Les habitants de la paroisse de La Bosse se réunissaient le dimanche 1^er mars 1789  à l’issue de la grand-messe,  afin de rédiger leur doléances [1]. Elles portaient quasiment toutes sur les impôts, les habitants réclamant finalement un impôt unique et la suppression de la gabelle. Cependant la dernière revendication  laissait une très large possibilité d’interprétation : «  Suprimé toute les charge qui gesne et empesche la liberté publique et qui opprime les malheureux ».

Enfin nos ruraux s’en remettaient  aux doléances des villes de Tuffé et de Bonnétable.

Nous  pouvons constater l’orthographe très libre du greffier et le peu de signataires, preuves que la pratique de l’écrit était encore rare dans cette paroisse.

« Plainte et dolence de la paroisse de la Bosse, élection du Mans, district de Bonnétable, année 1789.

Le dimanche premié de mars mil sept cent quatrevingt-neuf, à issus de !a grande messe, tout les habitans, extraordinairement assemblé ont délibéré faire les représentation suivante :

En premié lieu, MM., nous avons l'honneur de vous observé que nostre paroisse n'est composée, pour les deux tiers, que de broussy et brierre; le surplus est une terre froide et ardrieuse à qui la pluie et la gellée est égallement funeste. Le peu de blé que l'on y récolte est de médiocre valeur, étant remplie d'hyvrais et autre mauvaise grene produite par le fonds.

2^me. Que les menus grain que l'on y récolte n'est, pour majeure partie que de l'avoine, et qui souvent est en très-petite cantité, vue que souvent on ne peu les semer avant la moitié du mois de may. La sécheresse souvent les prends à coup, les étouffe et rend la récolte défructueuse. Au reste, il est à observé que les récolte ne peuve nourrir qu'environ la moitié des habitans.

3^me. Que plusieurs animaux et reptille répandu dans les bois, ravage les moissons.

4^me. Qui ne se fait aucun commerce en nostre paroisse. Son seul et faible produit est un peu de bois avec lequel on fait du charbon que l'on est obligé de vendre au-dessous de sa valeur, les chemins étant impraticable neuf mois l'année.

5^me. Que nostre paroisse apartien pour majeure partie a des communauté et gens de main morte et plusieurs seigneurs faisant leurs résidance en differens lieu qui ne contribue en aucune fason au charge localle ny au soulagement des posvres.

6^me. Nayant aucun fond de charité en cette paroisse il reste environ le tiers des habitans à la mersy des autre desquels il ne peuve espéré que de feible secours, les plus aisé peuve a grand peine payé leur ferme étant accablé dimpost, il reste donc à la charrité seulle de M. le Curé a qui la feible dixme ne permets pas faire ce que la charité luy inspire, et encorre celle de M. le marquis de Lonlay seigneur bienfaisant pour les posvre mais qui ne peu faire ce qui désire vue que rarement est-il payé de partie de ses fermiers qui sont accablé d'impost de toute espesse commetaille, segonde imposition cappitaiion, les corvée, etc.

7^me. La Gabelle est encore un double impost le plus honereux et plus insupportable pour les posvre.

8^me. Les charge d'huissiers priseur ainsy que celle dexperts jurré priseur sont ausy des impost les plus insuportable qui ruine les famille et qui souvent sont la perte tolalle des mineurs.

9^me. L'impost surs les boissons, cuirs, bestiaux, etc., sont ausy osnereux qui sont peu profitable a sa majesté étant dépensé a payé le trop grand nombre d'employé.

10^me. Les frais de recepte de tout ces impôts en forme un total par le grand nombre d'employé pour leur perseption.

Moyens dy remédié et assuré du bien à l'état seret:

Un seul impôt que chasque paroisse seret obligé vercé directement au trésor royal.

Détruire les gabelle qui sont très coûteuse à sa majesté bienfaisante. Suprimé toute les charge qui gesne et empesche la liberté publique et qui opprime les malheureux.

Au reste nous nous raporton et réunisson au plainte, doléance, demande et offre formée par la ville et paroisse de Bonnétable, Tuffé et autre paroisse

circonvoisine.

Fait et aresté assemblée tenante à La Bosse ce 4 [ lire 1^er ] 1789 ou étoient présent plusieur des dit habitans qui ont déclaré ne scavoir signé fors les

soussigné: Savare, J. Fourmy, F. Louvet, L. Boulay, F. Guillemin, M. Couronne. »