSsible et eclairé, que jamais Le Conseil ne Se porteroit à un acte que tous les décrets de la République, la justice et l’encouraGement dû à l’agriculture proscrivent, et qu’il prefereroit ainSi que  Ses CollègueS être victimes de la fureur des petitionnaires plutôt que d’etre les Instruments de la violation de la loi, quils ne pouvoient que gemir sur l’eXemple des municipalités qui avoient lachement condescendu à leur désir sur la taxe des Grains, qu’en ce  moment Il étoit Impossible d’oppoSer aucune  resistance à l’eXécutioN  de leur projet puisquil formoit le vœu d’une maSse imposante de citoyens dont le nombre couvroit presque toute la place de cette ville, et  qu’il croit dangeureuX de mettre en oppoSition avec une Garde nationale affoiblie tant par le  deSarmément que par les epuiSements de tous les Genres que la revolutioN leur avoit accaSionnéS.- la troupe S’irritant de la contenance Heroique de l’adminiStrateur  qui leur tenoit le langage de la loi, a menacé le conSeil g.al de violence, de pillage &.a S’il ne toleroit pas au moins la taxe des grains, et il s’est trouvé parmi ces Hommes un etre assez barbare pour avancer qu’il abattroit la tête du p.eur Syndic,  s’il irritoit [ lecture peu assurée ]  plus longtems.- alors Le conSeil g.al Considérant que Si la Commune  luttoit contre cette RéSolutioN condamnable, Il alloit en resulter le carnage le plus meurtrier, que d’ailleurs plusieurs Habitants conduits par la Crainte de la famine, Sembloient applaudir auX diSpoSitions de ces étrangers ou Se reuniSSant à euX dans les differents endroits de cette ville et que ce Seroit appeler Sur la tête des  Magistrats le glaive d’une troupe incensée sans qu’il en put resulter aucun respect pour la loi et ses maintenteurs [ sic ], qu’au murmur [ lecture peu assurée ],  Il devenoit ImperrieuX de tolerer cet acte vraiment criminel. en conSéquence Le conSeil g.al a obServé à la multitude impatiente de la réalisatioN de ses voeüs perfides que puiSque la VoiX de la Raison, le Langage de la  Loi ne pouvoient obtenir aucun Empire Sur leur esprit, qu’ils alloient être les tristes temoins d’une actioN qui leur dechiroit le cœur. aussitôt tous ces étrangers Se Sont portés Sur la place et ont taXé le grain à 5#, le beurre a 10 .s les œufs à 5.s la chandelle à 6.s et Se Sont enSuite diSsimineés par Groupe dans les divers Carrefours et commen.t [ commentant  ou communiquant ? ] leur Joie auX Habitants de la ville de Nog.t non contents de ces excés Suggerés par la malveillance et la Perfidie du reste des forcénés. ces hommes aveugles Sur les Intérets de la natioN entiere ont Fait injonctioN auX Habitants de cette ville a haute et intelligible voix d’aller effectuer les mêmes opérations a Bellesme, à la Loupes, à Regmalard, afin de rendre la  taxe uniforme, Ils leur ont même Indiqués pour aSsurer le SuccéS de leur plan de Se faire accompagner de leurs magistrats et de leurs adminiStrateurs, qu’eux-mêmes avoient employé ce moyen ainSi qu’on pouvoit Le vérifier. Le conseil jalouX de Se procurer Tous les renseignements et les lumieres Si précieuses en pareil cas, a prié l’un de Ses membres de S’aSSurer de ce fait. Ce membre après les informations & demarches nécéSsaires, a assuré avoir vû les admeurs et les officiers mupauX de la ferté Bernard et avoir eu une longue conference avec euX Sur les actes récents qui venoient de Se commettre en leur ville, et sur les motifs qui avoient provoqué leur demarche, que le resultat en Substance étoit qu’une multitude ImmenSe avoit demandé la fiXation des grainS co.e elle le fait aujourd’hui en cette ville, qu’ils n’avoient pu S’oppoSer  et que ne pouvant taire un acte reprehenSsible au dépt. De la Sarthe, les adm.eurs qui le compoSent leur avoient prescrit de rétablir la taXe mup.ale ; que Soumis  aveuglement auX Superieurs, ils avoient miS l’arrêté du dép.t à eX.ion, que cette conformité a obéir avoit fait naïtre une fermentation des plus conSiderables et des plus convulsives, et que leurs vies avoient encourû les plus gr.ds dangers, [ deux mots non déchiffrés ] que Le peuple apres avoir de nouveau taXé les grainS, les avoient ForcéS de marcher à leur tete+ [ en marge :+ ensuite ]. [ mots rayés illisibles ] ces Hommes animéS de l’esprit de déSordre et d’InsubordinatioN ont menacé les Habitants de Nog.t de revenir S’aSsurer s ils  s’etoient conforméS auX ordres quils leur Intimoient. Le calme n’a reparu pendant quelque tems que pour Succeder à l’orage ; deuX membreS de la troupe Sont entréS et ont demandé au nom des étrangers que la mup. prononçat la taxe du pain en proportion avec celle des grainS, Le conseil g.al ne pouvant acquieSser à cet acte qui bleSsoit tout à la foiS et la Justice et Son devoir, S’Y est refuSé ; enfin un nombre considerable de citoYens Se Sont préSentéS et ont demandé la  taXe du pain Ces citoyens etoient arméS de Crocs et de Sabres / le conseil toujours inflleXible ne Se departant point  des principes rigoureuX etabliS par la loi, dont le  dépot [lecture peu assurée ] lui eSt confié, n’a point encore cédé, et a cet Instant un citoYen a dit que pour calmer l’effervescence et faire rentrer cette portioN de la Société dans les bornes du devoir, Il Se chargoit de faire annoncer la taXe du pain, ce quil a fait. dans ces tristes conjonctures le conSeil g.al profondement aFFligé de n’avoir pu faire triompher la loi remontre auX autoritéS Supérieures que S’il  déclare nulle cette taXation illégale, Il est presque certain que les divers Habitants vont provoquer une reSistance ouverte à cet acte d’autorité maGistralle, que d’un autre coté, Si cette taxe se Soutient, Il va devenir impoSsible auX boulangers qui ne peuvent Se fournir des grainS qu’a 8 ou 9. # le minot, d’approviSionner la commune Sans des pertes capables d’abSorber leur Fortune en deux ou trois Jours,

oui le procureur de la c.e, arrête quil ne veut point adopter ni l’une ni l’autre de ces deux meSures sans avoir l’aviS des corps administratifs sur le choix des moyens pratiques. Invite en outre les admi.eurs  qui ne deSirent que la felicité publique, de prévenir la Convention na.le de ces deSordres, et de Solliciter des legislateurs une loi g.ale qui  faSse promptem.t disparaitre ces actes qui ameneroient Infailliblement la diSSolution de la republique + [ en marge : +   ( deux mots non déchiffrés  ) nomme le  citoyen fortin b.e pour Se joindre à l’adm.eur que le directoire eSt prié de choiSir sur le champ ] auX fins de remettre la deliberation préSente au dép.t, de l’appuyer de tous leurs moyens et d’obtenir l’objet du preSent. Dont acte ./.      baugars    J. Marguerith

P.re Lequette

Pr.r de la C.                         Baudoüin        Bacle

                                                                         Verdier       Fauveau »[3]

 


[1] Archives municipales de Nogent-le-Rotrou, 1D2 feuillets 3 et 4.

[2] Il est à noter que le district était en plein renouvellement et que la nouvelle administration fut renouvelée le lendemain de l’émeute le 25 novembre 1792.

[3] Archives municipales de Nogent-le-Rotrou, 1D2 feuillets 4 et 5.

Enregistrer

Commentaires