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La Révolution Française à Nogent le Rotrou

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La Révolution Française à Nogent le Rotrou
  • Nogent-le-Rotrou et son district durant la Révolution française avec des incursions dans les zones voisines ( Sarthe, Orne, Loir-et-Cher voire Loiret ). L'angle d'attaque des études privilégie les mouvements sociaux et les archives locales et départemental
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20 février 2016

Jacques Pierre Michel Chasles ( 18 ) : maire de Nogent-le-Rotrou, conventionel, Montagnard, prêtre défroqué...

Chasles et l'information

Chasles s’intéressait toujours à l’éducation des citoyens et particulièrement à la presse, n’oublions pas qu’avant de venir à Nogent-le-Rotrou, il avait publié un journal  à Chartres.

Ainsi le 29 juillet 1793, à la Société des Jacobins, il soutenait Hassenfratz qui regrettait de façon véhémente que l’on perdait trop de temps sur des motions incendiaires ( le Club  venait de passer un bon moment à discuter des déserteurs autrichiens pour savoir si on devait leur faire confiance ou non ) et qu’on ne s’occupait pas de sujets importants. Il avertit que ce jour la Convention s’était occupé d’un plan d’éducation publique rédigé par Michel Le Peletier qui lui semblait important et que la Société ne discutait même pas.  Felix Le Peletier annonçait ensuite que mille exemplaire du projet de son frère  seraient distribués aux membres et que le mercredi prochain ( 31 juillet ) ils seraient offerts aux citoyens des tribunes. «  Châles appuie la proposition de Hassenfratz, et avertit que peut-être mercredi il serait trop tard. La Convention a mis ce plan à son ordre du jour et a décrété que celui-là seul serait discuté avec les modifications que présentera le Comité d’instruction publique, reconnaissant que le plan de Michel Le Peletier avait infiniment d’avantage sur tous ceux qui lui ont été présentés jusqu’à ce jour. »[1]

Durant tout l'hiver 1792-1793 plusieurs membres du club des Jacobins dénoncèrent l'influence que Le Patriote français, Le Courrier des Départements et d'autres journaux exerçaient. A la même époque Robespierre commença ses Lettres à ses commettants et Duval le Journal des Hommes libres afin de contrecarrer cette influence. Il fallut attendre début mai 1793 que le club se dotât d’un organe de presse, le Journal de la Montagne.   

9 Journal de la MontagneLors de la séance de la Société des jacobins du  3 mai 1793, Dubois de Crancé annonça qu’il partait en mission aux armées du Nord avec Albitte et  se plaignait que les journaux jacobins n'étaient pas distribués aux troupes au contraire des journaux girondins de Gorsas et Brissot, il demandait que la Société chargea son Comité de correspondance de les informer de tout ce qui se passerait dans l’intérieur de la République. « Châles propose d’établir un Comité particulier pour correspondre avec les commissaires aux armées. » Cette proposition fut adoptée, et la Société arrêta en outre, sur proposition de Bentabole, qu’il serait fait un Bulletin pour être envoyé aux armées ; elle désigna des commissaires qui présenteraient le dimanche suivant[2] le mode de rédaction de ce Bulletin[3].

Le 5 mai, toujours aux jacobins, Hassenfratz vint présenter le plan arrêté pour la rédaction du Bulletin de la Montagne. : « […] Nous avons arrêté un plan dont le résultat est de diviser les hommes en trois classes, deux de la Convention, deux de la Commune et deux de cette Société.

Les deux  premiers donneront un tableau de la situation de la Convention ; les deux seconds rapporteront l’historique de la Convention et offriront le tableau fidèle de sa physionomie ; les deux membres qui ne seront ni de la Convention ni de la Commune, feront le tableau des mensonges des journalistes. Ces notes seront remises à un rédacteur payé, qui les livrera à l’impression. Nous avons une somme suffisante pour pouvoir imprimer pendant deux mois mille exemplaires de ce journal. Nous nous ferons aider par les ministres patriotes.

Châles a demandé qu’il fût adjoint deux coopérateurs pour instruire la République de ce qui sera relatif aux armées.

[…] » La Société adopta le rapport des commissaires, avec l’amendement de Châles[4].

Le 6 mai, Bentabole demanda que la Société des jacobins  s’occupât de la mise en place du Journal de la Montagne et demandait que Laveaux en fut le rédacteur, il demandait aussi que la Société invitât les Sociétés affiliées à s’y abonner et enfin que la Société procédât à la désignation des commissaires prévus dans le plan présenté et discuté la veille. Toutes les propositions de Bentabole furent mises aux voix et acceptées. « Le bureau propose et la Société nomme les commissaires dont les noms suivent : Camille Desmoulin et Châles, pour les séances de la Convention nationale ; Rousseau et Auvrest, pour les séances des Jacobins et la réfutation des calomnies ; enfin, pour les armées et les nouvelles de la République, Bentabole et Hassenfratz.[…] Bentabole propose qu’on leur adjoigne un membre du Tribunal révolutionnaire. Adopté. »[5] Il apparaît que ce comité de rédaction n'a jamais fonctionné, aucun de ses membres n'a jamais signé d'article dans le Journal et il ne fut jamais plus question de lui aux Jacobins[6].

Chasles fit partie des 51 conventionnels abonnés à ce journal[7].

Lors de la séance des Jacobins du 15 juillet, Ferrières se plaignait de la poste qui ne faisait pas passer  aux abonnés le Journal de la Montagne. « Châles observe qu’on en est au renouvellement de cette administration [… la poste, il présenta d’ailleurs devant la Convention un projet de décret réorganisant cette administration deux jours plus tard, le 17 juillet…], que pourtant il est des commis dans le nombre qui sont d’excellents patriotes. D’ailleurs il observe que le Journal de la Montagne ne manque que parce que la Société n’a pas la nomenclature exacte de ses abonnés, ni des Sociétés qui lui sont affiliées. Il demande qu’on passe à l’ordre du jour. ( Adopté. ) »[8]

Enfin rappelons qu’après la mort de Marat, Chasles proposait aux Jacobin de poursuivre le journal de Marat, sans doute pensait-il à lui comme « ombre de Marat » ( titre qu’il reprendra lui-même durant la période thermidorienne ) proposition que Robespierre s’employa personnellement à enterrer. Le 29 juillet 1793 aux Jacobin, le conventionnel Guffroy venait présenter et offrir à la Société les quatre premiers numéros de  son nouveau journal le Rouggyf ou le Frank en vedette, qu’il comparait avec une modestie affectée à celui de Marat : «  Je n’espère point, dit-il, réunir au talent de Marat son énergie révolutionnaire, son incroyable activité, sa perspicacité, et toutes les qualités qui faisaient de lui l’antagoniste le plus terrible de la noblesse, des prêtres et des rois ; mais je tâcherai pourtant d’écrire de manière à ce que l’on me juge digne de marcher sur ses traces. Je demande que la Société veuille me faire passer toutes les dénonciations qui pourraient venir à sa connaissance. »[9]

La concurrence était rude entre les candidats à la reprise de l’Ami du Peuple. Peut-être sommes-nous là face au début d’une inimitié entre Chasles et Guffroy qui deviendra particulièrement aigüe lors de la mission de Chasles auprès de l’armée du Nord durant l’hiver 1794 et se poursuivit durant la période thermidorienne ( an III ).


[1] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 321-322.

[2] Il s’agit du dimanche 5 mai 1793.

[3] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 174.

[4] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 175 – 176.

[5] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 176-177.

[6] Journal des Débat, 5 mai 1793, p.3, 7 mai, p. 4, 8 mai, p.1. Voir aussi le Courrier des Départements, 6 mai, pp. 92-93, 8 mai, p. 121.

[7] Sur le Journal de la Montagne se reporter à Hugh. GOUGH. « Les Jacobins et la presse : Le « Journal de la Montagne ( juin 1793 – brumaire an III ) ». In A . SOBOUL ( dir. ). Actes du colloque Girondins et Montagnards ( Sorbonne, 14 décembre 1975 ). Paris : Société des études robespierristes, 1980. Pages 269 à 296.

[8] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 304.

[9] AULARD, F.-A. Recueil de documents pour l’histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5, page 321-322.

 

 

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