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La Révolution Française à Nogent le Rotrou

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La Révolution Française à Nogent le Rotrou
  • Nogent-le-Rotrou et son district durant la Révolution française avec des incursions dans les zones voisines ( Sarthe, Orne, Loir-et-Cher voire Loiret ). L'angle d'attaque des études privilégie les mouvements sociaux et les archives locales et départemental
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Le Pére Gérard

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2 janvier 2016

La Grande Peur de l'été 1792 dans l'Orne.

La peur de l’été 1792 dans l’Orne[1].

Image1Volontaire 1792

Les attaques de châteaux et la guerre aux aristocrates qui secouèrent les districts du département de l’Orne durant l’été 1792, comme une répétition de la grande peur de l’été 1789,  étaient, en fait, en lien direct avec la situation nationale : la déclaration de la Patrie en danger et la chute de la monarchie. Renversement de la monarchie qui fut très largement applaudit dans le département quand elle ne fut pas réclamée dès avant le 10 août, ainsi, le 12 juillet 1792 le club patriotique  de Mortagne-au-Perche expédiait une pétition, signée par 185 personnes, à l'assemblée législative dans laquelle elle déclarait : "[...] qu'un peuple qui a juré de vivre libre ne doit rien craindre de la rage désespérée du tyran [... ajoutant comme un conseil aux députés...] jamais l'Assemblée nationale ne trouvera une plus belle occasion  [... avec...] l'approche des Fédérés [...]"[2]. Avant les massacres de septembre à Paris, les assassinats politiques dans les campagnes de l’orne ( 11 entre le 15 août et le 10 septembre 1792 )  s’inscrivirent dans la montée en puissance de l’exigence d’une politique visant à terroriser les opposants à la Révolution.

La levée des volontaires dans le département de l’Orne.

La levée des volontaires s’effectua, dans l’orne, dans un climat de radicalisation politique. Au printemps 1792, les prêtres réfractaires étaient de plus en plus associés aux nobles dans l’idée que se faisaient les populations de ce qu’étaient les suspects.

Les volontaires étaient un peu moins enthousiastes qu’en 1791, en effet la situation militaire au printemps et ce jusqu’à Valmy était plus que préoccupante. D’ailleurs le recrutement entraîna des troubles, suscités par les réfractaires, pensait-on, dans le district de Domfront. Ce que confirmaient les témoins interrogés à  La Lande-Patry, près de Flers, tout à fait à l’ouest du département,  en déclarant que les amis des réfractaires s’opposaient au recrutement[3].

Aussi de mars à mai 1792, les expéditions contre les réfractaires donnèrent lieu aux troubles les plus sérieux  dans les départements de l’ouest : Manche ( Valognes et Avranche ), Calvados ( Caen ), Mayenne ( Laval, Mayenne, Craon, Evron ) et à Domfront[4].

Des perquisitions eurent lieu dans les district d’Argentan et d’Alençon : en mars, à Champosoult et Bailleul par des bandes de plusieurs centaines de personnes se réclamant de « la Nation, de la Loi et de leur Volonté », à Damigny, aux portes d’Alençon, on coupait les cheveux d’un « aristocrate » qui refusait d’être grenadier, à Alençon et Sées les partisans des réfractaires étaient molestés et tondus également.

A Mortagne-au-Perche, la Société populaire manifestait son inquiétude d’une nouvelle trahison du roi  dans une pétition datée du 12 juillet 1792 et signée par 185 citoyens, qui considéraient que le roi était «  […] dirigé par le chef femelle du cabinet autrichien[…] ». Cette pétition demandait le décret de la Patrie en danger ( adopté au même moment par l’Assemblée législative), et des mesures de salut public : la mise en accusation de La Fayette[5] et de ses complices, le renvoi des ministres, la réorganisation de l’état-major, la destitution du directoire du département de Paris, la vente des biens des émigrés, la déportation des prêtres réfractaires…Les pétitionnaires conseillaient même de profiter de l’occasion de la montée des fédérés sur Paris.

Le 31 juillet 1792, c’était au tours de 200 citoyens d’Alençon de demander la déchéance du roi le considérant comme traître.

La commune de Mortagne et les 80 membres de la Société populaire de Domfront furent parmi les premiers  à adhérer à la journée du 10 août, ce dès le 18 août1792. Suivis, cinq jours après, par 92 Amis de la Liberté de L’Aigle.

Du 15 août à la troisième semaine de septembre 1792, les campagnes du départements connurent une seconde « grande peur » qui eut deux aspects : dans l’est du département on s’en prit physiquement aux nobles ou à ceux considérés comme « aristocrates » et à leurs biens, puis s’étaient  les titres féodaux  qui étaient recherchés pour être détruits ou confisqués, dans la partie ouest du département les biens des ex-seigneurs étaient le plus souvent redistribués dans un esprit véritablement « partageux ».

Mort aux « aristocrates ».

Image2 casse aux moineauxLes premières victimes en furent tous des nobles : 15 août au Sap ( district de L’Aigle ), le seigneur local, frère d’un émigré et père de deux fils également émigrés, était massacré après avoir refusé de payer à boire aux volontaires. Déjà une semaine auparavant au moment de la déclaration de la patrie en danger, il était placé en tête de liste des suspects à désarmer.

Le 16 août, à La Chapelle-Moche[6] ( district de Domfront ), au cours du marché, un écuyer, frère d’un réfractaire, fut massacrée par une foule composée d’ouvriers des forges et verreries d’Andaine. Christine Peyrard avance l’hypothèse que cet assassinat était lié à celui, au printemps précédent, d’un patriote, F. Guérin, dans l’auberge de la commune proche de La Ferrière. Les réfractaires furent alors soupçonnés d’être à l’origine de sa mort, il s’en suivit une battue de 800 gardes nationaux dans la région qui saccagèrent plusieurs maisons sans résultats[7].

Deux jours plus tard, le 18 août, un prêtre réfractaire rentré dans son château du district d’Argentan, était arrêté et conduit à Putanges par les gardes nationaux de communes proches. Le lendemain, 19 août, les volontaires le tuèrent.

Le 19 août toujours, à Bellême[8], était massacré, par les volontaires des campagnes et leurs familles, un noble ancien prêtre qui avait joué un rôle certain dans les rétractations de certains ecclésiastiques du district. Plusieurs  maisons furent attaquées dans la ville pendant tout l’après-midi. Le soir même, un officier municipal apportait à la municipalité les effets pillés. Déjà la même ville avait subi les assauts de ses voisins des campagnes le 14 juillet précédent, les sabotiers et bûcherons de la forêt, accompagnés des gardes nationaux du Vieux-Bellême, avaient insulté les membres du district, cassé les vitres de leurs maisons et sabré leurs portes[9]. Les ruraux leurs reprochaient de ne pas les avoir invités à la fête de célébration de la prise de la Bastille, alors que selon eux  les frais s’élevaient à 10 000# et que seules 25 personnes avaient eu droit d’assister au feu d’artifice qui avait suivi le Te Deum.

 7 autres mises à mort eurent lieu au début du mois de septembre.

Le 6 septembre 1792, les deux représentants de l’Assemblée législative nommés pour organisée la levée des 300 000 hommes, Albitte et Lecointre-Puyraveau, convoquaient les habitants d’Alençon sur la place d’arme. Ce même jour, était  extrait de la prison, dans laquelle il avait été enfermé la veille, et massacré, un jeune vicaire de 28 ans qui, rentré dans sa famille, pratiquait un culte clandestin.

Le 9 du même mois, à L’Aigle, un prêtre réfractaire des environs, âgé de 60 ans,  et qui avait enlevé et caché les vases sacrés de son église était lui aussi trucidé en place publique.

Toujours le 9 septembre, à Gacé, à mi-chemin d’Argentan et de L’Aigle, 4 personnes étaient massacrées. Le lendemain, 10, une autre le fut à Vimoutiers. Dans les deux cas, ils s’agissait de réfractaires qui passait dans ces deux bourgs. Les victimes avaient refusé de prêter le serment  et de crier « Vive la Nation ! » sous la pression de la foule.

Dans tous ces cas, la terreur populaire pour expéditive et atroce qu’elle fût, ne se pratiquait pas de façon aveugle, elle frappait ceux qui étaient jugés responsables du départ des jeunes pour la défense de la patrie et qui d’autre part semblaient une menace pour l’arrière.

 

Guerre aux châteaux.

Durant la troisième semaine de septembre 1792 les campagnes de l’Orne vécurent une véritable guerre aux châteaux suite à l’adoptions des lois des 18 juin et 25 août 1792 qui soumettaient l’exigence des droits féodaux à l’exhibition du titre primitif. Dans les districts de L’Aigle et de Mortagne, les pillages de châteaux ressemblaient fortement à la révolte de l’été 1789 qui avait plutôt touchée la partie ouest du département et relativement épargnée sa partie orientale.

Image3 guerre au château

Déjà le 30 août 1792, dans le village de Pommidor-sur-le-Don ( qui avait déjà « déchristianisé » son ancien nom de Sainte-Marie-la-Robert ), en lisière de la forêt d’Ecouves, le bruit courrait que le châtelain, Paul Le Veneur, ci-devant lieutenant général de La Fayette, avait émigré depuis peu et qu’un complot était ourdi au château dans lequel des aristocrates s’étaient réfugiés. On annonçait également qu’un attroupement s’apprêtait à tout bruler et briser. La garde nationale fut mise sous les armes, les officiers municipaux décidèrent d’une perquisition qui aboutit à la mise sous scellés des coffres fermés à clés et à la confiscation des armes non déclarées, le tout en présence du concierge du château. Paul Le Veneur, qui contrairement à ce qu’affirmait la rumeur n’avait pas émigré, demandait, quelques semaines plus tard, la levée des scellées, et la restitution des clés des coffres à son concierge. Le 4 octobre 1792, la municipalité refusait, considérant le concierge comme suspect. Elle l’avait d’ailleurs désarmé le 16 septembre précédent. Ce n’était pas la première fois que le nommé Le Veneur, administrateur du département , avait  maille à partir avec la population, en 1791 il avait été molesté par les volontaires après la fuite du roi.

Dans le district de L’Aigle l’agitation semblait générale, la municipalité de L’Aigle dénonçait les saccages des châteaux : de Bonnefoi, de celui d’Auguaise, au Nord de Bonnefoi, appartenant au Sieur de Saint Aignan, de ceux de Rai et de Beaufai tout proches du chef-lieu de district. Elle s’inquiétait également des pétitions que les habitants de la ville faisaient contre leur châtelain ainsi que de l’assassinat du prêtre réfractaire qui s’était déroulé dans la ville le 9 septembre 1792. Preuve de l’effervescence de la région, le 1er octobre la même municipalité demandait à la Convention un décret condamnant ces conduites mais estimait comme « […] impolitique de déployer actuellement la force publique contre les citoyens de la campagne  qui pourraient s’attrouper et se porter sur la ville […] ».

 A Bonnefoi, dans le district de l’Aigle à proximité de la forêt de la Trappe, le 16 septembre 1792, le ci-devant Deshayes[10] provoquait un jolie tollé dans l’église en faisant lire au prône dominical une lettre par laquelle il demandait aux ci-devant vassaux un délai pour remettre les titres féodaux. Les officiers municipaux tentèrent bien de calmer les esprits, mais déjà les habitants de Bonnefoi étaient rejoints au château de La Grimonnière, dans la commune de La Ferrière-au-Doyen, par les habitants d’une douzaine de communes environnantes arrivant armés de fusils, de hallebardes, de fourches, de haches, d’outils de sabotiers... Une foule d’environ 200 personnes força les domestiques à entrer dans le chartrier pour y brûler les titres, ne les trouvant pas ils brisèrent le mobilier. La « fête » dura  plusieurs jours, puisque le 23 septembre, le colombier et le moulin du château furent détruits, les pigeons tués, le vin but, les bouteilles cassées et les arbres coupés. Le sieur Deshayes fit estimé les dégâts à 60 000#. Au cour de l’information judiciaire qui commença dès octobre, le juge de paix inculpa 72 hommes. Cependant, en janvier 1793, le tribunal de district ne put interroger que 7 inculpés, les autres étant introuvables. Il s’agissait de six sabotiers principalement de Bonnefoi, du capitaine de la garde nationale et du garçon-meunier de Bonsmoulins. Emprisonnés à Alençon, ils furent amnistiés par la Convention au grand dépit du propriétaire qui entamait de nouvelles poursuites en mars 1793 pour obtenir des indemnités.

Le 23 septembre 1792, les habitants de Rai dévastèrent le château avec l’aide d’habitants de la commune voisine d’Ecorcei et séquestraient la femme du ci-devant Baron dans l’espoir qu’elle leur fournît les titres féodaux. Le 24, la municipalité de Rai envoyait 12 commissaires à Rouen où  ledit ci-devant, le sieur Desdouit, se trouvait, le frais de route étant payé par le notaire de l’ex-Baron. La commission qui était confiée aux représentants de Rai était d’obliger le sieur Desdouit à rentrer chez lui sous huitaine avec le titres féodaux et en sus « les frais des procédures anciennement faites pour droits féodaux par ses prédécesseurs ». Manque de chance pour la municipalité, Desdoui s’était retiré dans son domicile parisien et le 30 septembre écrivait au ministre de l’intérieur pour solliciter sa protection, obtenir la libération de sa femme toujours séquestrée et gardée par douze homme en permanence.

Les officiers municipaux de Moussonvilliers écrivaient, le 18 septembre, une requête au procureur syndic du district afin d’obtenir les titres féodaux  de leur ex-seigneur, le sieur Allard de la Coudraye. Un mois plus tard, accompagnés des gardes nationaux de la commune voisine de Saint-Maurice-les-Charencey, ils perquisitionnaient chez l’ancien seigneur et confisquaient une bonne centaine de liasses de documents. Les causes de conflit avec l’ancien seigneur étaient nombreuses : il n’avait jamais voulu remettre ses titres féodaux, était le père d’enfants émigrés, et refusait de vendre ses grains à la halle de Saint-Maurice préférant les porter à Chennebrun, Longy, Verneil-sur-Avre ou la Ferté-Vidamne, de plus il était en procès avec la communauté de Moussonvilliers depuis de nombreuses années au sujet de biens communaux, au moment des faits ce procès était toujours en suspens à Chartres. Il fallut attendre les 22 mai  et 15 juillet 1793 pour que le district condamna l’abus de pouvoir et ordonnât la restitution des documents[11].

Dans le district de Domfront les conflits témoignèrent d’un esprit partageux.

 Le 1eraoût 1792, les administrateurs du district décidaient de faire incarcérer tous les prêtres réfractaires. Et le 22 du même mois, ils demandaient à l’Assemblée législative de pouvoir partager les biens des émigrés et les terres communales au profit des citoyens sans terre ou des petits propriétaires[12].

A Vaucé, le 17 septembre, lors d’une vente des biens de l’émigré Tauquerel, 14 volontaires du village ravagèrent  le château au cri de « Nous allons voir ceux qui vont enchérir sur nous ! », ils défoncèrent les portent, déchirèrent le linge, brisèrent les bouteilles de cidre et de vin et dévorèrent les volailles et le gibier. Seuls deux d’entre eux furent interrogés en octobre[13], c’étaient deux gardes nationaux, un tailleur d’habit et le maître d’école, respectivement âgés de 24 et 23 ans. La procédure fut suspendue le 14 novembre 1792[14].

Le même jour, le château de La Chaux, appartement à M. des Rotours, était également pillé. Ici les opérations furent organisées par les autorités : la municipalité, le capitaine et le lieutenant de la Garde nationale conduisirent les habitants, au son du tambour,  au château et y réquisitionnèrent les meubles, signant un procès-verbal au gardien, les transportant au village où l’on procéda au partage. Un mois plus tard une information judiciaire fut ouverte à la demande  du chargé d’affaire du châtelain, le maire, un boulanger de 58 ans, et un officier municipal, un laboureur de 38 ans, furent  accusés par le tribunal du district d’Alençon pour complicité de brigandage et emprisonnés au chef-lieu. Le tribunal criminel de l’Orne devait rendre son verdict le 16 février 1793, il reste inconnu[15].

Le 19 septembre, ce fut au tour du château de Dompierre d’être ravagé : grilles de fer enlevées, rampes d’escalier du jardin arrachées, cadran solaire abattu, charmilles dévastées, vitres fracassées… Les assaillant venant de Dompierre et de Champsecret firent bombances durant trois jours. 15 gardes nationaux envoyés de Domfront pour disperser les pillards, qui s’en prenaient à l’étang, furent contraints au replis et poursuivis  par une foule d’au moins 150 personnes. Trois personnes furent arrêtées le 26 octobre 1792 :  un jeune tisserand de 28 ans, un bûcheron de 42 ans et un maçon de 25 ans[16].

Ce même 19 septembre 1792, à Saint-Maurice-du-Désert, une foule de 200 personnes obligeait les officiers municipaux, décorés de leurs écharpes, à faire des perquisitions chez les suspects du bourg. La première maison visitée fut celle qui avait été habitée auparavant par des prêtres réfractaires, puis on se porta au château où l’on « emprunta », outre du beurre, environ 200 bouteilles de vins en boudant cependant le tonneau de cidre. Une partie des insurgés restèrent à pêcher dans l’étang, les autres s’en retournèrent au bourg exigeant de la municipalité un réquisitoire aux fins d’enlever les armes et autres effets des émigrés et des suspects. Furent réquisitionnés deux tonneaux de cidre «  chez les réfractaires » ( qui n’étaient plus là mais la maison restait celle des réfractaires ), un de poiré chez le maire ( était-il considéré comme suspect par les révoltés ? ), une douzaine de poules chez une veuve. La bamboche dura ainsi jusque vers les 8 heures du soir après quoi la troupe partit pour Tessé, ou cidre et poiré furent déposés au pied de l’arbre de la liberté. Le juge de paix de La Ferté-Macé ouvrit une information judiciaire, le 23 septembre, qui aboutit à 9 arrestations : un laboureur, deux journaliers, deux cordonniers, un boucher, un charpentier, un voiturier et un garde de la forêt d’Andaine, tous âgés entre 24 et 48 ans, ils habitaient Lonlay-le-Tesson, La Ferté-Macé, Juvigny et Tessé. D’autres personnes furent recherchées sans succès parmi lesquelles le capitaine et trois officiers de la garde nationale de Saint-Maurice-du-Désert, le commandant de la garde nationale de Tessé. Le tribunal du district libéra les prisonniers le 6 décembre, mais maintint la procédure contre le boucher de La Ferté-Macé, le garde forestier de Juvigny, le journalier et le charpentier de Tessé, les plus âgés. Cette dernière s’interrompit en janvier 1793.

Une autre affaire ne fut instruite qu’en l’an III, à l’époque de la Convention thermidorienne. Le tribunal criminel de l’Orne entendait, le 2 ventôse an III ( 20 février 1795 ), une quarantaine de témoins relativement au sac du château de Bel, à Joué-du-Bois ainsi que ceux de propriétés d’émigrés ayant eu lieu en septembre 1792. Là aussi on avait bu le vin et le cidre, pêché dans l’étang et les douves, tué des vaches et des veaux et distribué les meubles aux volontaires de 1792. Douze citoyens, âgés de 26 à 62 ans, furent arrêtés : 2 propriétaires, 4 cultivateurs, un marchand-laboureur, un marchand-tanneur, un instituteur, et un journalier et le plus jeune dont la profession n’était pas indiquée mais qui fut l’agent national de la commune en l’an II. Il s’agissait, en fait, du maire, des officiers municipaux, du procureur de la commune, des notables membres du conseil général de la commune et des greffiers ainsi que du capitaine de la garde nationale de Joué-du-Bois au moment des faits. On reprochait sans doute aussi à ces anciens édiles d’avoir taxer les contribuables de la commune, en 1793, afin de distribuer 300# à chacun des 22 « volontaires » réquisitionnés dans le cadre de la levée des 300 000 hommes.



[1] Cet article doit tout au travail de Christine PEYRARD. Les jacobins de l’ouest. Paris : Publications de la Sorbonne, 1996.

[2] A. N. DXL 14 (59)

[3] A. D. 61 L 6494.

[4] A. N. F7 3682/10.

[5] En cet été 1792, la popularité du ci-devant marquis encore à son zénith un an auparavant était bel et bien en berne, ceci peut expliquer  qu’un de ses proches, comme Paul Le Veneur son ancien lieutenant général, et ex-seigneur de Sainte-Marie-la-Robert, eut l’insigne privilège d’ouvrir le bal des attaques de châteaux au moins quinze jours avant les autres ( voir plus bas ).

[6] En 1961, cette commune fut rebaptisée La Chapelle-d’Andaine.

[7] A. N. F7 3684/3.

[8] Alors seul chef-lieu de district dépourvu de société populaire.

[9] A. D. 61 L 6313.

[10] A. D. 61 L 5165

[11] A. D. 61 L 2933.

[12] Voir P., NICOLLE. «  Les meurtres politiques d’août-septembre 1792 dans l’Orne ». AHRF. 1934.

[13] Les autres étant aux frontières.

[14] A. D. 61 L 6498.

[15] A. D. 61 L 5166.

[16] A. D. 61 L 6496.

 

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