Champrond-en-Gâtine 1789-1793 : révolution et religion, des rapports tendus.
Champrond-en-Gâtine 1789-1793 : du rififi dans la sacristie. Tabernacle !
Le bourg de Champrond-en-Gâtine, à mi-chemin entre Chartres et Nogent-le-Rotrou, ne connut pas (tout au moins à notre connaissance) de mobilisations sociales, comme des émeutes de marché, durant les premières années révolutionnaires contrairement à d’autres cantons du district de Nogent. Ici, les oppositions politiques se cristallisèrent autour des problèmes religieux surtout au moment de la mise en place de la constitution civile du clergé mais aussi durant la période dite de « déchristianisation » pendant les premiers mois de l’an II de la république.
1. Un curé opposé au nouveau cours…
Le curé de Champrond-en-Gâtine, Julien Le Comte, fut un agent actif de l’opposition à la constitution civile de clergé[1] dans le district de Nogent-le-Rotrou dès le printemps 1791. Il s’agissait de sa part d’une opposition plus générale au nouveau cours des choses, tout au moins en ce qui touchait la religion, qui pour lui remontait au moins à l’été 1789 lors de l’abolition des dîmes. En observant la carte du refus de serment dans le district de Nogent on constate une relative importance de ce phénomène dans le canton de Champrond et celui voisin de Thiron-Gardais, alors que l’on ne comptait que 28.5% de communes dans lesquelles ll y avait des prêtres (ou des vicaires) réfractaires sur l’ensemble du district, dans les cantons de Thiron et Champrond ce pourcentage s’élevait à 55%[2]. A quelques exceptions près tous les prêtres réfractaires exerçaient leur ministère dans des paroisses voisines les unes des autres. Seulement 4 vicaires refusèrent de prêter le serment dans l’ensemble du district de Nogent-le-Rotrou en même temps que leurs curés (soit seulement 10% seulement de réfractaires chez les vicaires) sur ces 4 vicaires réfractaires nous comptons le vicaire de Champrond-en-Gâtine, Tombelaine ainsi que celui de St Victor – de – Buthon, Gondi.
Communes dans lesquelles le curé fut réfractaire en 1791[3].
Souvent quand les prêtres réfractaires devaient quitter leur paroisse et céder la place à un nouveau curé, ceux-ci faisaient souvent tout pour rendre son installation difficile.
Le sieur Fabre, curé réfractaire de Marolles, canton de Thiron-Gardais, était parti « […] en emportant armoire, portes, alcoves, boisures du presbitère […] »[4]. A Brunelles, canton extra-muros de Nogent, l’ancien curé avait emmené un calice de vermeil avec sa patène[5].
L'installation des prêtres constitutionnels nouvellement élus se déroula durant les mois de mars et avril 1791.
Dans ces quelques paroisses rurales les autorités constituées se montrèrent réticentes à faire exécuter la loi.
Toujours à Brunelles, Le Sueur, nouveau curé et ancien vicaire de Vichères, fut installé dans sa cure le dimanche 10 mars 1791. Le maire de la commune, Jean Gatineau, s’opposa à cette installation. Le Sueur n’avait pas l’âge requis selon Gatineau, pour remplir les fonctions curiales. Une ordonnance du tribunal du district, datée du 15 mars 1791, confirma la nullité de l’élection de Le Sueur. Il fallut un arrêté départemental, le 22 avril 1791, pour confirmer et valider l’élection du nouveau curé.
A Montireau, le nouveau curé, Mithouard ex – vicaire d’Authon, se présenta pour prendre possession de sa cure le 10 avril 1791. Il éprouva « […] toutes les difficultés à se procurer les ornements nécessaires à la célébration du culte, ainsi que l’habitation et dépendances du presbitère qui auraient du être libres [… les officiers municipaux…] n’ayant pas fait exécuter les dispositions de la loi […] »[6]. En effet, et le sieur Calbry, ancien curé de Montireau, canton de Champrond-en-Gâtine, occupait sans doute encore les lieux car il se présenta devant le directoire du district quelques jours plus tard, le 15 avril 1791, afin de « […] rétracter les restrictions par lui insérées dans le serment qu’il a prêter le Dimanche 26 février 1790. Il offre de réïtérer son serment entre les mains de la municipalité où il pourra fixer son domicile […] »[7]. C’était sans aucun doute un moyen d’empêcher l’installation du nouveau prêtre constitutionnel, mais peut-être venait-il de s’apercevoir que l’état n’accordait que 500# par an aux curés destitués contre 1 200# à ceux en exercice. Mais cette démarche fut vaine, le sieur Mithouard occupa la cure certes pas pour longtemps, une délibération municipale précisait à son propos, en juin 1792, qu’il était « démissionnaire depuis longtemps »[8].
Ce ne fut aucune de ses stratégies que choisit Julien Le Comte, il fut plus subtil si ce n’est « perfide » cherchant à détourner ses paroissiens de l’intrus insinuant que les sacrements et confessions qu’il effectuerait seraient sacrilèges[9].
2. Avril 1791 : Le Comte à rebours…
L’activité contestatrice fébrile du Sieur Le Comte ne fut pas au goût de tous dans la commune, à commencer par la municipalité mais pas seulement. Au début du mois d’avril 1791, il fut dénoncé au tribunal du district de Nogent-le-Rotrou pour s’opposer aux décrets de l’assemblée nationale, surtout ceux concernant la réorganisation de l’Eglise.
Le mardi 5 avril 1791, le procureur de la commune de Champrond-en-Gâtine, Jean François Gauthier « […] Cherissant la nouvelle Constitution du Royaume decretée par L assemblée nationale, Et abhorant Tous les Ecrits Et les propos qui y peuvent porter atteinte […] »[10] portait au tribunal du district une dénonciation circonstanciée sur la « Conduite insendiaire du Sieur pierre Julien Lecomte curé de cette paroisse de ChampronD »[11]. La listes des faits reprochés à Julien Le Comte était longue :
- l’assemblée nationale serait composée de juifs et de protestants ou de personnes sans foi,
- les prêtres constitutionnels damnés et leurs sacrements nuls,
- il aurait lu à la Grand-messe du dimanche 20 mars 1791 une lettre du Pape blâmant la conduite de l’évêque constitutionnel de Sens[12].
- Il lui était reproché notamment de faire pressions sur les enfants du catéchisme pour qu’ils ne se confessassent pas aux prêtres assermentés même si leurs parents leur commandaient dans ce dernier cas ils devaient désobéir,
- Ils ne devaient également ne pas se faire confirmer par l’évêque constitutionnel de Chartres[13].
- Julien Le Comte tenait les mêmes discours chez les particuliers, allant jusqu’à affirmer que l’Eglise constitutionnelle était celle de Satan et bien entendu il qualifiait les prêtres assermentés d’intrus.
Son opposition au nouvel ordre des choses était ancien en effet dès l’été 1789, il aurait annoncé en chaire qu’il ne pourrait plus continuer à faire l’aumône après la suppression des dîmes[14] et depuis il disait aux pauvres de s’adresser à la nation par contre depuis la mise en place de la constitution civile du clergé « [… ] Il s’est montré Charitable aupres d’euX [ les pauvres ] plus quil ne Lavait Jamais fait, à Eté Et va Journallement leur Donnent argent, pain, le vin, En leur assu assurant que Tout ce qui Est CheZ LuY Est a leur Service […] »[15]
Deux jours plus tard, le jeudi 7 avril 1791, l’accusateur public du tribunal du district de Nogent, le Sieur Dugué dit Le jeune, demandait à être dispensé des poursuites contre Julien Le Comte en raison de ses liens de parenté avec ce dernier. Le commissaire du roi près le même tribunal, le Sieur Guéroult des Chabottières, requérait en conséquence qu’il fut nommé quelqu’autre homme de loi pour remplacer Dugué le jeune dans cette affaire, ce fut le sieur Devasconcelle, avoué auprès de ce tribunal, qui remplit donc la fonction d’accusateur public dans cette affaire[16]. En conséquence ce fut ce dernier qui déclara réception de la dénonciation le jour même et le lendemain, 8 avril 1791, porta plainte contre Julien Le Comte en reprenant la dénonciation de Jean François Gaulthier procureur de la commune de Champrond-en-Gâtine[17]. Le jour même le tribunal accordait au Sieur Devasconcelle « […] acte de la Plainte et PermiSSioN d’inFormer devant la S.r Godet l’un Des Juges, pour d’après l’InformatioN et les Constatations du CommiSSaire du Roi être fait et Statué ce qu’il aPPartienDra […]». Le jour même le juge Godet ordonnait d’assigner les témoins à comparaitre dès le lendemain huit heures à l’auditoire de Champrond-en-Gâtine[18].
Le samedi 9 avril 1791 les sieurs Henri Fonte, huissier au ci-devant baillage de Champrond et Denis François Chaline, huissier audiencier du tribunal du district citaient à comparaître 15 témoins tous demeurant à Champrond-en-Gâtine : Marie Jeanne Diet veuve du cabaretier Jean Passard[19] ; la demoiselle Antoinette Paradis lingère et petite fille de la suivante ; la dame Tabarin épouse du notaire Georges Pierre Pileux ; la demoiselle Marie Jeanne Pinet, le sieur Petit, cloutier, et sa femme ; Jean Clouet, cloutier ; Aimée Paradis ; le « nommée » Boullay[20] ; maître Antoine Adrien Bordeau, notaire ; le Sieur Thibault, tailleur d’habits ; la veuve du sieur La Fosse, marchande ; Sœur Agnès de Saint Maurice de Chartres ; Jean Louis Hebert fils, cloutier et tressilier[21] ; et le nommé Pilliard, marchand[22]. Cinq des quinze témoins demeurait chez le notaire Champronnais maître Pileux (outre lui-même et son épouse, la Dame Tabarin, la demoiselle Pinet). De plus de Antoinette Paradis, la lingère, habitait au domicile dudit notaire de même que Marie Aimée Paradis âgée de 14 ans, toutes deux petites filles de la dame Tabarin. Ledit maître Pileux se trouvait être également le commandant de la garde nationale de la commune de Champrond et notable de la municipalité, c’est-à-dire membre du conseil général de cette dernière[23], l’autre notaire champronnais appelé à témoignage, Me Antoine Adrien Bordeau, était lui aussi membre de la municipalité en qualité d’officier municipal.
A ces quinze premiers témoins étaient adjoints quatre autres demeurant au hameau de Beaurepaire toujours sur la paroisse de Champrond-en-Gâtine, également informés de leur citation par les deux mêmes huissiers, le même jour : Jean Boullay, marchand de bois, et sa fille Jeanne ; Michel Damoiseau, bordager (paysans « moyen ») ; Jean Pajot, journalier (ouvrier agricole)[24].
L’audition de la vingtaine de témoins cités à comparaître se déroula les samedi 9 et dimanche 10 avril 1791 en l’ancien auditoire de l’ex-Seigneurerie de Champrond en présence des sieurs Pileux, notable de la commune et Pierre Boulay, officier municipal de Champrond remplaçant les notables adjoints de Nogent. Dès neuf du matin le samedi 9 avril, l’audition des témoins commença par celle de Jeanne Diet veuve Passard[25]. Cette dernière confirmait que lors de la grand-messe du dimanche 27 mars précédent, que Julien Le Comte déclama en chaire « […] contre les membres de l’assemblée nationale, diSant qu’ils Sont protestants et toute Sortes de gents ; que cette aSsemblée nationale ne Sembloit + formée que pour troubler Le repos de l’Eglise que les prêtres qui ont prété le Serment, ne l’ont Fait que pour Se procurer des Bénéfices, qu’il Sont incapables d’administrer les Sacrements ; que lui S.r Curé n'Estant dependant que du Pape et de M Lubersac Son Evêque[26], qu’il ne connoit point pour remplir cette FonctioN M Bonnet nouvellement Elu, qu’il ne donnera démiSsion de la Cure qu’à Mgr Lubersac ; […] ». Elle ajoutait de plus « [….] qu’elle Sait auSsi que le S.r Curé aFFecte maintenant Des Charités, particulierement à la veuve Vobis à laquelle il remet Souvent jusqu’à vinGt quatre Sous[27] […] »
Ce premier témoignage fut suivi de celui d’Antoinette Paradis, petite fille de la dame Pileux chez laquelle elle vivait. Cette déposition, assez longue et circonstanciée, présente l’avantage de rapportée les paroles tenues par Julien Le Comte tant en public à la messe du troisième dimanche de carême (soit le 27 mars 1791) qu’en privé chez une religieuse, sœur Agnès qui tenait les « petites écoles » au bourg de Champrond[28].
Voici ce qu’aurait déclaré Julien Le Comte lors de la grand-messe le 27 mars 1791, selon le témoin :
« […] que le troisieme dimanche de Caréme le S.r le Comte après le prône fit lecture de lEvangile du jour qui renfermoit ces parolles, que toutes maison divisée contre elle-même tomberoit en ruine, et que tout le Royaume divisé contre lui-même Seroit détruit ; que dans le temps actuel on voyoit malheureusement l’Eglise divisée contr’elle-même et que l’on voYoit l’Eglise de Satan S’elever contre celle de Jesus Christ ; que S’adreSSant à Ses auditeurs il leur dit : Je Crois vous entendre dire ; il y a des prêtres qui pretent Serment et d’autres qui ne le pretent paS, mais ils ont Pourtant reçu le même Pouvoir, cela est vrai dit il, maiS vous Savéz que Jesus Christ a dit qu’il falloit qu’il y eut du Scandale, et que ce Scandale étoit causé par les Prêtres qui ont prêté le Serment ; que dans la même prédicatioN il exhorta Ses ParoiSSiens à payer les impôts ; mais que l’aSSemblée Nationale n’avoit pas le droit de rien décider Sur le clergé, que cela ne la reGardoit point ;qu’Encore dans la même PrédicatioN il avança qu’il declaroit, autant qu’il etoit en Son pouvoir que les messes que dîroîent les pretres aSSermentés Seroient nulles, et que les Confessions et Sacrements qu’ils administreroient seroient autant de Sacrilèges ; que Si aucun de Ses Habitants ne vouloit point aller à conFesse à lui, il pouvoit se presenter chez lui, il lui donneroit un Billet pour S’adresser à un prêtre qui n’auroit point prété Serment, et qu’il ne conseilloit pas de Communiquer avec des prêtres aSSermentés ; qu’il representa auSsi que le nombre
Cinquiême page anne Antoinette paradis
[Chaque bas de page signé : Boullay Sileux Joubert Godet ]
De ceux qui ont prété Serment etoit grand, mais qu’on Savoit qu’il y avoit beaucoup d’appelés et peu d’Elus ; qu’auSsi dans la même prédicatioN, il répeta que comme l’aSsemblée nationale, laSSemblée des Electeurs qui a procedé à l’Election Du nouvel Evêquen’etoit composé que de protestants, de JuiFs et gens Sans Foi et Sans reliGion […] »
Ensuite le témoin rapportait une conversation privée qui s’était tenue le même jour, sans doute en après-midi, au domicile de sœur Agnès qui, d’après le témoin, eut lieu en présence d’un habitant de Champrond, un nommé Dazeth. Au cours de la conversation Sœur Agnès se railla du curé de Champrond : « […] revenant Sur le Serment que lui S.r Curé avoit Fait ce même jour à la grande messe, la Sœur agnès le felicitant sur la Facilité quil avoit montrée auJourd’hui dans Sa predicatioN, tandis qu’autrefois il ne pouvoit rien Dire en chaire qu’avec le Secours d’un Livre le S.r le Comte lui rePondit : qu’il falloitbien qu’il eut été inspiré du St Esprit, puisqu’il n’etoit Point Préparé en montant En Chaire […] ». Dans cette conversation, la sœur prit la défense des décrets de l’assemblée affirmant qu’ils ne portaient atteintes aux dogmes de la religion ce que contesta Julien Le Comte. Il qualifia l’évêque constitutionnel de Chartres de coquin[29] : « […] elle déposante [Antoinette Paradis] raconta pour nouvelle que l’on diSoit à Chatres que le S.r Ferrant ci devant Chanoine et Supérieur de la maison de la ProviDence avoit fait un nouveau Cathéchisme dans lequel on faisait la questioN, qui est à ce jour l’Evêque de Chartres ; que la rePonse etoit : c’est M. Bonnet Elu par la Populace autrement dit l’intrus ; que le S.r le Comte repondit qu’il disoit plus que l’abbé ferrant : qu’il disoit qu’il etoit Coquin, parce qu’il n’y avoit que des coquins qui pussent accepter des Places comme cela ; […] ». Enfin, il conseilla à la déposante et à sœur Agnès de ne pas communiquer avec les prêtres assermentés, « […] donnant à entendre que ceuX qui n’avoient point prété Serment, etoient les Seuls élus de Dieu […] ».
Puis venait déposer une parente du témoin précédent, peut-être même sa sœur cadette, Marie Aimée Paradis âgée de 14 ans demeurant chez son aïeule la dame Pileux, tout comme Antoinette Paradis. Cette dernière confirma le fait que Julien Le Comte affirmait au cours du catéchisme que les sacrements et confessions des prêtres réfractaires étaient nuls. Elle déclarait en l’occurrence «[…] que se rendant aSSiduement au Cathechisme que fait le S.r Le Comte et preparatif de La prémiere communioN des enfants de cette paroisse, il leur dit et a repété plusieurs foiS qu’il ne Falloit point recevoir de Sacrements ni aller a conFesse au curé qui viendroit, parce que ces Sacrements et conFessions Seroient nuls que ce Seroit commettre des Sacriléges ; qu’il Falloit # [ rajout en fin de témoignage : # mieux ] recourir à troiS lieues de distance pour Y trouiver un Prêtre qui n’auroit Point prété le Serment, que d’aller à ceuX qui l’auroient prété
[…] »[30]
Ces dires de Julien Le Comte furent confirmés par le marchand cloutier au nom prédestiné Jean Clouet[31], par le cloutier Pierre Petit[32] et sa femme Denise Philippe[33], par Anne Genevieve Tabarin épouse du notaire champronnais Georges Pierre Pileux[34], par Marie Jeanne Boulay âgée de dix ans et demi[35],par Jean Louis Hébert âgé de quatorze ans, apprenti cloutier[36]. Antoine Adrien Bordeau, notaire à Champrond comme le sieur Pileux, confirmait que Julien Le Comte avait lu en chaire un écrit contenant des principes opposés à la constitution ajoutant que la nouvelle Eglise était celle de Satan et qu’il se considèrerait curé de Champrond tant qu’il n’aurait fait sa démission auprès de Mgr Lubersac, l’ancien évêque réfractaire de Chartres…Maître Bordeau ne pouvait en dire plus sur le contenu du reste du discours de Le Comte parce «[…] que mécontent du Debut de la prédicatioN du S.r le Comte, il fit en sorte de ne rien entendre d avantage […]»[37]. La supérieure de la maison de Saint Maurice de Chartres au bourg de Champrond, dite sœur Agnès en religion, faisait une déposition courte mais qui confirmait en tout point les témoignages des autres déposants[38]. Le marchand Nicolas Piliard, demeurant à Champrond, déposait dans le même sens que tous les autres témoins précisant qu’au cours d’une conversation particulière s’étant déroulée chez lui, Julien Lecomte lui aurait demandé de «[…]lui fournir et faire faire Des Habillements pour des Pauvres[…] » en outre de lui avoir affirmé que les confesses et sacrements des prêtres réfractaires seraient nuls précisant, pour s’en démarquer, que le sieur Le Comte appelait ces dernier «[…] des intrus en réunion dans le […] »[39]. Le tailleur d’habits de Champrond, Jean François Thibault précisait qu’il jugeait les propos tenus en chaire par Julien Le Comte quinze jours auparavant inciviques : «[…] qu’au Surplus il a reconnu dans le discours du S.r Curé une affectioN d’outrager la natioN […] »[40]
De tous les témoins comparaissant ce samedi 9 avril 1791, seule Marie Rousseville[41] ne chargea pas Julien Le Comte mais cependant son témoignage ne contredisait pas les précédents : « […] Depose Sur les Faits contenus es dites pieces n’avoir autre ConnoiSSance, Sinon qu’elle a Entendu dire au S.r Curé, un dimanche qu’elle ne peut Se raPpeler, qu’il Falloit Payer les impots decretés par l’aSsemblée nationale, que dans cette assemblée natîonale il pouvoit Se faire qu’il Y eut des Protestants et Des JuiFs ; que n’aSsistant point au Cathechisme ni au commencement de la meSSe, elle ne peut Savoir ce qui S’Y dit […] »
L’audition des témoins se poursuivit au même endroit le dimanche 10 avril 1791 à partir de dix heures du matin. Etait d’abord entendu Jean Pajot, journalier demeurant à Beaurepaire, écart de la commune de Champrond-en-Gâtine, lequel fut le seul de tous les témoins cités à déclarer « […] n’avoir aucune connoiSsance des faits[…]»[42], déclaration qu’il n’est pas facile à interpréter : soit ignorance réelle de ce qui était reproché au curé Julien Le Comte, soit manière de ne pas vouloir le charger… Par contre les autres témoins convoqués, Michel Damoiseau bordager[43], Jean Pierre Boulays[44], marchand de bois et sa fille de 12 ans Marie Jeanne Catherine[45], tous demeurant à Beaurepaire, confirmèrent les accusations et les dépositions enregistrées la veille. Le Sieur Boulay précisant que Julien Le Comte préconisait de s’adresser, pour recevoir les sacrements, aux curés de Montireau, du Thieulin ou de Courville, voire même qu’il vaudrait mieux aller jusqu’à Chartres. Cette précision dessine assez bien une carte des réfractaires de la région avec lesquels Julien Le Comte était, sans peu de doute, en liaison. Mais son écartés d’autres paroisses assez proches (en tout cas plus que Chartres) dans lesquels le curé était réfractaire, notamment Frétigny ou Saint-Victor-de-Buthon. Sans doute que Julien Le Comte et peut-être ses paroissiens se tournaient plus volontiers vers la Beauce et Chartres que vers le Perche nogentais.
Suite à cette information, le Sieur Devasconcelle, accusateur public en lieu et place du Sieur Dugué-le-jeune, rédigeait dès le lendemain, lundi 11 avril 1791, une requête tendant à décret aux juges du tribunal du district de Nogent-le-Rotrou[46]. Le mardi 12 du même mois, le commissaire du roi près le tribunal de district, le Sieur Guéroult des chabottières, rendait ses conclusions visant à décret de prise de corps contre Julien Le Comte[47] et a saisi de ses biens. Ledit décret était rendu le jour même par les juges du tribunal du district, Julien Le Comte conduit aux prisons de ce tribunal au château de Nogent[48].
Le jeudi 14 avril 1791, le sieur Godet, juge au tribunal du district, chargé de mener l’instruction, se rendit aux prisons de Nogent accompagné de son greffier, le sieur Labbé, afin de donner connaissance à l’accusé des pièces constitutives du dossier, ce dernier déclara ne pas encore être fixé s’il choisirait un conseil et après un premier refus d’avoir copie des actes d’instruction se ravisait au dernier moment et demandait que lui furent communiqués « […]Copies de L acte de Denonciation, de la plainte Rendue Contre lui Et du Cahier D’information[…]»[49]
Le lendemain, vendredi 15 avril 1791, le même juge commis à l’instruction, Jean Pierre Godet, procédait à un interrogatoire Julien Le Comte au tribunal de district. Ce dernier répondit à la plupart des questions à lui faite «[…]ne pas S’en raPpeler […]», voire nia totalement. Cependant il répondit de façon moins laconique à quelques interrogations[50]. Ainsi à propos de l’affirmation que les prêtres assermentés formaient l’Eglise de Satan:
« […] a repondu qui [ sic ] l’Eglise de Satan dont il est parlé dans l’Evangile a été par lui aPpliqué à certaines personnes de sa paroisse[51] qui y repanDoient une FauSse doctrine, en Disant que le Sacrement de Pénitence etoit inutile ainSi que les messes et que Jesus Crist n’etoit point né d’une vierge et non aux prêtre qui ont prété le Serment […] ».
Et un peu plus loin dans l’interrogatoire il niait avoir dit aux enfants du catéchisme qu’il y avait une Eglise de Jesus et une Eglise de Satan :
« […] A rePondu qu’il ne Se raPpele pas avoir fait la distinctioN de ces deuX Sortes d’Eglise, mais qu’il a Seulement Fait la distinctioN expliquer aux Enfants qui n’ont Pas Fait leur Premiére Communion ce que c’est qu’un Heretique et un SchismatiquE […] »
Interrogé s’il avait déconseillé en chaire, ou en particulier, à ses paroissiens de s’adresser aux prêtres assermentés, qu’il valait mieux qu’ils allassent au loin auprès de prêtres non assermentés. Il niait avoir tenu ses propos en chair « […] mais par manière de conversatioN en particulier quelques uns de Ses Habitants lui representant que Désormais ils N iroient plus à conFesses,+ [ rajout en fin d’interrogatoire : + il leur dit que ] L’obligatioN de S’acquitter des devoirs ne leur etoit pas pour cela otée, et qu’ils devoient se pourvoir à d’autres prêtres à deuX ou trois lieues, S ils ne Pouvoient Pas Faire autrement […] »
A la question s’il avait affirmé ne reconnaître d’autre autorité que celle du Pape et de Mgr Lubersac, il répondait par l’affirmative concernant ce dernier et ne reconnaissait pas avoir parlé de l’autorité du Pape. Autorité de l’évêque réfractaire de Chartres qu’il confirmait dans sa réponse à la question suivante se montrant méprisant vis-à-vis du nouvel évêque constitutionnel, Mgr Bonnet, dont il affirmait ne pas avoir prononcé le nom :
«[…] Interrogé Si de même il n’a pas dit qu’il ne reconnoîtroît pas le S.r Bonnet nouvellement Elu Evêque et qu’il ne donneroit Sa DémiSSioN qu’en les mains du S.r Lubersac
A repondu qu’il ne Se raPpele pas avoir proféré le mot de M.r Bonnet dans Ses instructions, et qu’il est bien vrai qu’il a Dit que S’il Se portoit à Donner Sa démiSSioN, ce Seroit dans les mains de M.r de Lubersac comme Etant celui De qui il a reçu Sa miSsioN […]»
D’ailleurs il reconnaissait avoit dit du Sieur Bonnet que c’était un « coquin »[52] en modélisant tout de même ce terme, affirmant «[…] ne Se raPpeler avoir dit que M.r Bonnet n’avoit disoit on jamais été Soumis a Ses Evêque ; qu’il n’etoit point Surprenant qu’il eût accepté cette place la 2 [ rajout en fin d’interrogatoire : 2 ayant disoit oN une doctrine particuliêre ] et qu’il pouvoit S être Permis de dire qu’il etoit un coquin aYant ma doctrine Particulière […]»
Il niait, ou plutôt disait ne pas se rappeler avoir dit que certains des prêtres jureurs étaient de « dévoreurs de bénéfices » et affirmait n’avoir jamais voulu blesser l’autorité de l’assemblée nationale et rétractait toute affirmation désobligeante qu’il aurait pu tenir :
«[…] InterroGé Si dans Ses prédications il n’a pas dit que des prêtres qui ont prété le Serment, il y en a de toutes Sortes, les uns L’ont fait par ignorence [ sic ], D’autres pour Se Procurer Des Secours, et les autres pour ravir et dévorer des Bénéfices
a repondu quil a dit quil entenDoit par ceuX qui l’avoient prété par ignorence, un defaut d’Examen de la matiêre, et les autres par craînte ; qu’il ne Se rePpele pas avoir diT que les autres l’eussent prété pour devorer des Bénéfices
aJoute que dans toutes Ses instructions Publiques comme particulieres, il n’a jamais Eu intentioN de BleSser l’autotité de l’aSSemblée nationale, mais uniquement De Se justifier dans l’esprit de Ses habitants Par rapport au refus qu’il faisoit de préter le Serment purement et Simplement. qu’au Surplus Sil S’est Servis de quelques termes ou ExPreSSion déplassés, qu’il les deSavoue et les retracte […]»
Il reconnaissait avoir affirmé qu’il ne pouvait être démis de ses fonction de curé de Champrond que par une démission volontaire[53]: « […] InterroGé S il n’a pas dit qu’il demeureroit 3 [ rajout en fin d’interrogatoire : 3 toujours ] Curé de ChampronD, Soit qu’il restoit Dans Sa Paroisse, Soit qu’il fut mis en PriSon, que là où il Seroît, la Seroit l’Eglise De Champrond, Seroit il a Cent lieuX
A rePondu que Dans une conversatioN particulière il a Pu dire qu’il ne Pouvoit être dépouillé De Sa qualite de pasteur que Par une DemiSSion libre et volontaire, Fait Par un JuGement de l’Eglise […] »
De même qu’il avouait avoir fait des reproches à son vicaire, répondant au joli nom de Tombelaine, lorsque ce dernier avait prêté le serment. Reproches qui apparemment portèrent car le vicaire de Champrond faisait parti des quatre seuls du district à avoir refusé le serment selon un document daté du 31 mai 1791 et conservé aux archives nationales[54]. On peut en conclure que le Sieur Tombelaine était revenu sur son serment, auquel cas il fait peu de doute que ce geste fut la conséquence de l’influence de Julien Le Comte.
Par contre il niait farouchement avoir déclarer en chaire refuser de faire l’aumône aux pauvres suite à la suppression des dîmes durant l’été 1789, affirmant « […] qu’il est absolument calomnieur [ sic ], qu’il aît Jamais renvoYé un pauvre Par dérisioN [….] »
Enfin il ne niait pas catégoriquement avoir «tenu des conférences avec ses confrères » mais pas dans le but de s’opposer à l’application des décrets de l’assemblée. De même qu’il reconnaissait avoir lu des « […] brochures qui controient la ConstitutioN civile du Clergé […] », mais uniquement « […] dans le deSsein de S’instruire et trouver la vérité […] » et reconnaissait les avoir prêter à quelques confrères dont le curé de Montireau, reconnaissant ainsi avoir joué un rôle « militant », rôle qui ne s’était sans aucun pas limité au seul curé du village voisin.
Enfin il déclarait prendre le Sieur Dugué le Jeune comme conseil, sieur qui avait dû s’abstenir de son poste d’accusateur public à cause de sa parenté avec l’accusé. D’autre part, Julien Le Comte déclarait « […] qu’il se reserve dans tous Ses Droitset actions et fait Protestation contre la majeure partie des témoins […] »
On le voit le curé de Champrond-en-Gâtine pouvait compter sur des appuis, si ce n’est de la part de ses paroissiens du moins de ses proches. En effet son frère[55] et son beau-frère[56] firent parvenir une pétition au tribunal du district non datée mais qui doit avoir été rédigée peu de temps après la prise de corps de ce dernier. Il s’agissait d’obtenir que Julien Le Comte fut amené des prisons au tribunal par ses proches afin d’éviter « […] de voir conduire leur parens par des cavaliers de marechauSSée au milieu d’une populace que La curioSité conduit ordinairement a ces transports […] »[57] Nous ne pouvons pas savoir s’ils obtinrent gain de cause toujours est-il que Julien Le Comte était encore enfermé aux prisons du château Saint Jean quatre mois plus tard.
Julien Le Comte fit parvenir un mémoire non daté[58] aux juges du tribunal par lequel il dénonçait longuement et de façon assez chantournée la façon dont il avait été traité[59] et surtout par laquelle il déclarait refuser de plaider et s’en remettre à la volonté de ses juges et réfutait tout conseil[60] :
« […]Pour venir a Ce dont il S’agit en Ce moment je declare qu’apres avoir eté TraHi par pluSieurs même de mes parents, et pendant que je ne Serai point en Liberté, je ne puis me decider à ChoiSir un ConSeil[61], encore moins un fondé de procuration, ni etre tranSferé a ChampronD, LaiSsant a votre juStice et a votre equité Ce qui a ordonner Ce que vous jugeré appropos Requerant toutefois acte de mes Susdittes declarations et faiSant au Surplus toute proteStation Contre Ce qui pouroit etre Contraire prononcé de Contraire a mes droits et Ce autant que mon etat de prisonnier peu me le permette.[…]
Il semblerait que l’instruction ait connue quelques errements[62], si l’on en croit une lettre du ministre de la justice, Armand Marc de Montmorin Saint-Hérem, datée du samedi 30 juillet 1791, lettre adressée au commissaire du roi près le tribunal de Nogent-le-Rotrou[63] par laquelle il ordonnait de reprendre « promptement » la procédure[64]. En conséquence, le tribunal du district de Nogent ordonnait, le jeudi 4 août 1791, la continuation de la procédure entamée à l’encontre de Julien Le Comte. Le jour même était décidé d’informer l’accusé, ce que fit le juge Jean Pierre Godet en se rendant aux prisons Saint Jean, à cette occasion Julien Le Comte réitérait son refus de prendre un conseil ainsi que son intention de ne pas se rendre au tribunal le lendemain, de plus il refusait de signer le procès-verbal[66]. Toujours, le 4 août 1791, le commissaire du roi provisoire, le sieur Devasconcelle demandait au tribunal d’ordonner la levée des scellés apposés sur les papiers de Julien Le Comte et leur inventaire[67]. Le lendemain, vendredi 5 aout 1791, le tribunal de district rendait un jugement ordonnant la levée des scellés sur les effets du Sieur Le Comte le mercredi 10 août suivant, le transfert des papiers au tribunal et leur inventaire[68]. D’autre part comme Le Comte refusait toujours de se choisir un conseil le tribunal « […] Lui a nommé d’oFFice le Sieur daupeley Fils ainé avoué prés Ce tribunal […] ».
La levée des scellés devait se faire en présence de l’accusé ou de son conseil, d’après l’inventaire desdits papiers effectué le lendemain nous savons que Le Comte y assista accompagné de son conseiller d’office[69]. Le lendemain, jeudi 11 août 1791, tous deux étaient également présents[70] lors du triage des papiers transférés à Nogent, cette opération aboutit à retenir plus d’une cinquantaine de « […] papiers utiles à L’instruction du procés[…] »[71]. Parmi ces papiers deux nous permettent de savoir que Julien Le Comte succéda en la cure de Champrond-en-Gâtine au sieur Pierre Alexandre Le Comte suite à la résignation de ce dernier en mai 1781. Julien Le Comte y pris ses fonctions le 6 août de la même année, nous n’oserions dire qu’il hérita de la cure de Champrond ! La majorité des documents retenus étaient des brochures ou des lettres opposées à la constitution civile du clergé mais il y en avait aussi, comme l’avait affirmé Le Comte au cours de son premier interrogatoire en avril, quelques unes qui y étaient favorables comme celui qui fut côté X : « Reponse de monsieur le curé de bleury a un de Ses Confreres Sur le Reproche qu il lui fait d avoir preTé Serment ».
L’affaire se prolongea encore puisque le 16 septembre 1791, le juge commissaire à l’instruction, Jean Pierre Godet, procédait à un second interrogatoire assez bref de Julien Le Comte[72], cette fois dans la geôle même de l’accusé et ce publiquement et les portes ouvertes[73]. La brièveté de l’interrogatoire s’expliquait car à toutes les question, sauf la première, l’accusé se contentait de répondre : « […] qu’il professe la réligion Catholique apostholique Et Romaine Et qu il Est Prést de verser Tout Son Sang pour Elle avec le Secours de la Grace de dieu […]» et il réitérait son refus de signer tout document. On constate que l'emprisonnement prolongé de Julien Le Comte ne l'a plutôt "endurci" si l'on compare son attitude entre son premier interrogatoire et ce dernier.
Le dossier conservé aux archives départementales d’Eure-et-Loir ne comportant pas d‘autres documents nous ne connaîtrons pas la teneur des conclusions données par le tribunal de district, ni même jusqu’à quelle date Julien Le Comte resta emprisonné au château Saint Jean[74]. Mais il est certain au début de l’année 1792, il était à nouveau libre et repris ses activités visant à s’opposer à la constitution civile du clergé (voir le chapitre suivant). Ce qui pour le moins montrait un courage certain de sa part et des convictions profondes comme il l’avait asséné lors de son second interrogatoire, le 16 septembre 1791. Cependant sa défense de la religion catholique apostolique et romaine n’alla pas jusqu’à ce qu’il versât TOUT son sang.
3. 1792, Le Comte persiste et signe.
En 1792, dans le canton de Champrond – en – Gâtine, les réfractaires, utilisèrent les contradictions de la législation. Par son décret du 7 mars 1791, la Constituante reconnaissait la liberté des cultes ; le culte « catholique apostolique et romain » était toléré au même titre que les autres religions non – officielles. Profitant de cette « brèche », Julien Le Comte, ancien curé de Champrond – en – Gâtine qui avait été jugé par le tribunal du district de Nogent en avril 1791[75], demandait à la municipalité, le 1er février 1792, à être autorisé à dire la messe dans l’église paroissiale. La municipalité refusa, déclarant que l’exercice du culte par un réfractaire pouvait donner lieu à des troubles : « […] Le Comte en ce qu’il a ci – devant manifesté des opinions contraires à la constitution du royaume et s’en est montré l’ennemi il s’est attiré l’animosité d’un grand nombre d’habitants du païs qui s’ils le voyaient s’introduire en ladite église pour ÿ officier, pourraient s’attrouper et se porter à des excès qui troubleraient l’ordre public […] »[76]. Il ne s’agissait que d’une menace à peine déguisée, le même jour Le Comte accusait le maire et deux officiers municipaux d’avoir provoqué une rixe pour avoir motif à l’inculper[77]. La municipalité, dans ses délibérations du 28 janvier 1792, reprochait à Le Comte de perturber la tranquillité publique et de faire « […] des rassemblements chez lui pour former des complots […] il aurait même reçu de l’argent des émigrès pour ecciter le peuple au soulèvement […] »[78]. La menace fut prise au sérieux puisque, le 3 février 1792, Le Comte fut à nouveau arrêté et incarcéré pour avoir excité des révoltes. Mais dans l’état de notre documentation nous ne pouvons en dire plus.
A Saint Victor – de – Buthon, le soutien populaire au curé réfractaire fut plus net. « Un certain nombre d’habitants » envoyèrent une requête auprès du district afin d’obtenir l’autorisation à ce qu’un prêtre réfractaire dît la messe en l’église paroissiale. Le directoire du district accepta sous condition de l’accord de l’évêque d’Eure – et –Loir[79]. Ici aussi, les officiers municipaux s’opposèrent à ce qu’un prêtre réfractaire fit la messe en l’église paroissiale, poussés en cela par le curé constitutionnel. Pour ce dernier la question était importante, il risquait de voir son service déserté. C’était son « arrêt de mort », sa présence devenait inutile s’il n’avait plus de fidèles ; lui qui n’avait pas hésité à lier son sort à celui de la révolution, risquait de se retrouver abandonné de tous. Nous ne savons pas qu’elle fut la réponse de l’évêque constitutionnel de Chartres, Bonnet.
4. Un bourg déchristianisé en l’an II.
L’activité opiniâtre du Sieur Le Comte expliquait peut-être la radicalisation de ses adversaires.
Le bourg de Champrond-en-Gâtine fut le seul, à notre connaissance, du district à connaître une mascarade déchristianisatrice en l’an II.
C'est en effet de la commune de Champrond que nous est parvenue une des rares, à notre connaissance, description de fête de déchristianisation à la fin de l'automne 1793 – 1794, fête qui s'y déroula le 2 frimaire an II (soit le 22 novembre 1793 dans le calendrier « vulgaire »). Les officiers municipaux de la commune de Champrond en Gâtine firent part à la Convention de cette fête au cours de laquelle les symboles de la féodalité et du fanatisme furent brûlés, ce courrier était consigné lors de la séance de la Convention nationale du 15 frimaire an II ( 5 décembre 1793 )[80] :
« Champrond-en-Gâtine, district de Nogent-le-Rotrou,
département d'Eure-et-Loir, 2 frimaire,
2e année républicaine.
Citoyens représentants,
Nous nous hâtons de vous faire part d'une cérémonie qui a été, pour notre commune, un vrai jour d'allégresse et l'acheminement à la destruction totale du fanatisme qui a trop longtemps régné sur notre horizon.
L'époque pour le brûlement de nos titres féodaux avait été fixé au dernier décadi. Le jour arrivé, chacun s'est empressé de concourir à l'élèvement d'un grand bûcher au milieu duquel était l'arbre planté en l'honneur de la constitution royaliste.
Non contents de réduire en cendres l'infernale féodalité, nous avons voulu essayer si une multitude de petits saints (de bois, comme de raison) ne pourraient pas jouer un rôle dans ce feu de joie. Nous les avons fait descendre de leurs niches. Sans miséricorde, ils ont été placés sur le lieu le plus éminent du bûcher, ainsi qu'ils devaient être d'après le rang honorable qu'ils avaient occupé dans le monde chrétien. Enfin un feu bien attisé a dévoré l'exécrable féodalité et l'odieux fanatisme, ces deux monstres qui semblaient n'avoir pris naissance que pour le tourment des humains.
Cette cérémonie avait attiré un grand concours de monde ; les chants d'allégresse patriotique ont retenti dans les airs. On a crié mille fois : Vive la République, vive la Montagne, au diable les saints. Ensuite on s'est retiré au lieu des séances de la Société populaire, où il a été rendu grâces à la Montagne des bons et sages principes qui découlent d'elle. Mais il ne suffisait pas de s'être réjoui autour du bûcher, un repas qui attendait les sans-culottes a terminé cette agréable journée et la gaîeté, la cordialité et cette liberté qui semblent particulièrement leur apanage nous ont fait passer le plus doux des moments.
Et nous aussi, citoyens représentants, nous disons : rester à votre poste, continuez à chérir les sans-culottes, point de quartier pour les conspirateurs. Quant à nous, nous respectons et exécutons vos décrets.
( suivent quinze signatures ) ».
Notons de plus qu’en 1793, Champrond-en-Gâtine modifia son nom en Champrond-Marat, sans doute une des seules communes en Eure-et-Loir à revendiquer le nom de Marat. Ce alors que le chef-lieu de district se contentait de remplacer l’évocation de ses premiers seigneurs ( « Nogent-le-Rotrou » ) par le complément « le-républicain ».
[1] Nous reportons nos lecteurs à un article de ce blog consacré à la constitution civile du clergé :
[2] Voir la carte jointe.
[3] A. N. D XIX, 21, 31 mai 1791.
[4] A. D. Eure – et – Loir, L. 147ancienne côte, L 1171 nouvelle côte, séance du 17 mai 1791.
[5] A. D. Eure – et – Loir, L. 149 ancienne côte, L 1173 nouvelle côte, séance du 19 janvier 1792.
[6] A. D. Eure – et – Loir, L. 147 ancienne côte, L 1171 nouvelle côte, séance du 12 avril 1791. Cette installation printanière prouve que
[7] A. D. Eure – et – Loir, L. 147 ancienne côte, L 1171 nouvelle côte, séance du 15 avril 1791.
[8] A. D. Eure – et – Loir, L. 150 ancienne côte, L 1174 nouvelle côte, séance du 30 juin 1792.
[9] Voir au chapitre suivant les démêlés judiciaires de Le Comte.
[10] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 1.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[11] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 1.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[12] Il s’agissait de Etienne-Charles de Loménie, cardinal de Brienne et évêque constitutionnel de l’Yonne.
[13] Nicolas Bonnet.
[14] La dîme fut abolie avec les privilèges le 4 août 1789. Le 11 août 1789 fut publié le décret relatif à la suppression de la dîme.
[15] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 1.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[16] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 2.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[17] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, documents 3 et 4.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[18] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 5.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[19] Dans le document 8 du dossier documentaire, ce dernier était désigné comme bourrelier de son vivant. Il s’agissait sans doute d’une personne exerçant plusieurs activités dont celle de bourrelier et de cabaretier.
[20] Dans le document 8 du dossier documentaire un Pierre Boulay marchand de Bois est présenté comme officier municipal. Peut-être s’agit-il de ce dernier ou alors du Boulay marchand de bois demeurant au hameau de Beaurepaire mais que le document 7 prénomme Jean. Ou alors le nommé Pierre est membre de la famille du prénommé Jean.
[21] Ouvrier qui tire le fer dans les forges.
[22] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 6.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[23] Sur l’organisation des municipalités jusqu’en 1795, je reporte le lecteur à l’article suivant de ce blog :
[24] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 7.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[25] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.1.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[26] Evêque réfractaire de Chartres remplacé par Monseigneur Bonnet, évêque constitutionnel.
[27] Soit pus d’une livre, ce qui constituait une somme non négligeable pour l’époque
[28] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.2.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[29] Au XVIII° siècle, et dans ce contexte, le terme était beaucoup plus fort et méprisant que de nos jours. Il désignait celui, celle, qui avait un caractère vil, ou qui était capable de friponneries, de vols, d’actions déshonnêtes.
[30] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.3.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[31] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.4.
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[32] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.6.
Pierre Petit était présent chez Jean Clouet lorsque Le Comte déconseillait d’aller se confesser auprès des « intrus » était sacrilège
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[33] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.9.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[34] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.8.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[35] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.11.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[36] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.12.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[37] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.7.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
Si l’on en croit la déposition de Anne Geneviève Tabarin, le notaire Bordeau faisait des confusions de dates. La lecture faite en chaire était celle de la«[…] prétendue lettre adressée par le pape à l’évêque de Sens qu’il existoit à retracte le serment qu’il avoit prété […]» et avait eu lieu trois semaines auparavant et non quinze jours.
[38] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.10.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[39] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.13.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[40] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.14.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[41] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.5.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[42] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.15.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[43] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.16.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[44] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.17.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[45] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 8.18.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[46] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 9.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[47] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 10.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[48] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 11.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[49] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 12.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[50] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 13.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[51] Personnes qu’ils ne nommait pas…Dommage pour nous !
[52] Voir la note 29 sur le sens à donner à ce mot à la fin du XVIII° siècle.
[53] Démission qu’il n’envisageait de présenter qu’à l’évêque réfractaire, Mgr Lubersac
[54] A. N. D XIX, 21, 31 mai 1791.
[55] Il s’agit peut-être de Pierre Lecomte auquel la municipalité de Nogent-le-Rotrou attribuait un certificat de résidence le 22 février 1793 : « […] 14° au cit. Pierre LecomTe agé de 53 ans, Taille de 5 pieds, cheveuX et Sourcils gris, YeuX gris rouX, nez ordinaire, bouche moYenne, figure Longue. […]» Archives municipales de Nogent-le-Rotrou, registre D 2, feuilles 43 à 45.
A moins qu’il ne s’agisse de Le comte fils ainé, commis secrétaire à l’administration du district de Nogent-le-Rotrou auquel la municipalité accordait un certificat de civisme lors de sa séance du 14 avril 1793. Archives municipales de Nogent-le-Rotrou, registre D 2, feuillets 61 et 62.
[56] De son patronyme Le Marié ce qui pour un beau-frère coule de source.
[57] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 14.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[58] Mais une indication interne au document ( « […] D’après bientôt quatre mois que je Suis Retenu privé de ma liberté.[…] ») nous permet d’émettre l’hypothèse qu’il fut rédigé fin juillet ou début août 1791.
D’autre part ledit mémoire est paraphé par Emmanuel Antoine René Pinceloup, juge du tribunal de Nogent, le 5 août 1791.
AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 15.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[59] L’argumentation ne manquait pas d’adresse notamment quand notre prêtre réfractaire invoquait la déclaration des droits pour montrer qu’elle avait, dans son cas, été violée : « […] D apres tous Ces faits et autres que je pourois Deduire, il ne ma plus été permis de douter que Cette belle Humanité qu’on nous ventoit tant au Commencement de la Revolution, n’etoit Rien moins que Réelle dans le Cœur de Ceux qui la ventoient avec tant D ampHaze
Il ne m’a plus été permis de douter qu’on S etudioit à Chercher L iniquité dans la maiSon du juSte
Il ne m’a plus été permis de douter que les droits de L Homme Si bien etablis et Si bien détaillés par la ConStituion, qui Sont declaré ConSister à penser, parler et croire a la liberté excepté dans les Cas qui Seroient prévus par le Loi, il ne m’a été permis dije [sic], de douter que Ces droits n’etoient pas etabli pour tous les françois, mais Seulement pour Cette portion [ rajout au-dessus : de la nation ] qui Se qualifient de bons Citoyens et de bons patriotes, et quil faut Les en Croire Sur leurs paroles, malgré Ce que toutes oreilles, et tout œil impartial entend et apperçoit
[…] »
[60] Démettant le sieur Dugué-le-jeune choisi finalement comme conseil le 15 avril précédent. Peut-être était-ce lui, entre autres, qu’évoquait Julien Le Comte lorsqu’il se plaignait d’avoir été trahi par plusieurs de ses parents.
[61] Le sieur Dugué-le-Jeune, choisit préalablement comme conseil, était-il visé par cette déclaration ? Et si oui était-il le seul en cause ?
[62] Ces errements étaient-ils dû à des interventions des proches de Le Comte auprès du tribunal du district poussant ce dernier à envoyer le dossier auprès de l’Assemblée afin de s’enquérir s’il était apte à poursuivre l’instruction de l’affaire ? Nous ne pouvons répondre à cette question dans l’état de notre documentation. Dans l’affirmative la remarque de Julien Le Comte d’avoir été abandonné des ses parents s’avérait infondée.
[63] Le Sieur Dugué-le-jeune dont il a été question dans la note 51, ou le sieur Devasconcelle nommé provisoirement en lieu et place de celui-ci.
[64] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 16.
La lettre du ministre était accompagnée d’un rapport du comité des rapports dont les conclusions allaient dans le même sens.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[65] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 17.
D’après ce document, la procédure avait été suspendue (on ne sait quand entre la mi-avril et le début août 1791) car il y avait un doute (dans l’esprit des juges) sur le fait que l’instruction devait être ou non poursuivie par le même tribunal, une copie de l’ensemble de la procédure avait été expédiée à l’assemblée nationale.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[66] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 18.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[67] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 19.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[68] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 20.
Le jugement précisait que ce dernier avait été pris en présence de Julien Le Comte amené de la prison à l’auditoire du tribunal sous l’escorte de Chaline, huissier du tribunal, en contradiction avec ses déclarations de la veille. Mais Le Comte ne signait pas, ce qui semble normal puisque le jugement fut pris par les juges.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[69] Le dossier ne comprend par de procès-verbal de cette opération qui eut lieu chez ledit Le Comte à Champrond-en-Gâtine.
[70] Julien Le Comte refusant toujours de signer.
[71] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 21.
On peut consulter une brochure détenue par Julien Le Comte sur le site Gallica de la BNF : les abeilles de la seine ici :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6489750g?rk=21459;2
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[72] Ce dernier était détenu aux prisons du château Saint Jean depuis plus de 5 mois.
[73] AD 28 LP 1323. Voir le dossier documentaire, document 22.
Toutes les références au dossier documentaire renvoient à l’article de ce blog, ici :http://www.nogentrev.fr/archives/2020/02/01/37991076.html
[74] A ce jour nous n’avons pas encore consulté les écrous des prisons Saint Jean conservés au château du même nom à Nogent-le-Rotrou.
[75] Voir ci-dessus.
[76] A. D. Eure – et – Loir, L. 149 ancienne côte, L 1173 nouvelle côte, séance du 1er février 1792.
[77] Le citoyen Darreau était le maire et les deux officiers municipaux étaient les citoyens Romager et Badier.
[78] A. D. Eure – et – Loir, L. 149 ancienne côte, L 1173 nouvelle côte, séance du 1er février 1792.
[79] A. D. Eure – et – Loir, L. 149 ancienne côte, L 1173 nouvelle côte, séance du 27 janvier 1792.
[80] Archives Parlementaires, tome 80, page 661. La liste des signataires n’est pas retranscrite dans cet ouvrage de référence. L’orignal du courrier est conservé aux Archives Nationales sous la cote ; carton C 284, dossier 822. Je n’ai pas encore eu le temps de le consulter.