Le 10 janvier 1789 à Nogent-le-Rotrou : mendicité.
Le samedi 10 janvier 1789, à Nogent-le-Rotrou.
Dès le début de l’année 1789, la récolte à venir s’annonçait comme catastrophique, d’un rendement nettement inférieur à la normale. Dès la fin de l’hiver, à Margon, on craignait le pire :
« […] La plus grande partie cette année auront - ils à peine, vu la cherté et la rareté du grain, de quoi ensemencer leur saison de mars, et les bleds en terre actuellement sont au tiers gelés »[1]
La disette engendrait la mendicité pour un grand nombre de pauvres qui en temps ordinaires étaient aux limites de l’indigence. Il ne leur restait plus, pour survivre, que les secours et l’aumône. Une partie d’entre – eux se regroupait pour parcourir les campagnes ; la mendicité pouvait alors facilement tourner au brigandage. Le samedi 10 janvier 1789, le procureur fiscal du comté de Nogent – le – Rotrou, le sieur Dugué - Mansonnière, dénonçait les attroupements de mendiants qui se faisaient journellement :
« […] Malgré les secours que les administrateurs du bureau de charité s’empressent de donner aux particuliers pauvres de cette ville il arrive journellement que la plupart s’attroupent tumultuairement et mendient de cette manière à la campagne avec insolence et menace, que ces mêmes particuliers toujours en grand nombre pour avoir la force de leur côté coupent par tête et pied tous les arbres, trognes, chesnes et même arbres fruitiers, en menaçant les habitants de la campagne qui veulent s’y opposer [… défense est faite …] à tout particulier d’aller demander l’aumône soit à la ville soit à la campagne en plus grand nombre que deux, de la requérir avec insolence et menaces […] »[2].