Le clergé sarthois en révolution 1789-1794 ( 3 ).
2. 1791 : La déchirure.
1. Premières lois concernant la religion bien acceptées.
Les premières lois concernant l’Eglise furent bien acceptées par la population.
La mise à disposition des biens du clergé adoptées le 2 novembre 1789 satisfaisait même la population en répondant à des vœux assez souvent émis dans les cahiers de doléances (au moins pour les biens du clergé séculier). Nulle part les ventes ne furent entravées et à la fin de l’année 1791 plus de la moitié des biens était vendue. Et même sur les 4 734 acquéreurs (sur un total 7 500 acheteurs dénombrés) dont l’abbé C. Giraud donne l’activité 206 appartenaient au clergé (138 curés, 30 vicaires, 23 prêtres habitués, 11 religieux et 4 chanoines la grande majorité étant assermentés)[1].
La première vente eut lieu à Mamers le 27 décembre 1790. Les premières ventes sont annoncées avec éclat afin d’«[…] affaiblir les doutes que quelques gans malintentionnés cherchent à semer dans le public, sur la solidité de ces acquisitions […] »[2] Ainsi à La Ferté-Bernard, selon les Affiches du Maine du 24 janvier 1791 : «[…] le premier acquéreur a été complimenté par le président du district et en a reçu un bouquet et une cocarde aux trois couleurs nationales ; à chaque adjudication, on a fait une décharge d’artillerie et les cloches ont été mises en volée ; le soir l’Hôtel du directoire et toute la ville ont été illuminés et les citoyens se promenaient dans les rues au bruit des tambours et au son des différents instruments de musique en criant […] »[3]
Quant aux lois qui supprimaient les ordres et congrégations exigeant des vœux solennels (13 février 1790) ou les chapitres (décret du 12 juillet 1790 que le département fit appliquer le 26 novembre de la même année) ils laissaient la population largement indifférente.
Les religieux réguliers quittèrent leurs maisons sans incidents, la plupart abonnant en même temps état, seule une minorité choisit de continuer la vie commune. La maison de Beaulieu, dans les faubourgs du Mans, fut désignée pour les accueillir.
Les chanoines composant les chapitres de Saint-Julien et de Saint-Pierre-la-Cour s’inclinèrent en décembre 1790 après des protestations qui laissèrent totalement indifférent.