Le samedi 9 janvier 1790, les autorités municipales de Mamers décidaient de faire don à la patrie de leurs « boucles d’argent et autres bijoux » et invitaient les citoyens à en faire autant. Geste ostentatoire de patriotisme qui imitait celui des « illustres françoises »  fait le 7 septembre 1789 à l’assemblée nationale. Ce jour-là onze femmes, artistes ou parentes d’artistes ayant un train de vie très confortable, se présentèrent devant les membres de l’Assemblée nationale pour faire don, dans un geste totalement désintéressé,  à la nation d’une cassette contenant leurs bijoux. Il s’agissait pour ces femmes de montrer leur désir de contribuer à la résorption de la dette publique et de marquer leur soutien à la cause révolutionnaire. Ce geste fut assez rapidement imité un peu partout en France.

« [ En marge gauche vers le bas du feuillet 55 recto:

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Aujourd’huy neufviéme jour de Janvier mil sept cent quatre vingt dix.

Les membres de la municipalité et du comité de sureté y reunis aSsemblés ont arRêté  qu [ une ligne rayée et surchargée illisible ] De Faire à la patRie Le sacrifice Volontaire de leurs boucles d arGent [ mot rayé et surchargé illisible ] [ rajout au dessus : et autres bijoux ] que tous les bons citoyens Seroient invités de faire la même offrande, et de les apporter ce Jourd’hui a lˋhotel de ville, a l’effet de quoi il Sera publié une ordonnance en consèquence dans les carrefours et autres lieux accoutumés.

Arrêtè egalement que dans le cas que les citoyens Se rendroient à cette inVitation, et que lˋoffrande fût aSsés considerable pour etre presentée à NoSseiGneurs de lˋaSsemblée nationale, il Seroit deputé deux de leurs membres pour aller la Deposer Sur L’autel de la patrie avec nos respectueux hommages et ceux de tous les habitants de cette Ville.

Fait et arrêté à L’hôtel de ville les jours et an que dessus

        Bremont                Le CamuSat       marais           Desageux

           Frèbourg               jullien  dubois                     Duprey

    Goullette                            J Guitrel                           Maignée

                                                   Mortier                             maire

                                                                            Caillard ( ou Odillard )»[1]

DON PATRIOTIQUE DES ILLUSTRES FRANÇOISES.

Si la restauration de l’Empire François dependoit des vertus et du devouement des individus ; si la Fortune des nations etoit determinée par des exemples de patriotisme, ce qui s’est passé le 21 Septem. 1789[2] à l’’Assemblée Nationale devoit bien rassurer les Citoyens. Depuis long-temps, et de toutes parts, elle reçoit des adresses, des Offres et des sacrifices, des dons de la part de Province, Villes, Corps, Tribunaux et des Particuliers ; maintenant des Femmes partagent cet enthousiasme patriotique, semblables aux Romaines, du temps de Camille, elles ne veulent plus être parées que de leur vertu. Plusieurs Citoyennes de Paris sont venues au milieu de l’Assemblée Nationale, et M. Bouche, qui a eu le bonheur d’être choisi pour être leur organe à lu leur discours : Notre offrande est peu de valeur, sans doute mais dans les Arts on cherche plus la gloire que la Fortune, notre hommage est proportionné à nos moyens, et non aux sentimens qui nous inspirent. Apres cette Lecture, interompue plusieurs Fois par de vifs applaudissements, l’une des Citoyennes est montée au bureau des Secretaires, pour y deposer la cassette qui renFermoit leurs Bijoux.

A Paris chez J . Chereau Rue S.^t Jacques pres la Fontaine S.^t Severin N° 257.