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La Révolution Française à Nogent le Rotrou

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La Révolution Française à Nogent le Rotrou
  • Nogent-le-Rotrou et son district durant la Révolution française avec des incursions dans les zones voisines ( Sarthe, Orne, Loir-et-Cher voire Loiret ). L'angle d'attaque des études privilégie les mouvements sociaux et les archives locales et départemental
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Le Pére Gérard

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22 avril 2016

Le 13 octobre 1789 à Mamers : "les dragons ne servent à rien".

Le mardi 13 octobre 1789, le comité de sureté de Mamers avec le comité militaire de la garde nationale instruisait sur la dénonciation faite par le Sieur Frébourg, colonel de la garde nationale, portant sur le refus de service d’une partie importante des gardes nationaux l’avant-veille,  dimanche 11 octobre. On apprend qu’un certain nombre de gardes se plaignaient de ne pas disposer de munition, qu’ils contestaient le règlement militaire adopté et protestaient contre le fait que les dragons en détachement dans la ville n’étaient pas soumis aux grades de nuits ( ce que nous supposions par déduction à propos de la délibération du comité de sureté de la veille, lundi 12 novembre 1789 : http://www.nogentrev.fr/archives/2017/02/23/34972505.html ). Le sieur Marin Beaufrere, aubergiste de l’agneau, semblait bien être le « meneur » de cette rebélion et avoir entrainé un nombre important de ses camarades, notamment des compagnons tisserands. Nous  tenons  cependant à signaler la déposition de Pierre Louidé, compagnon tisserand, qui déclarait avoir été « agressé » par des gardes qui effectuaient la faction avec lui mais qu’il ne connaissait pas, stratégie classique pour éviter la dénonciation mais difficilement crédible puisqu’il s’agissait de membres de sa compagnie[1] d’autant que Louidé reprenait dans sa déposition la plainte de ne pas disposer de munition. Après audition des témoins, les deux comités arrêtaient de faire immédiatement emprisonner le Sieur Marin Beaufrère pour deux jours.

89-10-13

 

« [ en marge gauche en haut du feuillet 30 verso :

N.° 259.

Information dans

L’affaire des prètendues

Chasseurs avec M.r

De Gennesde

Beaufrere. ]

Aujourd’huY  treiZieme d’octobre mil Sept cent quatre vingt neuf.

Les Comités de Sureté et Militaires Assemblés ont Eté Instruits par une Lettre hier par M. de FrebourG Colonel de La Garde nationale du Sonnois que le Dimanche onZe  de ce mois un Tiers ou environ de la Seconde division de la Seconde Compagnie des gardes nationauX de la ville de mamers avoient refusé de monter La Garde et de Faire Le Service, mais comme La lettre qui annoncoit ce delit n’en detaille aucune Circonstance, Les deuX Comités reunis ont arrestéS qu’il Seroit Fait une Information pour S’assurer des Circonstances qui ont precedés accompagnés Et Suivis La défection du tiers de la Seconde division de la Seconde Compagnie.

Et ProceDDant à cette Information Est Comparu M. M. Guillaume Michel Dureau off de la Buffardiere officier d’Infanterie et Capitaine en Second de la Seconde Compagnie de la Garde nationale de Mamers, Lequel a declaré que le onZe de ce mois Commandant la Seconde division de Sa Compagnie Il Se rendit à Sa teste au Corps de Garde Sur les neuF heures du Soir, que peu de temps après plusieurs Soldats de la même Compagnie Se plaiGnirent de ce que Les Dragons en détachement en cette Ville ne montoient point La Garde avec euX. qu’après plusieurs plaintes Le nommé Beaufrere aubergiste à L’aGneau Fut le premier a proposer à La Garde de Se Retirer et qu’en Le tiers Effet le tiers ou environ quitta Le Corps de Garde, que quelques uns de ceuX qui S’étoient d’abord retirés Intimidés par les Menaces de Beaufrere revinrent au Corps de Garde ; mais que Beaufrere n’Y reparu pas. declarant encore qu’un des obJets de plainte de ceuX qui Se retirerent etoit que Leur Fusil n’etoit point Chargés et qu’ils n’avoient ni poudre ni Plomb  et a mond. S.r Dureau Signé.

Dureau de la Buffardiere

Est  aussi Comparu Le S.r François Triger M.d de cette Ville Y demeurant ; Lequel a declaré que Le dimanche onZe de ce mois etant de Garde Les n.és  Beaufrere hotel Aubergiste à L’Agneau, Camu tisseran, dans La Rue Cinq ans, Pierre  Fils aine et Royer Le jeune Se plaiGnirent arrivés au Corps de garde de n’avoir ni poudre ni plomb et de ce que Fleury Le Jeune Commissaire nommé par Leur Compagnie avoit Signé le Reglement Militaire Fait pour la garde nationale de Mamers, que Marin Beaufrere prit au Collet le declarant pour le Forcer de déserter Le Corps de garde, Mais qu’echappé de Ses Mains Il Y entra, adjoute quil fut placé en Faction pour remplacer Le n.é Louidé qui etoit Sentinelle et qui lui dit qu’il avoit eté arraché de Son poste par Marin Beaufrere Et plusieurs autres ce quˊil a declaré et a Signé.    Triger

Est aussi Comparu Pierre Louidé, Compagnon

31.e

Tisseran de cette Ville y demeurant lequel nous a declaré qu’etant en Faction devant Le Corps de garde dimanche d.er onze du Courant Sur Les neufs heures du Soir cinq ou Six Fusiliers de Sa Compagnie+ [ rajout en fin de déposition : + et qui etoient de garde avec Lui ] qu’il a dit ne pas Connoitre, Le Saisirent au Collet et Le ContreGnirent de quitter Son poste, que Cependant Ils Le Lacherent quelque temps après et qu’il revint à Son Poste ou Il trouva le S.r Triger hirboude [ lecture peu assurée ] qui le remplacoit, qu’il proposa à celui cY d’entrer au Corps de Garde de Ce que Ce que [ sic ] le S.r Triger Fit, declare encore qu’il Se mit en Faction au poste qu’il avoit précedemment occupé mais que bientôt Marin Beaufrere de la gneau ; Le n.é Michel Tisseran à Barutel[2]aVec plusieurs autres Le Saisirent de nouveau au Collet et L enttrenairent que dans ce moment Il S’adressa à M. Dureau de la Buffardière Capitaine de Sa division pour lui Faire part de la violence qu’on lui Faisoit, qu’alors M. Dureau de la Buffardiere lui Conseilla de Ceder à la Force pour Eviter les inconvenients d’une Resistance, Le declarant adjoute encore que Son Fusil n’étoit pas Chargé ce qu’il a declaré et a Signé.     Louidé

Est enfin Comparu Le S.rJacques Paris M.d et aubergiste de cette ville y demeurant, Lequel nous a declaré que dimanche d.er onze du Courant Sur les neuf heures du Soir S’etant trouvé à L’ordre en qualité de Sergent de Semaine Il Y eut du Mouvement parmi la Seconde division qui montoit la garde qu’il entendit Marin Beaufrere de L agneau qui devoit estre de garde dire pourquoy Monterions nous La garde nous avons YcY des Dragons qui ne Font rien ; d’ailleurs et qui coutent plus de cinquante Ecus par mois à la ville, d’ailleurs nos CommiSsaires qui ont Signés le Reglement ne nous rendent aucun compte que dans le même moment Il Vit+ [ rajout au dessus : et ] entendit Jean Guesnot Compagnon tisseran à Barutel Lequel etoit de Garde comme Suppleant Et  Salarier et qui regardait dans Le Corps de garde dit Voyons Sil Reste encore quelqu’un, Il Faut les Faire partir et Si quelqu’un Reste Il Faut lui tirer un Coup de Fusil Le declarant adjoute que led Jean Guesnot repeta deuX ou trois fois ce d.er propos ce qu’il a declaré et a Signé   Paris

Est encore Comparu M.e Michel Casimir du Bois av.t auX Sieges RoYauX de cette Ville Y demeurant, et aide Major de La Garde nationale de Mamers, Lequel a declaré qu’ayant rendu L’ordre, in Instant apr[ tache ] après que la plus  Grande partie de La garde eut rentré à Son Poste dimanche der La plupart des gardes nationaux Se Seroient plaintes de ce que les Dragons qui Sont en garnison en cetteVille n’auGmentoient pas Le nombre de la garde que Sans doutte on les avoit Fait venir pour alleger Leur Service que d’ailleurs le Reglement dont lecture avoit eté donnée auX Comités ne leur convenoit point en plusieurs articles que des l’Instant que les Dragons ne paroisSoient point pour Faire Le Service concuremment avec euX Ils Etoient decidés a retourner à leur Domicile, ce qui Fut Executé aussitôt par un tiers ou Environ de ceuX qui pouvoient Composer La Garde Malgré Les Réprésentations qui Leur Furent reiterées par le declarant de passer La nuit et de Faire le Service, que s’ils avoient certaines plaintes a Faire, Ils pouvoient les Faire après la garde descendue que du nombre des Refusants Il Reconnut Le n.é Marin Beaufrere AuberGiste de l’aGneau, Ie n.é Michel de Barutel quil ne peut connoitre que pour L’avoir entendu ainsi nommer, Le S.r Pierre Fils ainé, Le S.r fleury La Boulayes, que cependant ce dernier temoigna l envie qu’il avoit de continuer Son Service mais qu’il en Fut empeché par nombre de particuliers dont le nomme [ nom non déchiffré ] qui Le que le declarant n’a pu reconnoitre, qu’au surplus # [ rajout en fin de déclaration : # Le dit S.r Fleury La Boulayes ]  Il ne quitta Le Corps de Garde que d’après en avoir demandé permisSion à M. Dureau de la BuFFardiere Commandant de la division et au declarant auX quels Il Représenta qu’etant menacé de la part  de ceuX qui quittoient Le Corps de garde Sous Le pretexte qu’il avoit Signé Le Reglement Militaire Il CraiGnoit qu’il Lui #0 [ rajout en fin de déclaration : #0 ne ] Fut Fait un mauvais III [ rajout en fin de déclaration : III Party ] [ mot taché illisible ] qu’il Vit néanmoins avec SatisFaction que plusieurs de CeuX qui avoient quitté leur poste même le Factionnaire etoient revenus de manière que la Garde Se trouvoit encore Composée de vingt quatre Gardes trois Gardes nationale  Sans Y comprendre Le Capitaine et Le lieutenant du poste  ce qu’il dit M.e Dubois a declaré et a Signé.

                    DuBois

Est aussi Comparu Le S.r Etienne François Cheneviere M.d de cette Ville Y demeurant, Lequel nous á declaré que dimanche d.er sur Les neuf heures du Soir Il Se trouva en qualité d’adjudant a La Garde montante qu’au  même moment Il entendit un Grand Murmure et plusieurs particuliers qui devoient estre de garde Se plaindre de ce que les Dragons ne La Montoient pas, qu’au même Instant

32.e

Quelques uns de ceuX qui avoient d abord murmurés Et entre autres Marin Beaufrere, et Fleury La Boulayes dirent allons nous en que Marin Beaufrere Insista particulierement à ce que Les gardes nationauX qui ce Soir etoient de garde d abandonnassent leur poste, Le declarant adjoute qu’il entendit plusieurs Voix qui crioient Il Faut renvoYer les Dragons, qui est tout ce qu’il a declaré et a Signé   Cheneviere

Lecture Faitte des declarations cY dessus et des autres parts Et vu ce qui en Resulte Les DeuX Comités reunis ont arrestés que Marin Beaufrere aubergiste à L’agneau Sera constitué prisonnier dans les prisons de cette Ville pour deuX Jours et que le présent arresté Sera Executé Sans aucun delaY a quel effet, Requisitoire Sera donné à M. Le Commandant de la Mare chaussée

Fait Et arresté à L’Hotel de Ville Le Jour Indiqué en teste du présent

                                                 Louidé fils    Dureau

Abot          P Chauvin                                        Frebourg

Dureau de La Buffardiere    Hardoüin desnos      Le Balleur

Maufay    J Guibrel Lainé         Paris

G Peuvret   Petithomme      P  Bouteveille

G Bouteveille   Chenevier    Dubois            Petithomme   fils

Lair      DesaJeux                 Duprey

                                            Lieutenant           Renard

                                                                       Sc.re G.er»[3]                             


[1] Certes Mamers n’était pas une toute petite commune à l’époque ( plus de 6000 habitants ) mais on ne peut croire que les citoyens d’une même compagnie de la garde nationale puissent ne pas se connaître.

[2] Il existait un moulin de Barutel rue de Cinq ans.

[3] AD72 1MI 1343 ( R 130) – 110 AC 9, 11, 12 et 13.

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