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La Révolution Française à Nogent le Rotrou

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La Révolution Française à Nogent le Rotrou
  • Nogent-le-Rotrou et son district durant la Révolution française avec des incursions dans les zones voisines ( Sarthe, Orne, Loir-et-Cher voire Loiret ). L'angle d'attaque des études privilégie les mouvements sociaux et les archives locales et départemental
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Le Pére Gérard

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23 mai 2017

Le 10 mai 1791 à Mamers : Même mort Mirabeau sème la zizanie !

Honorer Mirabeau ou élire un maire ?

91-05-10 1 MirabeauLe mardi 10 mai 1791, le conseil général de la commune de Mamers se trouvait face à un choix cornélien : remplacer le maire et le procureur de la commune ou honorer Mirabeau qui avait eu l’idée saugrenue de trépasser.

La veille des délégués de la compagnie des chasseurs de la garde nationale avaient réclamé un Te Deum et un office pour célébrer le décès de Mirabeau[1] pour le 10 mai 1791. Des officiers et le procureur de la commune leur promettaient d’accéder à leur demande mais plus tard car le mardi 10 mai étaient convoquées les assemblées primaires de la ville pour remplacer le maire et le procureur de la ville démissionnaires (voir la séance du 29 avril 1791 ici ).

Mais si ses explications semblèrent satisfaire les délégués de la Compagnie des chasseurs (les citoyens Triger Hirbonde, Richard fils et Cleradin fils) ce ne fut manifestement pas le cas de leurs camarades qui demandèrent à rencontrer à nouveau le procureur de la commune deux heures plus tard pour lui signifier l’intention de la Garde nationale de célébrer la mort de Mirabeau le jour même (soit le lundi 9 mai 1791) et ce alors qu’une partie des gardes nationaux défilaient en ville au son du tambour et que la générale avait été battue durant une heure. Le procureur répéta à ces nouveaux députés ce qu’il avait déclaré aux précédents, à savoir : que c’était à la municipalité de faire chanter un Te Deum et non à des particuliers et que quant au service religieux en l’honneur de Mirabeau la tenue des assemblées primaires pour nommer un maire et un procureur était plus urgente.

Encore une fois les « raisons » avancées par le procureur de la commune ne convainquirent pas les deux compagnies de la garde nationale mobilisées puisqu’immédiatement après l’entrevue un Te Deum fut chanté en l’église Notre Dame. Le procureur de la commune demandait à la municipalité de faire cesser cette insubordination rappelant au passage que l’ancienne municipalité s’était vivement opposée, au mois d’août 1790, à la création des deux compagnies en question (voir la séance municipale du 13 août 1790 par là).

Le Lieutenant-Colonel de la Garde Nationale, le citoyen Lair, convoqué fournit à la municipalité des explications qui semblèrent le dédouaner, lui et son état-major) de toute responsabilité.

La municipalité condamnait bien évidemment ces actes surtout parce les cérémonies en question empêchaient de fait la tenue des assemblées primaires convoquées le même jour et qui devaient se tenir dans les églises de la ville. Mais peut-être n’était-ce pas une coïncidence ?

De plus la municipalité en appelait au directoire du département et informait l’assemblée nationale des faits. Il était demandé implicitement au département de suspendre les deux compagnies incriminées : «[…] à àrresté quil Seroit donné avis deCes faits audirectoire du dePartement Pour Le Supplier de RePrimer deuxCompagniesdont La naiSsance àƐté un acte deviolance […] ». La municipalité pointait les responsabilités particulières des citoyens Dubois, Hardouin etLe Balleur membres soit du tribunal du district soit du directoire du district.

Cet « affaire » ne doit sans doute rien à une volonté de s’opposer de quelque manière que ce fût à rendre hommage à Mirabeau encore assez peu contesté en ce printemps 1791. Mais ce fut sans aucun doute un « prétexte » faisant resurgir de vieilles rancunes certainement politiques mais peut-être aussi plus personnelles.

Signalons que les conflits entre municipalité et gardes nationaux et n’étaient pas rares en particulier les deux compagnies ici mises en cause (voir par exemple la délibération du 17 février 1791 dans laquelle la municipalité refusait de se soumettre à l’administration du département qui lui demandait de modifier un compte-rendu relatant une émeute contre les droits d’aide survenue le 12 décembre 1790. Cette dernière avança une explication plus ou moins plausible pour justifier son compte-rendu et tenta de faire porter la responsabilité de ce « faux » sur les commandants de la garde nationale et en particulier sur le Sieur Hardouin officier des chasseurs de la Garde-Nationale et membre du district. Voir la délibération ).

Garde nationale chasseur

« [En marge gauche au milieu du feuillet 56 :

      371

demande ƐtRefus Pour

faire Chanter untedeum]

aujourd’hui dixmay 1791 ƐnLaSsemblée Généralle delaCommune Convoquée Ɛnla manière ordinaire LeProcureur dela Commune adit MeSsieurs hier adeuxheures aPrès midyje fus Requis deme transporter Ɛnla maison Commune ouje trouvaiM M.Besniard et fleuryfaisantPartie du Bureau Municipal, M.LairCommendantde Lagarde nationnale etLes Sieurstrigerhirbonde, Richardfils etCleradin fils ChaSseurs ; M.Le Commendant fistPartdela demande que Les ChaSseurs PresentetƐnvoyès ParleurCompagnie il Lui faisoientde faire Chanteraujourd’hui un te deum etdemain faire faire un Service PourMrdemirabeau Ɛt nous distque Le Comité militaire Par deuxdeliberations Ɛt a une Grande majorité avoitarresté que Le Service deMirabeau Se feroittoutauSsitostLa nommination d’un nouveau Curé etque. Le Bureau MunicipalƐutadeciderSurLes Pretentions deCes MM.

jlfut RePondu que Letedeumne RegardoitnullementLagarde nationnalle ; que La municipalité auroit dejà

cinquante Septieme

ordonné Cette Ceremonie Religieuse Sans Labsence et la demiSsion deSon Maire mais quauSsitost Lanommination du nouveau il Seroitdeliberè a Ɛnfaire Chanter un

quantauService de Mrde Mirabeau il ne Pouvoit Ɛstre Celebré demain Mardy Puisque La nommination d’un Maire etd’un Procureur dela Commune avoitƐté fixée Cejour etjours Suivant, quelle avoit même Ɛté annoncé auxPrônes desdeux Ɛglises ƐtParLetambour dePuis Plus dehuitjours, qu’on les Prioitdattendre etquils Seroient Satisfait, Ces MM. Parurent Se RetirerContentdeCes[3] RePonses etdautresRaisons qui leur furentallegueés,

que Sur les quatre heures je fus Ɛncor Requis deme transporterà la maison deville etji [sic]trouvayLes Sieurs triger Receveurdudistrict[4], Bazin Son Commis, Guerin MdRüe Cinqans[5] Grenadiers, Perou ƐtBoutardChaSseurs, qui medirentquils ƐtoientdePutés ParLeurComPagnie PourPrevenir La Municipalité que Leur intention Ɛtoit de SaSsemblerPourdelibererSur un tedeumafaire Chanter, et un Service afaire faire a Mde Mirabeau jeleur fis des ReProches SurLeur manière de SaSsemblerƐtdavoir faitBattre La Génèralle dePuis une heurePour former Leur aSsemblée que dans CemomentPartie des Grenadiers Ɛtdes ChaSseurs alateste desquels Ɛtoit Mr Le Balleur faisoit des Ɛvolutions Militaires etque LetambourBattoittoujours jeleur déclaroit que quant autedeum. Cetoitala municipalité aordonnerCette Cérémonie etque des particuliers nePouvoientƐnfaire chanter aleur Gré, etque PourLe Service ils Pouvoient LefairefaireaPrèsLanomminationfixée ademain du Maire etdu Procureur dela Commune Laquelle ParoiSsoitPlus PreSseè que leService, ƐtCes MeSsieurs Se Retirerent auPrés deleurCompagnie aSsemblèesƐn Partie Surla Place des Grouas etƐntouré d’un Grand nombre de

cinquante huitieme

Citoÿens je me RetirayauSsi, etje fus Surpris dattendredaPPrendre que MalgLes Raisonsque jeleur avoient allegCes MM. SƐtoienttransPortè tambour Battant ChezMrdubois tambourCaPitaine Ɛn Second des Grenadiers Ɛt jugedutribunaldedistrict Lequeltoit mis aleurtesteƐtavoitdescendu àlƐglise denotre dame ouuntedeumavoitƐté Chanté ParLeur ordre Sansavoir Prevenu Mr LeCuré Ɛtaubruitdes Clochesdelaville quilsavoient ordonné defaire Sonner

Une insubordination auSsi Marquée delaPartde Ces deuxComPagnies qui avoientLors deleurs intallation Promis une insubordinSoumiSsion Sans Borne etdontLa formation Contre Levoeu delancienne Municipalité, navoit Ɛté accordée que Provisoirement ParLedePartement[6], merite votre attention MM.Ɛtque vous Preniez unPartiPourarresterdetelsƐxcésƐt aSigtrois mots Rayés nuls

                          Chartier

Lamatiere mise Ɛndéliberation il aƐté arresté que MrLe CommendantSeroitPrié de Se Rendre alinstantalhotel du [sic]La Commune Ɛt Si Ɛtant Rendu à Ɛté interPellé denous declarerSi dePuis LaPremiere Conference que Le Bureau municiPal avoit Ɛu avec lui ilavoitdonnè desordres ultérieurs auxdeuxComPagnies de Grenadiers etChaSseurs deSaSsembler etnous. ayantRePondu quils[fin de mot rayé[7]]Ne Setoient Pas même Presenté ChezLui Pour Ɛn obtenirLaPermiSsion, que Ce[8] matin Sur un avertiSsement quil Luiavoit Ɛté fait que Ses deuxCompagniesdevoientvenir demanderLes drapeaux dela Garde nationnale dePosés ChezLui il avoitConvoqSur LeChampL’ƐtatMajor et Les CaPitainesdes autres ComPagnies qui aPrès avoir Persistés dans Leur Prècédentarresté avoientdeclarés qu‛on ne devoit Pointdonner des drapeaux a une Partie isolée dela Garde qui Contrevenoit auxReglement+ [rajout en marge : + que daPres DePareils desordres Ces officiers avoient même declarés vouloir CeSsertouttes ƐsPeces deServices LairlieutenantColonel]. Ɛt aSig

                      LairLieutenantColonel

cinquante neuvième

Surquoy Lamatiere mise endeliberation – Considerantque Les GrenadiersetChaSseursCommeCitoÿens ne Peuvent ordonneretfaire Ɛxecuter une Ceremonie Publique et Solennelle de Religions Sans une ordonnance du CorPs municipal auquelle ils ne Peuventque Presenter une Petition a CetƐgard que Comme membre delagarde nationnalle dont ilsfont Partie ils nontContrevenirades arrestés duComité militaire qui a ReculoitCette Ceremonie aune ƐPoque determinée ;

Considerant que CetteLe double Ɛxemple d’insubordination Ɛst Plus RePrehensible et Plus dangereux dans des Personnesdestinés amaintenïr Le ResPect s auxLoix etauxCorps administratifs

Considerant Ɛnoutre que Lobstination afaire Celebrer un Second office Publique dans Lelieu etalheure indiquer PourLaConvocation d’une aSsemblée Primaire indiqués auxPrônesaleffetdenommer un Maire etdont on leur à RaPPelé Le Souvenir Ɛst une violation manifeste desdroits dela Commune Ɛt des decrets delaSsemblée nationnale que dans Ces deuxCirconstances Lordre de faire Sonner Les Cloches Sans Laveu deM. LeCuré qu’ils n’ont Prevenu ni del’une et l’autre Ceremonie est une infraction dePlus auxformes et auxRegles

à àrresté quil Seroit donné avis deCes[9] faits audirectoire du dePartement Pour Le Supplier de RePrimer deuxCompagniesdont La naiSsance àƐté un acte deviolance (ainsi quil Paroist ParLes Requestes Presentée dans Letemps)[10] dontLa formation n’aƐté Consentie que Provisoirement etqui Continue dedevelopper des PrinciPes dinsubordination ; Pour Lui RePresenter[11] que tantque Ces Compagnïes SubsisterontL’union ne PeutavoirLieu dans lagarde nationnalle dans laquelle ilsviennent Ɛncorede RePandre une Semence  dedivision Ɛn S’isolant d’Ɛlle Pourfaire Celebrer un  le tedeum[sic] et Le Service ƐtƐn Contrevenant ades arrestés duComité Militaire delagarde nationnale Comme il Paroist ParLadeclaration de MrLelieutenantColonel quinous aSsura queLes officiers vouloient CeSser Le

 

Soixantième

Service Sijlsnobtenoient justice

ƐxPosés que MM. Dubois, hardouin,Ɛt Le Balleur dontLe Premier est[12] juge dutribunal dedistrictdeMamers, Conserve Ɛncore Letitre dofficier des Grenadiers et Ses [sic] mistalatestede Cette ComPagnie Pour faire Celebrer Le tedeum : que Le troisiemeSuppleant dumême tribunal et [sic]actuellement Ɛn Ɛxercice Ɛn RemplaçantmrPeliSson degennes[13] membre delaSsemblée nationnale SestƐgallement Presenté Comme officier dela même ComPagnie etque LeSecondmembre dudirectoire dudistrictaSigne Comme CommiSsaire dans LeBilletdinvitation desdeuxComPagnies

arresté Ɛnoutre[rajout au-dessus : conséquence]que CoPPie dela Presente deliberation SeroitƐnvoyée alaSsemblée nationnale Ɛtauxdirectoires du dePartement etaCelui du DistrictdeCette ville

fait et arresté Lesjour etan que deSsus ƐnaSsistance denotreSreGreffier 

Luce de rocquemont                 Chenais                      Besniard

LeMarieux          Mortier     fleury       Bremont

   Nibelle                    Bernier[14]                 Petithomme

J Guittrel            Abot

                                    Petithommefils

                                            Scre Gffer»[15]

91-05-10 1 vue 1

91-05-10 1 vue 2

91-05-10 1 vue 3

91-05-10 1 vue 4

Séparation 2



[1] Mirabeau était mort le 2 avril 1791.

[3] Le « C » est en surcharges sans doute d’un « S ».

[4] Qui ne doit pas être la même personne que le Sieur Triger Hirbonde cité précédemment.

Remarquons que cette seconde députation était différente de la précédente.

[5] Rue qui existe encore et qui n’a pris une ride !

[6] Ici le procureur de la commune évoquait un long conflit ayant opposé les gardes nationaux et la municipalité durant le mois d’août 1790 concernant la création de ces deux nouvelles compagnies, une de grenadiers et une de chasseurs ( voir entre-autres la délibération du 13 août 1790 ici), conflit allant jusqu’à la provocation en duel du colonel de la Garde nationale de Marmers (voir la séance du 11 août 1790 ).

[7] Ici il y a eu des modification la fin du mot fut biffé et le N de « Ne » noté en surcharge.

 Le « ils » devant désigné les responsables des deux compagnies citées.

[8] On peut lire « Ce » ou « Le ».

91-05-10 1 detail 1

 

 

 

 

 

 

[9] Le C de « ces » en surcharge d’un S.

[10] Sont évoqués ici les événements survenus en août 1790 ayant aboutis à la mise en place des deux compagnies de Gardes nationaux mises en cause ici (voir la séance municipale du 13 août 1790par là).

Mise ne place qui manifestement restait au travers de la gorge des officiers municipaux, même si entre-temps la municipalité avait changé.

[11] Début du mot en surcharge.

[12] Le mot «est» est au-dessus d’un mot rayé non déchiffré :

91-05-10 1 détail 2

 

 

 

 

 

 

 

[13] Qui lui aussi avait été au centre d’inimitié tenances entre lui et la municipalité (voir par exemple la séance du 18 janvier 1790 voir par ici). Citer son nom n’était peut-être pas dû au hasard.

[14] Lecture peu assurée ou « Besnier » :

91-05-10 1 détail 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[15] AD72 1 MI 1343(R131).

 

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