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La Révolution Française à Nogent le Rotrou

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La Révolution Française à Nogent le Rotrou
  • Nogent-le-Rotrou et son district durant la Révolution française avec des incursions dans les zones voisines ( Sarthe, Orne, Loir-et-Cher voire Loiret ). L'angle d'attaque des études privilégie les mouvements sociaux et les archives locales et départemental
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Le Pére Gérard

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27 octobre 2016

Le 1er mars 1789 à Pizieux : « cayer » de doléances.

89-03-01 Pizieu

Ce dimanche, premier du mois de mars 1789, les habitants de Pizieu se réunissaient dans le cimetière face à la porte principale de l’église paroissiale afin de rédiger le cahier de leurs remontrances et doléances. L’assemblée constituait bien, selon l’expression de l’époque, le général des habitants, en effet l’introduction nous informe que la paroisse comptait 40 feux or 38 personnes étaient présentes, dont 7 femmes ( proportion assez forte ) toutes veuves donc chefs de foyer. Seul 13  présents signaient, dont aucune femme, ce qui  constituait un taux d’environ un tiers des habitants plus ou moins familiers avec l’écriture, taux assez important pour l’époque. Comme dans d’autres paroisses du Saosnois et plus largement du Bas-Maine, outre les demandes générales portant sur les impôts et leur répartition entre tous sans exception,  nous remarquons des piques anticléricales visant particulièrement les maisons religieuses, l’article 4 demandait que celles-ci fussent limitées aux villes et tenues d’y prodiguer l’enseignement. L’article suivant fixait les traitements du clergé, un peu à la manière que le fera la constitution civile du clergé en 1791 ( voir l’article de ce blog : http://www.nogentrev.fr/archives/2016/01/05/33164943.html ), avec une plus forte générosité car il était prévu d’accorder 2 000# par an aux curés ( ils recevront 1 200# ). Revendications que nous retrouvons quelques jours plus tard sous une autre forme dans le cahier de la paroisse voisine de Panon ( voir l’article :  http://www.nogentrev.fr/archives/2016/10/20/34787459.html ).  Enfin l’article 6 portait sur les soldats et réclamait pour les enrôlés le droit de racheter le temps qu’il leur restait à faire sous les armes, réclamation rarement rencontrée dans les cahiers du Bas-Maine qui soit traduisait une situation locale soit était le signe d’un réticence largement partagée mais rarement formulée à l’enrôlement des jeunes gens[1].

« Remontrances et doléances de la paroisse de Pizieux près Mamers principale ville du Saonnois.

Aujourd'hui premier mars 1789, en l'assemblée convoquée au son de la cloche en la manière accoutumée sont comparus en le simetière au-devant de la principalle porte et entrée de l'église paroissiale de la paroisse de Pizieux : Victor-Jean-Charles Evrard procureur syndic de la municipalité, Jean Herbelin fermier, Charles Poison propriétaire, Jean Gaineau laboureur,

Pierre Triger laboureur, Gervais Herbelin laboureur, Jean-Dubois, la veuve Jean Roux, François Triger, Pierre Gaineaux, Michel Gaineau, Julien Mousset, René Godet, Jean Godet, Louis Monguillon, Gervais Herbelin l'aine, la veuve Tessier, Jean Binet, René Bellanger, Pierre Fagot, Julien Aubry, Pierre Aubry, André Hardy, la veuve Boulon, Nicolas Surmont, René Fagot, Jean Monguillon, François Triger le jeune, la veuve Métayer , Pierre Labelle , Charles Bouteillier, François Beaudin , François Poirier, Pierre Le Compte , la veuve Herbelin , Jean Fortier , la veuve Poisson, la veuve Michel Rousseau, tous nés François âgés de 23 ans, compris dans les Rolles des impositions habitants de laditte paroisse de Pizieux composé de quarente feux, lesquels pour obéir aux ordres de Sa Majesté porté par ses lettres données à Versailles le 24 janvier 1789, pour la Convocation et tenue des Etats-Généraux de ce Royaume et satisfaire aux dispositions du règlement y annexé ainsy qu'à l'ordonnance de Monsieur le Sénéchal du Maine ou Monsieur son Lieutenant-général dont ils nous ont déclaré avoir une parfaite connaisance tant par la lecture qui vient de leur en être faite que par la lecture et publications cy-devant faitte au prosne de la messe de la paroisse par Monsieur le Curé le premier mars du présent mois, et par la lecture publication et affiches pareillement faitte le même jour à l'issue de la ditte messe de paroisse au devant de la porte principale de l'église nous ont déclaré qu'ils alloient d'abord s'occuper de la rédaction de leur Cayer de doléances plaintes et remontrances. En effet, y ayant vacqué ils nous ont représenté ledit Cayer qui a été signé par ceux desdits habitants qui scavent signer et par nous après lavoir cotté par première et dernière page, paraphé (ne varietur), au bas d'icelle.

 Remontrances

1° Nous représentons que la taille est trop haute en notre paroisse le montant principal est de 990 livres pour quarante feux les autres droits accessoires et chemins et proportions de manière que la dite paroisse est surchargée d'impôts.

2° Les habitants demandent à payer le droit territorial et la capitation seulement en conformité sans distinction avec les ecclésiastique gens de main morte et nobles.

3° L'abolition des francs fiefs des aydes et gabelles, le sel et le tabac marchand.

4° Les moines et autres communautés riches soient relégués dans les villes pour y enseigner et tenir des collèges gratis et établissement de dépots pour le soulagement des pauvres des villes et ressorts, aux dépens des bons des revenus desdites communautés.

5° Les Évéques à portion congrus de vingt mille livres de rente les abbés à six mille livres, les moines à mille livres, et les curés à deux mille livres pour ceux qui auront des cures au-dessus.

6° Suivant l'ordonnance du Roy que tous soldats roturiers en temps de paix ayent le droit de se retirer des troupes pour cinquante livres par an du temps qu'ils auroient encore à faire de leurs congé, le surplus perçus actuellement n'étant qu'un tribut honéreux réversible aux profits des États-majors des régiments qui sont nobles et font leurs fortunes aux dépends du Tiers état, le captive, diminue le nombre des commerçans et laboureurs utilles au public et souvent les obliges à la désertion par déplaisances ou par la rigueur des coups de plats de sabre qu'on donnent actuellement dans les troupes qui cause souvent la mort de beaucoup de soldats les Français n'étant point accoutumés à celle rigoureuse ordonnance.

7° L'abolition des bannalités des moulins et fours à bans.

8° L'abolition des dîmes vertes savoir : chamvres, pois, vesses et autres grains ronds, également que les dimes charnelles sur les porcs et moutons ayant déjà une trop forte dime étant perçus au onzième les triturages et les semences fait par les fermiers les réduit à une très modique somme environ la huitième partye des grains et ogmente les revenuts des décimateurs.

9" L'abolition des huissiers-priseurs.

10° Que toutes les juridictions soient abolies dans l'arrondissement du Saosnois et relève de Mamers principale ville du Saosnois jusqu'à certaine somme qui plaira à sa Majesté ordonner et ensuite aller par apel au Mans définitivement suivant l'édit du Roy du mois de mai 1788.

11° Le Tiers état demandent que toutes les paroisses du Saonnois apportent leurs impositions au bureau de la ville du Mamers qui y seroit établis pour cet effet pour être conduit au trésor Royal par les messagers, escorté par les cavaliers de maréchaussée, rendus gratis aux coffres du Roy.

Et de suittes lesdits habitants après avoir meûrèment délibéré sur le choix des députés qui sont tenus de nommer en conformité des dittes lettres du Roy et règlement y annexés et les voix ayant été pour nous cœullis en la manière accoutumée, la pluralité de suffrages sés réunis en faveur des sieurs François Triger et René Godet leurs députés qui ont accepté ladite commission et promis de s'en acquitter fidèlement, la dite nomination des députés ainsi faitte lesdits habitants ont en notre présence remis aux dits sieurs François Triger et René Godet leurs députés le Cayer afin de le porter à l'assemblée qui se tiendra le Dimanche huit de ce mois devant Monsieur...[ sic]... et leurs ont donné tous pouvoirs requis et nécessaires à l'effet de les représenter en ladite Assemblée pour toutes les opérations prescrittes par l'ordonnance susditte de Monsieur...[sic]… comme aussi de donner pouvoirs généraux et suffisant de proposer, remontrer, aviser et consentir tout ce qui peut conserner le besoin de l'État, la réforme des abus, l'établissement d'un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l'administration, la prospérité généralle du Royaume et le bien de tous et de chacun des sujets de sa Majesté et de leur part lesdits députés se sont présentement chargés du Cayer des doléances de la ditte paroisse et ont promis de le porter à la ditte assemblée et de se conformer à tout ce qui est prescrit et ordonné par les dites lettres du Roy règlement y annexé et ordonnance sus datés, desquelles nominations de députés

remises de Cayer pouvoirs et déclarations nous avons à tous lesdit comparants donné acte et avons signé avec ceux desdits habitants qui sçavent signer et avec lesdits députés notre présent procès-verbal ainsi que le duplicata que nous avons présentement remis auxdits députés pour constater leur pouvoir et le présent sera déposé aux archives ou secrétariat de cette communauté lesdits jours et an.

Signé : J. Gaineau, Gervais Herbelin, G. Herbelin, Aubry, C. Poison, P. Gaineau, Monguillon, Jean Binet , F. Triger, F. Triger, RenéGodet, V. J. G. Evrard sindic. »

 


[1] De ce point de vue, il serait intéressant de se pencher sur les résistances aux recrutements en 1793 dans le district de Mamers pour voir qu’elle fut l’attitude de Pizieu. La commune fut-elle impliquée dans les refus qui éclatèrent à Mamers le 4 octobre 1793 ?

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